Quelques mois après la révolution, les réalisateurs tunisiens se sont regroupés dans une association qui les représente et qui vient renforcer le tissu associatif du paysage cinématographique et contribue, par là même, un tant soit peu, à la restructuration du secteur. Depuis sa création, cette association a enchaîné rencontres et ateliers. Voulant s'ouvrir sur le grand public et participer à la promotion des films et des cinéastes tunisiens, l'Association des réalisateurs tunisiens s'active pour une manifestation d'envergure : «La rencontre annuelle des réalisateurs tunisiens». Manifestation inédite qui a la chance d'entamer sa première session dans une Tunisie affranchie et plurielle. «C'est une initiative associative et citoyenne qui s'est donné comme objectif de participer à la diffusion du film tunisien et à la démocratisation de la culture cinématographique en vue de mieux faire connaître les dernières productions et de forger une meilleure réceptivité publique», explique le comité d'organisation. Cette initiative entreprise par notre collectif de l'Association des réalisateurs de films tunisiens (Arft) est en réalité nourrie d'un double constat : celui du manque flagrant de visibilité des productions cinématographiques de la grande majorité des cinéastes, jeunes et moins jeunes, et l'attente incontestable du public tunisien de découvrir de nouvelles réalisations susceptibles de le concerner et d'étancher sa soif de connaissance de soi et d'ouverture sur son présent et son avenir. La programmation consiste à montrer au public tous les films produits lors de l'année écoulée, les longs et les courts, de fiction, d'animation ou documentaires, et à impliquer le public le plus large possible en lui proposant, outre l'opportunité de voir le maximum de films tunisiens, un espace de rencontres avec les cinéastes apte à nourrir l'échange, la réflexion et le débat. «Nous espérons contribuer par cette initiative à insuffler un nouvel élan à notre jeune cinéma, à affirmer des vocations, faire découvrir de jeunes talents, solliciter de nouveaux désirs, à consolider ses liens avec son public et à réinventer constamment des voies communes d'échange, de partage et de liberté», ajoute-t-il. Cette année et pour sa première édition, la rencontre annuelle des réalisateurs aura lieu à Tunis dans trois salles de la capitale, mais elle ambitionne de devenir itinérante et d'être programmée lors de ses prochaines sessions dans plusieurs régions du pays. Pour cette première édition, on rendra hommage à l'un des cinéastes pionniers pour vivifier notre mémoire collective et jeter les ponts entre les anciens et les jeunes talents:Hamouda Ben Halima, auteur de l'inégalable Khelifa Al-Agra,(1969), avec une rétrospective de ses films les plus marquants. Un jury de professionnels tunisiens attribuera une récompense aux meilleurs films (documentaire et fiction, court et long, animation) afin d'encourager, notamment, les jeunes talents et de contribuer un tant soit peu à une synergie créative et entreprenante. La rencontre se veut également un espace d'apprentissage de l'expression démocratique et progressiste, et prévoit à cet égard une table ronde animée par le réalisateur Naceur Khémir sur «La place de l'image dans les sociétés modernes» afin d'entamer une réflexion nécessaire sur l'implication de l'image filmique dans tout projet de société par l'exploration de la mémoire, le renouvellement de l'imaginaire et la quête du renouvellement et du devenir. La rencontre annuelle des réalisateurs tunisiens, qui se déroulera du 17 au 19 février, proposera des séances de projection quasi non-stop en présence des réalisateurs et/ou techniciens des films et suivies de discussions et de débats. En attendant la programmation définitive, un catalogue des films est sous presse. Il fera office d'un annuaire des films de l'année.