CinémaAfricart vous propose durant la semaine du 9 au 18 février, deux documentaires tunisiens, "Mots d'après guerre" de Anouar Brahem et "Silence" de Karim Souaki. Les deux films seront projetés à chaque séance, l'ensemble tenant 1h50 minutes. Dès la réouverture de la salle, les responsables ont fait le pari d'aider le public à se réconcilier avec le film de qualité, en tout cas, cette partie du public en quête d'œuvres artistiques dignes de ce nom. Ce public sait que l'art cinématographique ne se limite pas à la fiction. Il sait que le documentaire est un genre cinématographique à part entière, premier et essentiel. Que depuis Lumière jusqu'à Chris Marker, en passant par Flaherty et Dziga Vertov, l'aventure documentaire a structuré l'histoire du cinéma, affectant jusqu'à la fiction même dont la modernisation a souvent signifié la prise en compte du réel. Le documentaire a certes cru trouver refuge à la télévision qui s'en est goulûment emparée dans une espèce de malentendu qui n'a pas duré longtemps, celui de le réduire à l'information qui n'est que sa matière première. Avec les années deux mille, disons depuis les grands événements qui ont émaillé ce début de millénaire, le déficit télévisuel de rendre compte du réel explique le retour du documentaire au cinéma. De plus en plus primé dans les grandes manifestations cinématographiques, plus largement suivi par le public, le documentaire retrouve sa place auprès de la fiction dans le circuit de diffusion commerciale. Il y a sans doute dans l'événement quelque chose que le système de plus en plus formaté de la télévision ne dit plus ou peine à dire, quelque chose qui requiert la force du regard artistique. Deux films donc, l'un réalisé par un musicien, le célèbre compositeur qu'est Anouar Brahem, sur un Liban qu'il chérit dans l'immédiat après-guerre de 2006 et l'autre film, tout aussi courageux et incisif, sur un sujet grave s'il en est, le sida, signé par un jeune cinéaste accompagné d'un groupe de jeunes talents.