Un public nombreux est venu dimanche assister à la soirée de clôture de la manifestation «Rencontre annuelle des réalisateurs tunisiens», consacrée au cinéaste et réalisateur tunisien Taïeb Louhichi, à qui les organisateurs ont voulu rendre hommage avec au programme une projection de deux de ses documentaires: «Gabès, l'oasis et l'usine» et «Les gens de l'étincelle». La soirée débuta par une belle prestation de la chanteuse Lobna Noôman, accompagnée au luth par Mehdi Chakroun. Le duo nous a offert deux morceaux intitulés Watan (patrie) et Bayaa al yasamine (marchand de jasmin) qui célèbrent l'amour du pays et la grandeur du peuple tunisien. Puis vint le tour des deux réalisateurs Hichem Ben Ammar et Khaled Barsaoui de monter sur scène et de nous parler du parcours du cinéaste Taïeb Louhichi. «Ce grand réalisateur, qui n'a pas pu être parmi nous ce soir, représente une grande école, dont nous apprendrons encore et toujours. Le premier film qu'on va voir est inédit. Il date de 1983, mais il a été censuré avant même sa sortie. Le second, «Les gens de l'étincelle», est le tout dernier film qu'a réalisé Louhicih, il est encore inachevé», a signalé Barsaoui, avant la projection des documentaires. Le premier film, de 26 minutes, retrace l'histoire et la réalité de la région de Gabès, au début des années 1980. Tout en révélant la richesse humaine et les possibilités économiques et touristiques de la ville, avec d'excellentes séquences révélant la beauté de la ville, de ses rivages, de l'oasis de Chnenni... Le documentaire nous montre également l'autre face de la région et les réelles menaces qui pèsent sur elle, causées par une industrialisation sauvage et une dangereuse pollution qui met en péril l'environnement et la santé des gens. C'est certainement pour cette raison qu'il a été censuré. Les gens de l'étincelle traite, quant à lui, de la révolution. Il revient sur ce qui s'est passé à Sid Bouzid, nous rapportant des témoignages des habitants et les confrontations avec la police de Ben Ali, avant la fuite du dictateur. On découvre des mères qui ont vu leurs fils mourir sous les balles des tireurs, des familles qui ont perdu en même temps deux de leurs membres, des souffrances extrêmes qui ont poussé le peuple à se révolter contre l'injustice et la répression, en revendiquant liberté, dignité et droit au travail, au développement et à la prospérité. Deux films qui ont confirmé le savoir-faire du réalisateur de «Soleil des hyènes» (entre autres), sa rigueur et sa sensibilité. Taïeb Louhichi est, à n'en point douter, un grand réalisateur, qui méritait bien cet hommage. Une belle initiative de l'Association des réalisateurs de films qui, pendant trois jours, nous a proposé en tout 37 films entre courts et longs métrages dans le but d'assurer une meilleure diffusion de la culture cinématographique auprès du public.