Certains livres s'apparentent à des voyages. Comme eux, ils sont surprenants et instructifs. On ne se lasse pas de les lire, d'aller aux devants de suaves imprévus et de délicieuses découvertes. Ainsi en est-il du livre de François Bécet Tunisie, porte ouverte sur la modernité, éditions le cherche midi, France, octobre 2009). Son auteur est un habitué de la matière pour ainsi dire. Journaliste à l'Alsace (France), il est également un observateur attentif de notre pays, auquel il a déjà consacré un ouvrage. Cette fois, il attaque l'argumentaire sous l'angle de la modernité. Plus que le concept proprement dit, c'est la praticabilité des choix et réalisations modernistes de la Tunisie qu'il lui importe d'ausculter en premier lieu. Telles les questions qui déterminent les limites des réponses, son postulat de départ l'embarque loin. Il interroge l'histoire, fraye avec l'anthropologie, aborde la sociologie, frise la psychologie sociale, tutoie la science politique…Autant de clés de lecture et de déchiffrage d'une galaxie-Tunisie une et multiple, plurielle, unie dans une diversité fondatrice. Les questions du développement, de l'ijtihad (effort d'interprétation), de la justice, de la femme, de l'éducation, de la culture, et de bien d'autres domaines sont particulièrement fouillées et approfondies. L'auteur réussit à en tirer une véritable monographie instructive et à bien des égards exhaustive de la Tunisie. L'ouvrage de grand format (27 cm sur 24) s'étale bien sur 143 pages. Une véritable réussite agrémentée de photos inédites et de très haute facture. Ainsi conçu, l'ouvrage se taille une place de choix parmi les références indispensables tant aux spécialistes qu'aux simples curieux. Contrairement à d'autres ouvrages prêchant la langue de bois, le livre de François Bécet s'avère au besoin pointu et pointilleux. Il ne cède pas aux affreux du cauchemar dogmatique voulant que tout soit ou bien pour le mieux sinon pour le pire. Son analyse est fine, son propos nuancé, ses critiques n'épargnent guère ceux qui en sont dignes, qu'ils soient dans l'establishment ou ailleurs. Ce qui confère davantage de crédibilité à son propos. Parce que, bien évidemment on ne le répétera jamais assez, sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.