Les tractations battent leur plein entre Tunisiens et Irakiens sur le dossier des prisonniers tunisiens en Irak. Lors de la réunion d'information périodique du gouvernement, M. Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères, a déclaré que le niveau de la représentativité de la Tunisie au Sommet arabe de Bagdad n'a pas été encore tranché entre la Présidence de la République ou le ministère des Affaires étrangères. «La Tunisie poursuivra, en marge du Sommet, les négociations avec les responsables irakiens concernant le dossier des prisonniers tunisiens en Irak», a-t-il indiqué. En fait, le niveau de la représentativité serait lié aux progrès réalisés sur le dossier des prisonniers tunisiens en Irak. Une délégation de responsables tunisiens, conduite par M. Adnène Mansar, ministre porte-parole de la Présidence de la République, s'est rendue depuis hier à Bagdad en vue des tractations avec la partie irakienne. Le Sommet de la Ligue des Etats arabes de Bagdad est prévu, quant à lui, du 28 au 30 mars. La question porterait, selon des sources proches des familles des personnes concernées, sur 57 cas. Côté irakien, on parle seulement de 22 à 25 Tunisiens dans les prisons irakiennes. Ils impliquent plusieurs catégories de personnes. Il y a en effet, notamment, des Tunisiens condamnés pour terrorisme et d'autres pour entrée illégale en Irak. Aux dires de familles tunisiennes, il y aurait un Tunisien condamné à mort qui attend déjà dans le couloir de la mort. Les officiels irakiens démentent cela catégoriquement. D'autres prisonniers tunisiens écopent de lourdes peines allant jusqu'à 20 ans de prison pour entrée illégale en Irak. La justice irakienne est en effet réputée pour être particulièrement sévère à l'endroit de ceux qui entrent clandestinement en Mésopotamie. Côté tunisien, on est surtout mû par le souci de défendre nos concitoyens où qu'ils se trouvent. On souhaite que les Irakiens accordent la grâce à certaines catégories de prisonniers tunisiens. Ainsi, une fois rapatriés, ils ne seraient pas internés en vertu des conventions multilatérales et bilatérales. Une grande partie des cas seraient traités, croit-on savoir, sur la base de la Convention arabe de Riyadh pour la coopération judiciaire, paraphée tant par la Tunisie que par l'Irak. Les Irakiens semblent disposés à traiter les différents dossiers au cas par cas, notamment en vertu de la Convention arabe de Riyadh pour la coopération judiciaire. Des sources irakiennes autorisées nous ont assuré que l'Irak est ouvert à toutes les propositions dès lors que les personnes concernées n'ont pas de sang irakien sur les mains. La question est en effet particulièrement épineuse auprès de l'opinion publique irakienne. On se souvient du cas de Yousri Triqui, le jeune Tunisien condamné à mort par la justice irakienne et exécuté le 16 novembre dernier, malgré les demandes de grâce faites par l'ex-président Foued Mebazaâ et Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha. Ce dernier avait même annoncé quelques jours plus tôt avoir reçu des assurances dans ce sens de la part des officiels irakiens. Yosri Triqui était accusé d'avoir perpétré un attentat à la bombe contre un mausolée à Samarra et d'avoir assassiné la journaliste correspondante de la chaîne Al-Arabiya, Atwar Bahjat, ce qu'il avait toujours nié.