Les salafistes ont frappé de nouveau, jeudi après-midi, après l'inhumation du père du salafiste Yacine Bdioui, celui qui a retiré le drapeau national à la faculté des Lettres de La Manouba. Ils étaient près de 600 barbus arborant la tenue salafiste à s'attaquer au mausolée de Sidi Ahmed Assila El Gharbi au Bardo, situé au cimetière portant le même nom, au mausolée de Sidi Ahmed Zaier, ainsi qu'à la tombe de Sidi Abbès. Selon les témoignages recueillis auprès des citoyens habitant dans le voisinage du cimetière, se disant pour la plupart être les descendants de Sidi Ahmed Assila El Gharbi et ayant assisté impuissants à la razzia salafiste, «les profanateurs considèrent que l'existence des tombes et mausolées des trois marabouts est contraire à l'Islam et il est temps de les détruire». Béchir El Gharbi, fonctionnaire ayant suivi impuissant comme les autres, souligne-t-il, la “ghazoua” salafiste, relève que, «les quelques policiers qui étaient présents lors des événements n'ont pas levé le petit doigt, arguant du fait qu'ils n'ont pas reçu d'instructions pour le faire. Nous savons qu'ils étaient des centaines à assister à l'enterrement du père de Yacine Bdioui afin de le protéger contre une éventuelle arrestation de la part des policiers présents au cimetière Sidi Assila. Ils étaient armés d'épées, de gourdins et d'armes blanches et personne parmi les habitants du quartier ne pouvait s'opposer à eux ou même essayer de les raisonner». De son côté, Béchir Boukhtioua, retraité de la direction des services pénitentiaires, précise que «les salafistes, qui étaient près de 600 personnes, ont procédé au quadrillage du cimetière, imposant leur contrôle sur les rues y menant et se sont acharnés, une fois la cérémonie d'enterrement achevée, sur les mausolées, enlevant les portes et les fenêtres des mausolées de Sidi Ahmed Assila El Gharbi et de Sidi Ahmed Ezzaier, alors que la tombe de Sidi Abbès a été totalement détruite». «Même les photos qui ornaient les deux mausolées ont été enlevées et confisquées par les assaillants, alors que le tombeau (en bois) a été jeté par terre, et ce sont les jeunes du quartier qui l'ont ramassé pour le remettre à sa place initiale», poursuit-il. «Hier, vendredi 30 mars, les habitants de la région du Bardo et ceux résidant dans les rues avoisinant le cimetière de Sidi Assila attendaient le retour des salafistes et étaient prêts à les affronter, car estimant qu'ils ont été touchés dans leur honneur et que la profanation du cimetière et des mausolées est un acte lâche, odieux et inadmissible. Encore plus, il nous touche dans notre propre chair puisque Sidi Assila est notre père à tous», précise un autre citoyen qui a tenu à exprimer haut sa colère de voir les salafistes agir dans l'impunité générale et le silence total des autorités qui refusent d'assumer leurs responsabilités pour arrêter ces énergumènes». Béchir El Gharbi revient à la charge pour souligner que «les choses sont claires. Ces criminels qui n'ont pas hésité à voler les livres de Coran appartenant au cimetière (près de 500 exemplaires) agissent sous les ordres d'Ennahdha qui les instrumentalise dans l'objectif de mettre les Tunisiens devant le fait accompli et de les pousser à choisir entre le mouvement de cheikh Rached ou les salafistes jihadistes». Il est à préciser que le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis a visité le cimetière Sidi Assila et a pris connaissance des dégâts causés par les salafistes. Le chef du district de la police du Bardo qui l'accompagnait s'est contenté de répondre aux protestations des habitants du quartier en répétant qu'il n'a pas reçu d'instructions pour arrêter les assaillants. Une précision, enfin, les salafistes ont laissé derrière eux, sur la devanture du mausolée de Sidi Ahmed Ezzaier, leur signature : «la jeunesse de l'unicité».