Ceux qui s'attendaient à un changement peuvent encore rêver et attendre. Peut-on pavoiser et être optimistes après tout ce qu'on a vu et entendu après la victoire de Wadï Jari sur Tarak Hammami? Absolument pas. Ce qui s'est passé peut même être qualifié de grave. A peine assurés d'une reconfortante et écrasante victoire de Wadï Jari, ses «fans et ses disciples» envahissent l'estrade pour fêter cet éclatant succès. Et le cirque de commencer : cris, joie hystérique, bousculades qui tournent aux affrontements physiques alors qu'on annonçait encore les résultats. Du jamais vu! Scènes désolantes devant tout le monde. Les membres du Cnot, présents pour organiser et superviser les élections, ont été dépassés par les évènements vers la fin. On n'entendait plus rien, on ne comprenait plus rien de ce qui se passait. La joie peut-elle justifier autant de débordements? La réponse est sans doute beaucoup plus compliquée que cela. Les longues et pénibles 10 heures des élections nous ont mis devant un implacable constat : rien n'a changé dans notre football. Ces élections ont été certainement «libres» si l'on considère que le pouvoir politique n'y est pas intervenu et que les gens n'ont pas eu d'instructions d'en haut pour choisir des gens déjà désignés. Ça, personne ne peut le contester. Mais au- delà de cela, quelque chose a-t-il vraiment changé? Les coulisses et les tractations ci et là, les connivences affichées et le parti pris pour une personne — et pas pour un programme — nous disent que non. Pour les premières élections post 14 janvier, nous sommes déçus. Nous sommes même consternés. Mêmes réflexes, même «travail au noir», mêmes têtes et mêmes discours, ça ne promet rien de bon! Ce n'est pas une question de vainqueur, mais d'un système qui n'a pas changé. Voici quelques faits et anecdotes de ces élections. Détails des résultats A l'issue du premier tour, la liste de W. Jari totalisant 135 voix contre 102 pour T. Hammami, 80 pour F. Jemaâ et 54 pour M. Achab. Ordre attendu pour les présents avec une remarque : les deux listes de Achab et de Jemaâ se sont «détruites», entre elles. Les voix des deux leur auraient permis de passer au second tour si cela avait été une même liste ! Par la suite, la liste de W. Jari a dominé son adversaire avec 236 voix contre 95 (71% des voix). La liste gagnante a déjà atteint la majorité requise dès le 5e bulletin dépouillé des clubs des Ligues 1 et 2. Vote-sanction On entendait cela partout et avant même le début du second tour. Expliquons-nous. La plupart de ceux que nous avons interrogés nous disaient que les clubs qui ont voté les listes de F. Jemaâ et de M. Achab allaient voter Wadi Jari. Message fort d'après eux contre la liste de Tarak Hammami qu'on a qualifié de «pistonnée». Au premier tour, la liste de Wadï Jari n'obtient que 35 voix (soit 7 clubs) des Ligues 1 et 2. Au second tour, un résultat inverse en faveur de Jari. Tarak Hammami gagne moins de voix qu'au premier tour (95 contre 102). Trop de votants ! Plus de 243 clubs avaient le droit de voter dans ces élections. Avec la logistique que ça demande et quand on sait que maints représentants sont venus de loin, on peut comprendre le retard et la fatigue qui ont eu lieu. Le représentant de la Fifa l'a dit clairement. Le nombre de votants a été trop élevé. Il fallait élire des délégués ou des électeurs comme ça se passe dans le monde entier. VIPS Décidément, les dirigeants des clubs tunisiens ne pèsent pas le même poids. Il y a eu ceux qui font la une quand ils mettent les pieds, il y aura d'autres qui passent inaperçus. Alors, quand vous ajoutez à cela les accompagnateurs et les profiteurs de quelques présidents de clubs, vous comprendrez que rien n'a changé ! Malgré toute la bonne volonté des organisateurs, ça a tourné au désordre vers la fin. On parle surtout de l'entrée à la salle où ont lieu les élections. Bien filtrée au début, cette entrée a été envahie par tout le monde par la suite. N'importe qui pouvait rentrer et s'installer là où il voulait ! Présence massive ! La participation a été élevée à ces élections. Un record par rapport aux dernières éditions. Par rapport au premier tour, le nombre des électeurs au second tour a été respectable. Quelques clubs seulement ont quitté les lieux après le premier tour. Où allons-nous ? Nous ne sommes contre personne. Ce qui nous intéresse, c'est la pertinence des programmes pour relancer notre pauvre football. La Démocratie est quelque chose d'extraordinaire, mais ça doit être accompagnée de moralité, de respect, de rupture totale avec les vieilles et exécrables méthodes. Si ça devait nous ramener le même décor, nous sommes très mal partis. Et par de là, nous sommes très déçus.