• «Nous sommes la première structure patronale qui visite la Bvmt, pour encourager nos membres à aller vers cette structure et trouver les fonds nécessaires à leur croissance et évolution», relève Tarek Cherif, président de la Conect • La contribution de la Bourse dans le financement de l'investissement privé n'a pas dépassé les 5,3% en 2011 contre 11,1% en 2009 et 11% en 2010. • 23 intermédiaires en Bourse sont actifs en Tunisie avec quelque 14 sociétés de gestion de portefeuilles et 106 Opcvm et des actifs gérés qui sont estimés à plus de 5 milliards de dinars. • Quasi-absence en Bourse d'entreprises relevant de la tutelle de l'Etat et opérant dans des secteurs stratégiques, leur introduction en Bourse requiert une volonté politique. Rapprocher encore une fois les entrepreneurs du marché financier, tel a été l'objectif premier de la quatrième réunion périodique du conseil d'administration de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect). Cette dernière a choisi d'ailleurs le siège de la Bourse et plus particulièrement la salle des marchés pour la tenue de sa rencontre. La séance de travail, qui avait débuté durant la matinée du 3 avril courant, avait regroupé à la fois, les membres du conseil d'administration de la Conect et les responsables de la Bourse. La réunion avait été consacrée, dans un premier temps, à la présentation des activités de la Conect, de ses réalisations et programmes. L'assistance avait également débattu, dans un second temps, de la situation économique et sociale du pays avec une analyse de la situation, un suivi des propositions de la structure patronale, la révision du code des incitations aux investissements, les négociations sociales, les différentes démarches de la Conect auprès des départements ministériels concernés. Après cette réunion, le comité directeur du patronat a été invité à un débat avec une équipe dirigeante et les administrateurs de la Bourse. Les membres de la confédération ont pu prendre connaissance des avantages du recours à la Bourse, de l'importance du marché financier tunisien et la manière d'y accéder. La rencontre a également donné l'occasion aux hommes d'affaires présents, membres de la confédération, de s'enquérir de l'organisation du marché, de son fonctionnement et surtout de ses potentialités à répondre aux besoins de financement de l'économie tunisienne qui restent, selon les différents intervenants, «très faibles». En outre, les représentants de la Bourse ont pris connaissance des activités de la structure patronale pour la période à venir. A l'occasion de cette rencontre, M. Tarak Chérif, président de la Conect, a précisé que «cette visite à la Bourse de Tunis cadre parfaitement avec les objectifs de notre structure citoyenne. Notre objectif principal est de rapprocher nos entreprises de cette entité afin de leur permettre un meilleur développement, une prospérité et une pérennité. Nous sommes la première structure patronale qui visite la Bvmt, pour encourager nos membres à aller vers cette structure et trouver les fonds nécessaires à leur croissance et évolution». Manque de volonté politique ? M. Fadel Abdelkefi, président de la Bourse, a, pour sa part, mis l'accent sur l'importance de la Bvmt dans le financement de l'économie, qui reste «malheureusement en deçà des attentes». Il précise que : «cette rencontre avec les membres de la Conect est très significative. Elle nous permet de les aider à consolider leurs objectifs de transparence et de citoyenneté. Une telle rencontre nous permet de montrer aux éventuels souscripteurs que la Bourse n'est pas un club de riches comme se laissent convaincre beaucoup de gens». M Abdelkefi précise que le développement et la consolidation du marché financier ne sont réalisables qu'avec une volonté politique forte. «Nous avons multiplié les rencontres avec quasiment tous les partis politiques pour les convaincre de l'importance de la Bourse dans le financement de l'économie. Nous avons également eu des rencontres avec la troïka pour ces mêmes raisons et nous attendons de voir les fruits de ces rencontres». Pour sa part, M. Mohamed Bichiou, directeur général de la Bourse de Tunis, estime que la contribution du marché financier dans le PIB a été faible en 2011 par rapport à celle enregistrée dans les trois années précédentes (2008-2010), notamment dans le financement de l'investissement privé. Ses propos confirment les remarques faites par tous les intervenants de la rencontre : «Une volonté politique confirmée et ferme serait le seul moyen pour le développement de la Bourse. Notre structure est au service des entreprises et le restera. Notre but est de montrer à tous les opérateurs économiques que la Bourse présente un recours idéal pour le financement des projets. Elle offre à l'économie tunisienne les moyens de se financer aisément, à l'heure où le système financier commence à montrer ses limites». D'après un bilan des activités de la Bvmt pour l'année 2011, présenté par M. Abderraouf Boudabbous, chef du département de la communication à la Bvmt, «la participation du marché financier au financement de l'investissement privé a atteint 5% en raison des événements survenus suite à la révolution, entraînant une baisse des investissements et un arrêt de l'activité de certaines entreprises». Le nombre de sociétés cotées s'élève jusqu'au 30 du mois dernier à 58. Seulement une nouvelle introduction a été réalisée en 2011 et une autre en 2012, contre cinq en 2010… Le montant des investissements serait estimé en 2012 à 14,9 milliards de dinars. M. Boudabbous confirme, par ailleurs, que la contribution de la Bourse dans le financement de l'investissement privé n'a pas dépassé les 5,3% en 2011 contre 11,1% en 2009 et 11% en 2010. Il a été aussi signalé que quelques faits ont marqué l'année dernière, à savoir la suspension des cotations pour la première fois dans l'histoire de la Bourse de Tunis, la réussite de la première introduction post-révolution d'une société sur le marché principal, la décision d'admission d'une société sur le marché alternatif, le lancement d'un programme de rencontre avec les partis politiques ainsi que la création de l'Association des Bourses francophones d'Afrique (AFBA). Pour ce qui est de l'évolution de la capitalisation boursière, elle a été, au 31 mars 2011, de 14.452 MD contre 15.282 MD au 31 mars 2010, soit une baisse de 5,4% et une perte de 830 MD (1.3% du PIB). Une baisse qui a affecté, selon le rapport d'activité de la Bourse, 34 sociétés. Outre les chiffres, M. Abderraouf Boudabbous a présenté à l'assistance l'organisation du marché financier et ses différents acteurs. «23 intermédiaires en Bourse sont actifs en Tunisie avec quelque 14 sociétés de gestion de portefeuilles et 106 OPCVM et des actifs gérés qui sont estimés à plus de 5 milliards de dinars», affirme-t-il. La Bourse de Tunis a également mis à la disposition de ses clients une infrastructure conforme aux normes et standards internationaux comme le système électronique de transmissions NSC V900, les négociations à distance... «Les flux du marché sont diffusés en temps réel aux intermédiaires en Bourse et à leurs clients avec un décalage ne dépassant pas les 15 minutes». M. Boudabbous ajoute : «Plusieurs incitations ont été adoptées pour encourager aussi bien les entreprises que les investisseurs à venir vers le marché financier: les incitations fiscales accordées aux entreprises qui s'introduiraient en Bourse avant le 31 décembre 2014, l'exonération de l'impôt sur les dividendes et l'exonération des gains en capital réalisés après un délais de détentions supérieur à une année». L'interlocuteur a, par ailleurs, parlé des avantages qu'offre le marché financier pour l'entreprise : «Chaque entreprise cotée en Bourse jouit d'une diversification des sources de financement. Elle a également la possibilité de consolider facilement ses assises financières et peut élargir son cercle d'actionnaires afin d'assurer sa pérennité. Aussi, et à travers ses cotations, l'entreprise est en permanence valorisée ce qui n'est pas toujours évident pour les entreprises non cotées», note M. Boudabbous. Quel avantage offre le marché financier aux entreprises ? «Ce dernier leur permet une meilleure visibilité et une amélioration de leur notoriété, une adoption des règles de bonne gouvernance, une mobilisation du personnel, en plus des avantages et incitations fiscales», souligne le représentant de la Bvmt. Il met, d'autre part, l'accent sur le marché alternatif et ses avantages et précise que c'est un marché sur mesure pour les PME et pour les grands projets qui s'ouvrent dès le départ à l'actionnariat public. «Ce marché offre des conditions d'accès plus souples. L'admission au marché alternatif n'exige ni capital minimum ni ancienneté. Il n'exige pas de réalisation de bénéfices tout comme le marché principal». Attentes et ambitions Malgré ces encouragements, le recours au marché financier reste très timide. «La faible contribution de la Bourse de Tunis dans le financement de l'économie tunisienne revient essentiellement à la qualité de l'environnement des affaires dans lequel elle a évolué», affirme le directeur général de la Bourse. Les ambitions de la BVMT sont multiples : «Nous souhaitons doubler le nombre des sociétés cotées durant les cinq prochaines années, en réalisant entre 8 et 10 introduction par an. Nous voulons aussi parvenir à la réalisation d'une capitalisation boursière de l'ordre de 60% du PIB et 20% de contribution au financement de l'investissement privé. Nous espérons également faire de la Bourse un vrai baromètre des performances de l'économie tunisienne», atteste M. Boudabbous. Il poursuit : «Nous nous attendons à une introduction en Bourse des entreprises publiques ou confisquées, opérant dans différents secteurs non représentés actuellement au sein de la Bourse, comme le secteur des télécommunications, des mines, de l'énergie, de l'agriculture, du tourisme, du textile, des eaux... ou peu représentés comme les transports, les TIC...». Dans ce même ordre d'idée, M. Bichiou insiste sur le fait que les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer dans la dynamisation du marché financier et l'édification d'une culture boursière. A la lumière de la quasi-absence en Bourse d'entreprises relevant de la tutelle de l'Etat et opérant dans des secteurs stratégiques, leur introduction en Bourse requiert une volonté politique. Il assure que la cession au public d'une partie de la part de l'Etat dans le capital de ces entreprises sera bénéfique aussi bien pour l'Etat, pour l'entreprise que pour le marché financier. Au cours des travaux de cette quatrième réunion du conseil d'administration de la Conect, les membres de cette structure ont discuté avec les dirigeants de la Bourse des moyens à mettre en œuvre pour développer le recours à la finance directe. Les dirigeants de la Bourse se sont engagés à rencontrer les adhérents de la structure patronale dans les régions.