Par Nabil BEN AZOUZ Le remodelage de la scène politique de mon pays ces derniers temps m'inquiète. La dualité «nahdhaouio-sebsiste» de ces derniers temps me rappelle trop l'époque sombre de Zaba VS islamistes, qui n'a fait que renforcer l'intégrisme et l'autoritarisme, retarder l'émergence de la démocratie et de la liberté en Tunisie et coûter cher à beaucoup d'entre nous (liquidation, emprisonnement, torture, exil...). Voir des partis de «gauche» se ruer sans condition aucune dans les bras d'anciens destouriens, au nom de je ne sais quel équilibre politique ni de quelle alternance, n'est que la preuve de l'opportunisme de ces politiciens qui ne croient plus en rien. Certains diront que je suis resté un pur idéaliste. Qu'il me faudrait comprendre une fois pour toutes que la politique n'est désormais que marketing et puissance de l'argent... en rajoutant doctement «hélas», fameuse interjection pour mieux faire avaler la pilule de la trahison de ces «clercs». Je résisterai. Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là. Je suis un irréductible. Mais guère seul. Je crois dur comme fer dans le bon sens politique de ce beau peuple tunisien. Il a maintes fois fait preuve de résistance face à ceux qui ont voulu l'avoir et qui considèrent que «la politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde» (Paul Valéry). Je ne suis pas «nahdhaouio-salafiste». Ces gens là sont de droite, et la pure. Ils ne veulent pas que du bien pour notre pays. Leur vision du monde, de l'économie, de la culture, d'eux-mêmes et surtout de la femme est tout simplement rétrograde et dangereuse. Ils n'ont également aucune honte à pratiquer le népotisme et l'entrisme. Voyez les dernières nominations et leur mainmise sur presque tous les rouages de l'Etat. Avec eux, ce n'est pas la lutte des classes, mais une mesquine lutte des places ! Je suis pour la séparation entre le religieux et le politique, mais pas entre la religion et l'Etat, appelé à gérer les affaires du culte et donc à ne pas le laisser entre des mains malintentionnées. Je ne suis pas «Sebsisto-centriste». C'est un pur mensonge qui veut nous faire revenir par la fenêtre ceux que nous avons «dégagés» par la porte. Ce sont des néolibéraux alliés du capitalisme le plus sauvage. Nous n'avons pas oublié ce qu'ils ont commis d'impardonnable contre ce peuple. Ils ont même trahi et bassement lâché leur leader Bourguiba en livrant son honneur à Ben Ali et sa clique rcédiste. Cela dit en passant, c'est quoi au fait le centrisme. Cet objet politique vilain non identifié ? Je me remémore tout simplement les paroles géniales d'un humoriste, Jamel Debbouze, qui disait: «Les centristes ? Ça n'existe pas, c'est comme si dans un match PSG/Marseille, tu étais pour l'arbitre». Je ne suis pas ouvertement pour la lutte des classes. Du moins, je ne le crie pas trop fort. Ma mère sera triste de l'apprendre. Elle me croit garçon sage respectant sans discuter les règles immuables de nos us et coutumes. Je ne suis pas Poctiste, car mon ami Hamma Hammami croit encore à des lendemains qui chantent et arbore toujours l'emblème de la faucille et du marteau, au temps de l'IPod, IPad, IPhone et IRassi! Je ne suis pas Watad, car mon ami Chokri Belaïd croit encore que Staline est un éternel enfant de chœur et qu'il l'idéalise comme un jeune et beau chanteur de rock! Je ne suis pas les autres, car tout simplement je ne les connais pas. Tout ce que je sais, c'est que je suis pour la liberté totale d'expression, de création et de production. Oui Nadia El Fani a le droit de faire tous les films qu'elle veut, même les plus mauvais, et Nessma de passer tous les navets qu'elle désire. S'il m'en déplaît, je n'ai qu'à changer de chaîne. Je ne suis pas pour la peine de mort, car qui suis-je pour la décider pour les autres, même ceux qui ont commis les pires des crimes ? Seul Dieu décide de nos âmes. Oui, je suis pour l'égalité intégrale, totale et indiscutable entre les femmes et les hommes (travail, héritage, et même boxe thaï ou rugby). Oui je suis adepte du principe : pas de liberté aux ennemis de la liberté, même si ce que je dis là ne plaît guère à mes amis «droit-de-l'hommistes». Je leur dis, n'ayez pas peur ! On sera une main de fer dans un gant de velours ! La loi et rien que la loi. Intraitables. Incorruptibles. Acteurs du changement, forces de proposition et pas seulement d'opposition. Je suis pour l'égalité des chances, la justice sociale, le droit au travail et celui des travailleurs. Je suis pour une Tunisie riche et prospère dans toutes ses régions, sans distinction aucune. Je suis progressiste et pour une Tunisie moderne, libre et démocratique. J'arrête là car faire des programmes politiques, ce n'est pas mon fort. Cet article je le voulais d'humour et très court pour ne pas ennuyer mes lecteurs. Je m'en excuse. Que faire (encore Lénine !) alors face à ce vide sidéral et dangereux laissé entre les Sebsisto-centristes et les salafo-nahdhaouistes ? Il y a toute la place pour fonder ensemble un véritable parti de gauche. Simple, non !