L'association culturelle tuniso-catalane Tourjman a mis l'une de ses premières actions sous le signe du dialogue entre ces deux civilisations dont la rencontre remonte à quelques siècles. En effet, la journée dominicale d'hier était pour l'Association Tourjman l'occasion de lancer en Tunisie l'idée d'une fête catalane, la Saint Jordi, où les gens s'échangent des livres et des roses, dans une ambiance festive. D'aucuns ne doutent point de l'importance de la lecture. Pourtant, le livre trouve difficilement le chemin de l'amitié avec les Tunisiens. Les raisons en sont diverses : culturelles, sociales et économiques. Et les choses ne changeront pas d'elles-mêmes, ni du jour au lendemain. C'est ce qui rend louable, voire essentielle, des initiatives comme celles de la journée « Kteb wa warda ». La toute jeune association présidée par Sami Karray a choisi Sidi Bou Saïd pour célébrer le livre et les roses. Ce ne sont pas les enjeux et les objectifs qui manquent donc mais c'est l'originalité de la démarche qui distingue cette manifestation. Dans la matinée d'hier à Sidi Bou Saïd, le soleil faisait sa grasse matinée alors que les organisateurs s'activaient pour mettre tout en place, sous un ciel gris qui ne semblait pas les décourager. Un stand de roses et quelques stands de libraires et éditeurs de Tunis, de Bizerte et d'Hammamet étaient sur place. L'association Tourjman avait également prévu une animation pour grands et petits, sur toute la journée. Le prestidigitateur Hamdi Amouri, une troupe musicale catalane dans la première partie de la journée, le guitariste tunisien Nader Charfi, Ridha Diki, Marc Egea et Cati Planas à partir de 17h00. Un concert gratuit pour mettre de l'ambiance et rendre plus conviviale la rencontre avec les roses et les livres. Sur les stands, il y avait de tout. Les œuvres étaient dédiées aux enfants, aux arts culinaires et aux arts tout court. On trouvait également de nombreux livres sur la révolution et sur l'histoire de la Tunisie. Tout, sauf le temps peut-être, encourageait les quelques locaux et touristes qui passaient par là à acheter des livres ou, au moins, à s'arrêter devant les stands pour découvrir. Là où il y a de la curiosité, le livre peut espérer de beaux jours devant lui. Et même si «Kteb wa warda» n'est pas encore tout à fait à l'image de la Saint Jordi— que le guide du routard décrit en expliquant que «dans les rues des grandes villes, comme sur les Ramblas de Barcelone, il y a foule. Et il faut faire preuve d'agilité pour naviguer entre libraires et vendeurs de roses» —, l'association Tourjman espère que cette fête qui n'est qu'à sa première édition, «continuera son bout de chemin et s'élargira, dans les prochaines éditions, à d'autres régions de la Tunisie». «Kteb wa warda» a été précédée, le samedi 7 avril, par une autre action de l'association. Il s'agit d'une conférence à Beït El Hekma sur le thème « Abdallah Al Tourjouman », où l'on a débattu, entre autres, des «horizons de la coopération entre la Tunisie et la Catalogne». Un titre résumant bien la raison d'être et les objectifs de l'association culturelle Tourjman, qui a bien choisi ses activités pour se présenter et se faire connaître auprès du public, tout en portant le nom d'un éminent écrivain né en 1355 à Majorque et mort en 1423 à Tunis où il était devenu vizir : Anselm Turmeda, connu sous le nom d'Abdallah Tourjman.