VENICE, Louisiane (Reuters) — La compagnie pétrolière britannique BP poursuivait ses efforts hier pour tenter de colmater la fuite sous-marine à l'origine de la gigantesque marée noire qui s'est formée dans le golfe du Mexique et menace les côtes de quatre Etats américains. Alors que le brut continue de s'échapper au rythme de 5.000 barils par jour, la nappe s'étend désormais sur une superficie de 208 km de long et 112 km de large, soit la taille de l'Etat du Delaware. La pollution menace la pêche, la flore, la faune et les réserves naturelles de la Louisiane, de l'Alabama, du Mississippi et de la Floride. Les conditions météo avec une mer légèrement agitée et des vagues compliquent les opérations bien que les prévisions annoncent des conditions plus calmes dans les prochains jours. BP a prévu d'amener cette semaine sur les lieux de la fuite un couvercle de confinement, une boîte en acier de 98 tonnes et de 12 mètres et les équipements nécessaires à son installation. Trois dispositifs de ce type doivent être déposés sur les trois fuites afin de canaliser les émanations de pétrole dans un tuyau et de récupérer le brut sur une barge à la surface. En théorie, les couvercles devraient permettre de récupérer 85% du pétrole qui s'échappe du forage endommagé, mais BP n'a jamais installé une telle structure à une profondeur de 5.000 pieds et ne peut fournir l'assurance que l'opération va réussir. "Nous allons embarquer ce couvercle sur un bateau demain (mardi) avec d'autres équipements, et l'acheminer jusqu'au site", a indiqué Doug Suttles, chef des opérations de BP, lors d'une conférence de presse téléphonique. Les futurs forages en question Des responsables de BP ont par ailleurs annoncé le déblocage de 25 millions de dollars pour chacun des quatre Etats menacés pour lancer des opérations de nettoyage et de soutien. Tony Hayward, le directeur général de BP, et Lamar McKay, responsable de BP America, ont rencontré des hauts responsables de l'administration Obama, dont les secrétaires à l'Intérieur, à l'Energie, à la Sécurité intérieure et le directeur de l'Agence de protection environnementale. Cette catastrophe écologique s'est transformée en un nouveau défi pour Barack Obama qui pourrait être contraint de revoir ses projets d'assouplissement du moratoire sur les forages offshore. Royal Dutch Shell qui opère également dans le golfe du Mexique n'a pas reçu d'instructions pour cesser ses activités et, selon un de ses responsables, il est trop tôt pour dire ce que le gouvernement américain va décider en ce domaine. Le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a annoncé qu'il retirait son soutien à une extension des forages au large de l'Etat. Cette volte-face intervient alors que le gouverneur s'était prononcé pour de nouveaux forages destinés à faire entrer de l'argent dans les caisses de l'Etat dont le budget présente un déficit de 20 milliards de dollars. Le titre BP poursuivait sa dégringolade à la Bourse de Londres hier et accusait une perte de 17% depuis l'annonce de l'incendie sur la plate-forme à l'origine de la marée noire il y a deux semaines.