WASHINGTON/HOUSTON, Texas (Reuters) — La Maison-Blanche a qualifié hier la fuite de pétrole au fond du golfe du Mexique de plus grande catastrophe pour l'environnement de l'histoire des Etats-Unis. Ces propos, tenus par Carol Browner, principale conseillère du Président Barack Obama pour les questions d'énergie, font suite à l'échec et à l'abandon ce week-end par BP de l'opération "top kill" de colmatage du puits de pétrole endommagé depuis 40 jours dans le golfe du Mexique. La procédure "top kill", qui consistait à injecter des boues de forage dans le puits, à environ 1.600 mètres de profondeur, n'a pas permis de faire cesser l'écoulement de brut qui dure désormais depuis 40 jours, a expliqué Doug Suttles, directeur des opérations de BP. Le directeur général de la compagnie, Tony Hayward, avait affirmé vendredi qu'il faudrait attendre jusqu'à hier pour évaluer le succès de l'opération, mais BP et les autorités ont décidé dès samedi d'abandonner ce dispositif. Hier, un autre haut dirigeant de BP, Bob Dudley, a indiqué que le pétrolier saurait d'ici la fin de la semaine à venir si son nouveau dispositif aura réussi. Il a ajouté, lors de l'émission "Meet the Press" de NBC, qu'à son avis, Tony Hayward ne devrait pas offrir sa démission une fois la fuite colmatée. Dans un communiqué, Hayward s'est déclaré déçu de l'échec de l'opération mais il a assuré que le géant britannique du secteur pétrolier était prêt à tenter une solution alternative, avec la mise en place d'un couvercle de confinement, destiné à pomper le brut sans colmater la fuite. "D'après ce que nous savons maintenant, nous croyons que le couvercle de confinement est le moyen le plus efficace de minimiser l'impact de la fuite de pétrole sur l'écosystème du golfe et les gens de la région", dit Hayward dans ce communiqué. Le nouveau dispositif pourrait être à l'œuvre d'ici quatre à cinq jours, a pour sa part dit Suttles lors du point quotidien avec les gardes-côtes. Pressions et températures extrêmes "Nous pensons qu'il capturera la majorité du pétrole s'il fonctionne. Nous ne pouvons pas le garantir", a-t-il prévenu. Depuis le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril, et sous la pression des autorités américaines, BP a tenté à plusieurs reprises d'endiguer l'écoulement de pétrole par 1.600 mètres de profondeur. L'amiral Mary Landry, responsable des gardes-côtes, a estimé samedi que la seule solution permettant d'offrir un succès certain était de creuser un puits de secours pour rejoindra la fuite et la colmater bien en-dessous du plancher océanique. Une opération en ce sens a commencé mais le puits de secours ne sera achevé que fin juillet ou début août, selon BP, et ce délai pourrait peser sur l'administration Obama, cible de critiques de plus en plus fortes pour sa gestion du désastre. "Nous continuerons à chercher tous les moyens responsables d'arrêter cette fuite jusqu'à ce que soient achevés les deux puits de secours actuellement en forage", a dit le Président Barack Obama dans un communiqué. Aucune des autres procédures essayées jusqu'alors ou en passe de l'être n'ont été réalisées par BP à une telle profondeur, où seuls des robots sous-marins peuvent supporter la pression et les températures extrêmes. L'opération "top kill" n'avait elle-même jamais été testée dans ces conditions, ce qui n'avait pas empêché Hayward de lui donner 60% à 70% de succès. La compagnie pétrolière a déjà consacré 940 millions de dollars pour tenter de faire cesser la fuite de brut, nettoyer la mer et les côtes souillées par le pétrole. La nouvelle tentative de BP consistera d'abord à retirer un tube (ou "riser") endommagé situé sur le bloc obturateur du puits, puis à poser sur le bloc existant de tubes prolongateurs (LMRP) un couvercle étanche. Celui-ci serait ensuite relié à un conduit et raccordé au bloc de tubes existant afin de recueillir le pétrole. Cette solution, a souligné Obama, n'a pas été choisie avant parce qu'elle présente des risques et, comme les autres tentatives, n'offre pas de garantie à une telle profondeur. BP prépare en outre la mise en place d'un bloc obturateur qui fonctionne pour le disposer sur celui n'ayant pas marché au niveau du puits, au cas où la solution du couvercle viendrait à échouer à son tour.