• L'effort d'investissement se concentre trop souvent sur la création et le développement des entreprises (91% des investissements), alors que les opérations de transmission et de retournement sont quasi absentes. • Les investissements dans l'innovation ne représentent que 4% des investissements cumulés à fin 2010 et les opérations de désinvestissement sont en repli, ce qui laisse penser que les conditions de sortie demeurent très difficiles. Le capital investissement est un mode de financement en fonds propres pour des entreprises non cotées quel que soit leur stade de développement. Cette activité consiste pour l'investisseur à entrer dans le capital de sociétés qui ont besoin de capitaux propres. Il se décline sous plusieurs formes selon la phase à laquelle il intervient dans la vie de l'entreprise. On trouvera, donc, le capital amorçage qui consiste à apporter des capitaux propres à des entreprises en cours de création et qui présentent un fort potentiel de croissance, le capital risque qui consiste en une prise de participation temporaire et minoritaire dans des entreprises non cotées nouvelles ou en phase de création, le capital développement qui consiste en un investissement en fonds propres d'une entreprise à fort potentiel ayant déjà atteint la maturité et destiné à permettre une nouvelle phase de développement, le capital transmission qui est un financement avec effet de levier de la cession d'une entreprise non cotée établie de longue date, il intervient souvent à l'occasion du départ à la retraite du dirigeant fondateur ou encore d'un renouvellement des cadres dirigeants. Seïfeddine Bejaoui, vice-président de l'Association tunisienne des investisseurs en capital (Atic) a pris part au récent séminaire organisé par Carhage Business Angels sur la finance alternative et a veillé, à cette occasion, à mettre en exergue les avantages du capital investissement en matière de développement économique et de renforcement de l'assise financière des entreprises. Il a, également, présenté un état des lieux de cette activité en Tunisie. Il note, à ce propos, que la nouvelle loi du capital investissement (99-100 octobre 2011) a apporté certaines améliorations relatives aux dysfonctionnements de l'activité en instaurant un nouveau cadre juridique et fiscal, une séparation du cadre d'exercice et du cadre fiscal, un élargissement du champ d'activité et une intégration maîtrisée des instruments de dette. Il relève, par ailleurs, que les attentes des opérateurs vis-à-vis du législateur et du gouvernement demeurent importantes pour booster l'industrie du capital investissement et en faire une composante essentielle du développement économique de la Tunisie. «Le capital investissement étant un levier de croissance et de développement important pour la Tunisie d'autant plus qu'après la révolution du 14 janvier les sicar et les Fcpr ont continué à investir et à créer de l'emploi malgré un contexte économique et social assez délicat», souligne-t-il encore. Il ajoute, à ce propos, que les sicars (Société d'Investissement à Capital risque) et les Fonds Communs de Placement à Risques (Fcpr) jouent un rôle macro économique important en matière de création d'entreprises, de développement et de renforcement de la taille et de la compétitivité des entreprises existantes ainsi qu'en matière d'accompagnement et de suivi financier et stratégique des entreprises et des promoteurs à fort potentiel sans oublier certains autres effets périphériques dont la création et la pérennisation des emplois, le renforcement et la professionnalisation du management, le renforcement des pratiques de bonne gouvernance au sein des entreprises, la contribution au développement et à la liquidité du marché des capitaux, le renforcement de la capitalisation du tissu économique et la réalisation de rendements supérieurs à ceux du marché afin de compenser les investisseurs pour le caractère risqué de l'investissement en capital. Fiscalité et financement de l'innovation S'agissant des réalisations effectives du capital investissement, il précise que cette activité aura financé en Tunisie jusqu'à fin 2011 plus de 2.000 entreprises pour un volume cumulé de participations brutes de plus de 1,1192 milliards de dinars, il note que si le nombre d'entreprises soutenues est en stagnation, les montants investis ont affiché un recul en 2010 et en 2011. Le recul dans le volume des investissements en 2011 étant, principalement, lié à la détérioration du climat des affaires. Il relève, par ailleurs, que l'effort d'investissement se concentre toujours sur la création et le développement des entreprises ( 91% des investissements) alors que les opérations de transmission, et de retournement sont quasi absentes. Les investissements dans les zones de développement régional représentent, quant à eux, environ 35% des investissements cumulés à fin 2010, les investissements dans l'innovation ne représentent que 4% des investissements cumulés à fin 2010 et les opérations de désinvestissement sont en repli, ce qui laisse à penser que les conditions de sortie demeurent très difficiles. Le renforcement du capital investissement passera selon M. Bejaoui par un ensemble de mesures dont le traitement fiscal du financement de l'innovation au même titre que celui des projets en zone de développement régional (dégrèvement fiscal à 100% sans minimum d'impôt et l'intégration dans les ratio d'emplois de 75% des sicars), l'instauration du capital de proximité qui sera composé de fonds d'investissements (sicars, Fcpr et autres) et qui aura un caractère régional. Il note, enfin, que la réussite d'un projet innovant passe inévitablement par cinq conditions fondamentales, à savoir l'investissement public privé, la concurrence, une réglementation souple, le libre accès à l'information et un service universel.