Le Capital investissement, qui serait un investissement en fonds propres dans des entreprises généralement non cotées en Bourse, se divise en quatre branches différentes. «Le capital risque est un investissement en fonds propres dans des entreprises jeunes ou en création, le capital développement est le même investissement dans une entreprise généralement rentable ayant atteint un certain degré de maturité pour développer sa croissance et sa mise à niveau... Le capital transmission est un investissement en fonds propres destiné à financer l'acquisition d'une entreprise aux côtés du repreneur. Et enfin le capital retournement qui est un investissement en fonds propres visant le redressement de sociétés en difficulté»; énumère M. Riadh Abida, président-directeur général de la société d'investissement et du développement du Nord-Ouest qui parle du capital risque. En Tunisie, le tissu industriel est principalement constitué de jeunes et nouveaux créateurs ne disposant ni de fonds propres ni de garanties réelles et de PME familiales. Un autre constat a été également émis par M. Abida, une accélération de l'endettement, puisque les frais financiers de certaines PME peuvent atteindre jusqu'a 20% du chiffre d'affaires contre un ratio raisonnable de l'ordre de 2 à 3 % de ce chiffre. Aussi, 55% des entreprises admises au programme de mise à niveau ont fait l'objet de réserves liées à la structure financière requérant un renforcement des fonds propres (le manque de fonds propres représente l'un des facteurs limitatifs à l'aboutissement des actions de mise à niveau). Le défi des différentes structures d'intervention dans le processus de création d'entreprises serait alors la création et la mise à niveau d'entreprises, notamment des PME, dans les secteurs les plus dynamiques de l'économie, l'amélioration de la compétitivité des entreprises et l'encouragement de l'innovation qui reste la clé de la réussite de tout projet. «En développant les capitaux à risque, l'objectif principal serait de permettre aux PME de trouver les fonds propres qui leur sont nécessaires. Des fonds propres injectés en quantité suffisante et investis durablement dans la société. L'économie tunisienne a besoin du capital investissement sous toutes ses formes comme l'amorçage, la création, le développement...». Pour qu'un capital risque soit réussi, ce dernier doit être sélectif par nécessité, puisque courant le risque de perte du capital investi sans aucune garantie réelle ni personnelle en attendant surtout sa rémunération d'hypothétiques plus-values. Aucun capitaliste ne financera le risque s'il n'a pas de perspective de profit élevé en contrepartie d'un risque important. La sortie obligatoire du capital après une période de cohabitation de 7 à 8 ans en général. Qu'en est-il du capital investissement en Tunisie ? «La Tunisie a découvert, en quelques années, les vertus mais aussi les difficultés du capital risque. Plus tard, peut-être, que d'autres pays, mais son apprentissage a été rapide. Le capital risque s'installe de plus en plus dans le paysage du financement de l'entreprise tunisienne mais reste insuffisamment développé pour faire face aux enjeux. Le métier est structuré avec 46 acteurs de capital investissement dont une vingtaine représentant plus de 95% de l'activité du secteur», déclare M. Abida qui continue pour évoquer les problèmes liés au secteur. «Le capital risque n'est pas comparable à celui existant en Europe ou en Amérique. Le tissu n'a ni la même diversité, ni les mêmes potentialités, ni la même profondeur porteuse. La nature des ressources est à dominante institutionnelle et particulièrement bancaire et non privée. La Tunisie manque aussi de projets prometteurs de rendements élevés ou innovants. La culture du capital risque n'est pas encore suffisamment ancrée chez le comportement des promoteurs. Le taux de sinistralité reste assez élevé pour les dossiers de création et un portefeuille peu liquide». Couplage Foprodi -Sicar Pour M. Abida, il existe une «confusion entre création et capital risque car toute entreprise en création «Foprodi» n'est pas systématiquement éligible à une opération de capital risque. Le Foprodi est un dispositif très favorable aux promoteurs pour le bouclage du capital, mais présente des limites au niveau de la sortie pour la Sicar, puisque le nouveau promoteur ne peut pas disposer de ressources sur une longue période pour racheter la participation de la Sicar et du Foprodi. Le promoteur s'arrange généralement à pomper de l'argent sur sa société pour payer la Sicar et le Foprodi. Cette pratique illégale qui affecte dangereusement l'équilibre de la société et transforme les participations en crédits, d'où des schémas de financement non équilibrés et peu adaptés. Par ailleurs, la Sicar ne peut pas programmer sa sortie sur une période supérieure à 7-8 ans, car les fonds du capital risque sont généralement levés sur 10 ans. 5 ans pour l'investissement et 5 autres pour le désinvestissement ». Les difficultés de couplage Foprodi-Sicar ne s'arrêtent pas là et poussent la Sicar à des durées longues et rendent difficile l'organisation des sorties. Plusieurs pistes existent d'après M. Abida pour dépasser ces lacunes, le développement d'une stratégie nationale en matière de promotion de l'innovation, de valorisation des résultats de recherche et d'augmentation du flux de création d'entreprises innovantes et à haute valeur ajoutée. Il serait impératif de faire évoluer la pratique actuelle et mieux financer de bons projets. Il faut impérativement promouvoir le capital investissement auprès des investisseurs et des entrepreneurs, développer les mécanismes de sortie. M. Abida propose par ailleurs «de réviser le fonctionnement du Foprodi dans le sens de dissocier Sicar et Foprodi, pour la résolution des problèmes de délai de sortie, d'éligibilité, de droit de vote...». Il propose également de confier la gestion du Foprodi à un pôle public ou de donner la possibilité à la Sicar de continuer à gérer le Foprodi pour le compte de l'Etat, moyennant une commission annuelle de gestion. «Il est important de favoriser la sortie du Foprodi par le biais des dividendes générés sur les titres Foprodi sur une période assez longue de 15 ans par exemple, d'examiner la possibilité d'accorder une partie des dividendes revenant à la Sicar, au promoteur pour le rachat des titres de la Sicar dans un délai raisonnable de 7 à 8 ans et de revoir la définition de la PME par la législation fiscale», suggère-t-il.