Etonnantes sœurs Filali, qui ne sont jamais là où on croit les trouver. L'une peint, l'autre écrit, et elles se retrouvent de temps en temps pour de curieux voyages en commun. De celui-ci, petit livre insolite, paru chez Miméditions, et qui sonne comme un gag, on n'a pas beaucoup parlé. Elkolhom Blayek est un miroir qu'Aicha Filali promène le long du chemin. On ne devrait guère être étonné par cette curiosité urbaine qui anime notre artiste préférée. Elle en avait déjà fait la démonstration lors de cette insolente exposition de silhouettes de passants photographiés de dos. Aujourd'hui, ce sont les plaques de rues, les enseignes, les affiches qui arrêtent son regard, un regard pas toujours innocent. Car ces blayek sont bavardes, et racontent parfois plus qu'on ne leur demande. Pour les raconter, justement, et illustrer son propos, elle cède la parole à Azza Filali qui trousse avec humour un joli argument, incisif et caustique. C'est une variation en deux actes, où Flen et Felten, citoyens lambdas, vous, moi, les autres, parlent de tout et de rien en attendant que la pluie qui les a forcés à s'abriter dans une galerie d'art, s'apaise. Alors, ils parlent d'Art, un peu, de religion, beaucoup, de foot, de salaire et de crédit logement, du mariage, islamique ou autre, et puis d'Art encore, parce que, tout de même, cette histoire de «Blayek» de tôle que cette galerie vend si cher, il doit bien y avoir une raison… Après tout, comme disent les sœurs Filali, Elkolhem Blayek.