C'est avec le film Amerrika de la Palestino-Jordanienne Cherien Dabis qu'a démarré la 2e rencontre internationale du cinéma arabe de Nabeul qui se poursuivra jusqu'au 12 mai. Réalisé en 2008 et récompensé par le prix de la critique internationale à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes, ce premier long métrage de la réalisatrice traite du thème de l'exil. Un sujet qui lui tient à cœur puisque ses parents se sont exilés aux Etats-Unis où elle est née. Jouant sur le registre de la comédie réaliste, elle tente de rendre compte des sentiments des apatrides. Mouna, le personnage central, est une femme courageuse et attachante. Elle promène ses rondeurs et sa bonne bouille du début à la fin du film. Elle travaille dans une banque, élève seule son fils Fadi et accueille chez elle sa vieille mère qui n'arrête pas de lui faire des reproches. La situation difficile, voire périlleuse, en Palestine la décide à rejoindre sa sœur installée dans l'Illinois. Elle trouve du travail dans un fast-food et découvre petit à petit ce nouveau monde où tout est possible. Là aussi, les difficultés vont apparaître, notamment pour Fadi dont les camarades de lycée s'en prennent à lui. Mais Mouna, toujours optimiste, est déterminée à trouver une place au soleil de ce nouvel Edorado et à assurer l'avenir de son fils. La mère et le fils forment un joli tandem soudé contre l'hostilité ambiante. Toute en subtilité et finesse, le film brosse le portait de quelques immigrés confrontés au racisme, mais cela est fait avec humour, loin des excès de la dénonciation. Malgré sa construction linéaire, Amerrika parvient à imposer une esthétique sobre et limpide qui donne au propos toute sa force et son efficacité. Le public nombreux de Nabeul a apprécié cette œuvre qui tisse des liens entre les différentes communautés. Un show de Hollywood à Bollywood Auparavant, la cérémonie d'ouverture a débuté avec un show de danse où se sont succédé des scènes de Hollywood et Bollywood. Un passage en revue de différents moments du plus important cinéma du monde. Six danseurs et danseuses se sont relayés sur scène pour faire des démonstrations de Charlot, Marylin Monroe, John Travolta dans La fièvre du samedi soir, James Bond, Jackie Chan, Les pirates des Caraïbes, La guerre des étoiles ou encore une danse du ventre égyptienne. Un show amusant et haut en couleur pour donner un ton à une manifestation qui essaie de trouver sa place dans le flot de nos festivals. «Une aventure palpitante qui réunit dix pays dans une ville dédiée à l'art», a notamment indiqué Tahar Ajroudi, directeur du Centre culturel Neapolis et initiateur de cette rencontre, lors de la présentation des invités. Ces derniers sont nombreux, ils sont venus de différents pays arabes : Egypte, Palestine, Liban, Maroc, Irak, etc. Ils se sont tous présentés sur scène avec le jury composé de Nasri Hjaiej, Zouheïr Mabrouki, Rabiâa Ben Abdallah, Hayet Tlili et Sghaïer Ouled Ahmed, appelés à visionner 35 films et à récompenser les trois meilleurs de la compétition longs métrages de fiction, courts métrages de fiction et documentaires. La Rencontre internationale du cinéma arabe de Nabeul est organisée par l'Association des Amis du centre culturel Neapolis qui œuvre, en collaboration avec ses différents partenaires en Tunisie et ailleurs, et ce, depuis de longues années, à faire en sorte que cette rencontre soit un tremplin pour les producteurs du cinéma arabe et qu'elle constitue aussi une occasion pour eux de se rencontrer afin d'échanger leur savoir et leurs expériences, en plus de la diffusion de leurs œuvres. Par ailleurs, un hommage a été rendu aux comédiens tunisiens Kamel Touati, Rabiâa Ben Abdallah et Jamel Madani, ainsi qu'à Kacem Hawel d'Irak et Oussama Hachem d'Egypte. Outre l'intérêt que cette rencontre porte au cinéma arabe, elle ouvre tous les ans une fenêtre sur l'un des cinémas étrangers. Ainsi, après l'expérience belge, cette 2e édition accueille le cinéma iranien indépendant.