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La gauche installée dans la durée ?...
Hollande à l'Elysée
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 05 - 2012

Elu dimanche 6 mai avec 51,67% des suffrages, François Hollande monte aujourd'hui les marches de l'Elysée. Au-delà de l'histoire personnelle et du style politique de l'homme qui passionne les médias, c'est le grand retour de la gauche au pouvoir qui habite la France, les prochaines législatives et les régions du monde qui, du printemps arabe au mouvement des indignés en passant par les virages européens, renoue manifestement avec les valeurs de gauche...
Dimanche 6 mai. François Hollande est élu président de France. Mardi 15 mai, c'est la gauche qui entre à l'Elysée après dix-sept ans d'«exil». La «grande tradition républicaine» et le rite de l'alternance en font, à chaque fois, un instant historique, un grand moment de démocratie, où chacun sait à quelle famille il appartient. Un moment d'espoir, aussi... Prônant le changement contre la perspective d'un deuxième mandat de Sarkozy (quatrième de la droite), brandissant l'espoir — fil conducteur de sa campagne — contre la peur attisée par son adversaire, faisant miroiter la croissance contre l'austérité prônée comme une fatalité, le candidat Hollande n'a pas fait l'économie des leitmotiv impérissables de la gauche. «Nous devons être fidèles au rêve du progrès social. Faites ce rêve avec moi. Ce sera la réalité demain !», a-t-il martelé lors de sa campagne. Et cette invitation a fini par payer en dépit de l'enracinement du président sortant au fin fond des peurs françaises, son virage frontiste lepéniste, la force de persuasion d'un acteur de la dernière chance ; Mohamed Merah dans les tueries de Montauban et Toulouse et bien d'autres péripéties...
Temps de crise, «temps des cerises»...
L'invitation socialiste a payé comme elle l'a d'ailleurs fait à plusieurs reprises dans l'histoire des élections présidentielles en France. Histoire qui lie intimement l'arrivée de la gauche au pouvoir à la grisaille des temps de crise. En 1936, une triple crise économique intérieure, internationale et politique secouait la France lorsque radicaux, socialistes et communistes prêtèrent ensemble serment, promettant « du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse, et au monde la grande paix humaine ». Ils furent entendus. Entre 1944 et 1947, c'est tout le contexte de crise économique de fin de guerre qui a dit son mot. En 1956, la question algérienne doublée des menaces d'une instabilité financière extérieure expliquait alors la percée de la gauche. En 1981, avec sa «force tranquille», son «temps des cerises », et sa promesse de «changer la vie», François Mitterrand avait de quoi rassurer contre les tout débuts du chômage de masse. Il alignera deux mandats. Un même schéma est réédité, à chaque fois, où les mouvements sociaux prennent de l'ampleur sous les gouvernements de droite et où les suffrages portent, comme en fin de calvaire, la gauche au pouvoir. «La gauche est rarement arrivée au pouvoir en situation calme», soutient Jean Noel Jeanneney, homme politique français et historien des médias, auteur de « l'Etat blessé ». 2012, le PS ne fait pas exception à la règle de l'histoire. A croire même qu'avec le report des voix du Front de Gauche, d'Europe Ecologie les Verts et d'une partie du Centre de François Bayrou, cette «bonne vieille gauche» renoue quelque part avec son serment originel commun et ses épanchements rassembleurs. A la Bastille, les partisans d'Eva Joly et de Jean Luc Mélenchon étaient de la fête.
Bourbon et la durée...
Tout aussi pénétrée de sa «légitimité historique», sa «compétence à gérer l'économie et les crises en particulier», ses choix ultralibéraux qui ont fait longtemps résonance avec la mondialisation et le pouvoir des marchés, la droite ne déroge pas non plus à cette autre règle sacrée. Semer le doute sur la dynamique socialiste, lui dénier une certaine légitimité d'assumer le pouvoir, lui reprocher de le « conquérir par effraction »... Mais, derrière ces manœuvres et des mots d'ordre appelant, dès la soirée électorale, à s'unir et serrer les rangs à destination des législatives 2012 à l'UMP offre le spectacle inédit d'un parti au bord de l'implosion. Tiraillé entre l'aile radicale du président sortant, les ex-gaullistes et les centristes qui ne se reconnaissent pas dans les relents d'extrême droite de la campagne de Sarkozy, l'UMP est au centre de l'ambition de recomposition de la droite nourrie par le FN de Marine Le Pen.
C'est à ce pas, que droite et gauche entament depuis le 7 mai, la course au Palais de Bourbon. Le troisième tour, celui des législatives se jouerait à peu près avec les mêmes ingrédients que les présidentielles : le blanc de Marine et les reports de voix des verts et des rouges. Avec cette question inéluctable : si la gauche vient de retrouver la logique de la continuité historique, a-t-elle autant de chances de s'inscrire dans la durée ? Très peu commentée pendant la campagne, la question est pourtant de première importance dans le programme du nouveau président qui a, plusieurs fois, répété qu'il souhaite «installer la gauche dans la durée à l'Elysée». «La durée» qui tiendra en partie des résultats des législatives viendra en vérité de plus loin. Elle remonte, selon le professeur d'histoire contemporaine Michel Margairaz, à Michel Rocard et Jacques Delors, présentés, à eux deux, comme «deuxième gauche». Après celle qui, traditionnellement, promettait de grandes transformations et la rupture avec le capitalisme, la «deuxième gauche», elle, allait promettre moins mais tenir plus. François Hollande s'inscrit dans ce courant.
La bonne nouvelle européenne
Cependant, dire aujourd'hui que la durée de la gauche ne tient qu'à ses propres valeurs et ses propres courants, c'est dénier au contexte mondial ses effets dopants et ses contagions. Outre un ultime revers électoral de la droite aux législatives que beaucoup annoncent déjà, il prime un contexte extérieur où les valeurs de la gauche devront redevenir d'actualité. Crise financière, économique européenne et mondiale, construction de l'Europe, mondialisation, ténacité des banques et des marchés, règne d'Internet, de la communication, des réseaux sociaux, des chaînes radio et télé d'information continue, ce contexte est pourtant celui-là même qui, depuis près de deux décennies, a porté un peu partout la droite aux commandes du monde. Au passage, bien des idées portées par la gauche ont été peu à peu adoptées par la droite, même si le clivage demeure entier quant au travail, à la fiscalité, à l'immigration...
Que reste-t-il alors dans l'histoire et la géographie actuelles du monde qui puisse conforter et pérenniser la gauche ?
A l'intérieur de l'Union européenne, «la relance du processus européen sur des bases nouvelles», développée par Hollande, laissait dubitatif, il y a peu, quant à une fatalité appelée Déficit et un colosse appelé Merkel. Mais sitôt le président socialiste élu, les évènements se succèdent montrant que ce colosse-là peut aussi avoir des pieds d'argile. Dimanche en Rhénanie-du Nord-Westphalie, les conservateurs ont essuyé un revers aux élections régionales. L'opposition allemande hostile au plan d'austérité de la chancelière a gagné les suffrages. Tout porte à croire qu'il en sera de même lors des prochaines législatives. En attendant, Berlin, menacé d'isolement en Europe, se prépare à travailler avec Jean-Marc Ayrault, l'ancien professeur d'allemand pressenti comme Premier ministre sur une «négociation intelligente» qui amènerait Merkel à assouplir le ton...
En Grand-Bretagne, et en dépit des risques de désillusion, le succès du Labour aux élections locales britanniques marque avec les résultats de la présidentielle en France le retour du centre gauche en Europe. Espagne, Grèce, Pologne Italie... Un peu partout dans le reste de l'Europe et selon que l'on soit frappé de plein fouet par la crise ou épargné, l'arrivée de la gauche au pouvoir en France a été accueillie comme une «bonne nouvelle» ou encore «un bon augure» par des partis de gauche et des populations frustrées par leurs gouvernements de droite. Considérés plus compétents en matière de gestion de la crise, ils sont désavoués par toutes les élections récentes. «La croissance... La nouvelle vigueur à la sortie de la crise...», cette voie dessinée par Hollande semble attirer une Europe désorientée.
Et si la terre tournait à gauche ?...
Mais ce n'est pas qu'en France et en Europe que la gauche est de retour. Loin des formations historiques, c'est un positionnement par rapport aux valeurs et aux idéaux d'une société plus juste, plus libre et plus solidaire que plusieurs régions et catégories de population à travers le monde sont en train d'opérer. Dans l'inconnue des printemps arabes où on ne sait souvent pas à quelle famille on appartient, on n'oublie pas une chose cependant : les révolutions revendiquaient à l'origine travail, justice, dignité, liberté et rupture avec l'ordre établi...
Résonances aussi du côté du mouvement des indignés qui partaient d'Espagne pour rejoindre New York et se développer en un «Occupy Wall Street». Le mouvement célèbre depuis deux jours son premier anniversaire. Il se fait encore réprimer, mais il se fait entendre plus fort.
Autre résonance qui vient cette fois du cœur même du pouvoir des multinationales. Les observateurs économiques et politiques l'appellent déjà «le printemps des actionnaires». Ils appellent à moraliser le salaire de leurs PDG. Et ils en ont déjà pour leur appel. Un véritable vent de révolte se lève avec à l'actif la démission de trois puissants PDG...
Demande d'égalité, de justice, de dignité, insoumission, désir d'avenir et de progrès, voilà à quoi se nourrissent un peu partout ailleurs de petits mouvements de jeunesse qui demandent des comptes à des valeurs de droite qui comme le mérite, l'ordre, le conservatisme et la sécurité ont exclusivement régné sur le monde depuis plus de vingt ans...
Cela suffit-il pour croire que la terre va un jour tourner à gauche ?


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