L'ami français de la Tunisie Olivier Derveloy a repris ses pinceaux et retrouvé les cimaises locales. Ce peintre original et sensible connaît bien notre pays, où il réside (au cœur même de la Médina) depuis 2005; date à laquelle il a présenté sa première exposition à la galerie Sadika. Une exposition qui a été remarquée par son originalité et sa beauté. Fidèle au même espace, il nous présente, aujourd'hui, ses dernières œuvres dont la majorité représente le fruit de son expérience au sein de l'atelier Sadika où il a saisi toute la procédure de l'activité des souffleurs de verre et de leur four. Il a reconstitué ce travail délicat et singulier, à sa manière sur la toile. Les masses de verre en fusion ont pris une forme acrylique, un trait plus élargi, des couleurs acidulées, des formes amplifiées et des gestes des souffleurs pris dans leur euphorie créative. Dans d'autres tableaux, on remarque qu'Olivier Derveloy va encore plus loin dans sa présentation de l'irréalisme des situations. Ses toiles sont une grande scène de théâtre où les personnages et les monuments réels sont modifiés, reconstruits et reformés par son imagination débordante. On découvre ainsi un chercheur qui a ses propres visions de la réalité et ses propres outils techniques pour exprimer sur la toile l'émotion ressentie, retranscrivant, visuellement, le cheminement de la création. Nous trouvons aussi des paysages imaginaires et poétiques qui invitent à l'évasion. L'artiste travaille la matière picturale avec une grande maîtrise technique. Sa pâte est onctueuse, nourrie et charnelle. Les couleurs trônent impériales, «réchauffées» par des couleurs terre, ocre et oranger, donnant ainsi aux œuvres une vibration lumineuse et vivante. Et au-delà des touches qui s'entremêlent avec une grande liberté, c'est dans un univers plastique très personnel que nous entrons où le coup de pinceau s'apparente à l'écriture. Ce monde très coloré, avec ses personnages un peu naïfs et imaginaires, produit une immense émotion, une explosion de vie, de joie et d'optimisme. Happés par cette peinture à l'apparence enfantine et innocente, le regard et le cœur entrent dans un imaginaire innocent et une douceur très feutrée. Une exposition haute en couleur et en émotion, à découvrir jusqu'au 30 juin prochain.