L'attitude du gouvernement concernant la non-augmentation des salaires en 2012 dans la Fonction publique est motivée par le déficit budgétaire qui dépasse les 6% cette année. Solution de facilité? Il n'y a aucun doute, car tout simplement des économies seraient possibles dans d'autres dépenses de l'Etat... Cela explique en quelque sorte la réplique de la centrale syndicale qui considère que le besoin de réviser les salaires à la hausse est plus que jamais manifeste, compte tenu d'une augmentation sans précédent des prix à la consommation. On ne sait d'ailleurs pas quel serait le sort des négociations sociales si les deux parties campent sur leurs positions. Existe-t-il un terrain d'entente, une sorte de common ground permettant de corriger les salaires des catégories les plus faibles sans trop peser sur les dépenses publiques? Il est à noter à ce niveau qu'une majoration de 10 dinars du salaire d'un «smigard», alors qu'une augmentation de 50 dinars dans le revenu d'un cadre supérieur est presque dérisoire et peut-être qu'il pourrait s'en passer durant cette année difficile... L'année est-elle difficile? Elle n'en a pas l'air, ni au niveau du discours officiel ni dans la pratique des Tunisiens. Le commun des Tunisiens n'observe pas une rigueur dans la gestion publique, dans la mesure où tout fonctionne comme avant, aussi bien au niveau des ministères qu'au niveau de la présidence de la République, sinon qu'est-ce qui explique les affectations dans des postes créés par le régime déchu, qu'est-ce qui explique les réceptions généreusement garnies, alors que des quartiers et des villages entiers sombrent toujours dans la pauvreté. L'économie est à genoux ou presque et le Tunisien continue de consommer comme avant sinon plus, moyennant des facilités bancaires, des aides venant de part et d'autre et il n'y a même pas un discours qui rappelle fermement que le pays vit une situation difficile et qu'il appartient à tous les Tunisiens de faire des économies jusqu'à ce que la situation soit meilleure. C'est dire ainsi que des solutions existent, sans qu'il y est besoin de se rabattre sur les revenus des salariés. Il ne faut pas oublier également que les salaires n'ont pas suivi le vecteur de l'inflation au cours des dernières décennies, ni même celui de la croissance. Ce qui fait du salarié la partie la plus pénalisée et la moins bénéficiaire de la croissance pendant les années de vaches grasses et il se trouve aujourd'hui dos au mur, dans l'incapacité totale de faire avec la hausse du coût de la vie. Faut-il préciser enfin qu'en présence d'une inflation de 5%, une majoration de 5% ne peut être considérée comme augmentation salariale, mais juste une correction pour maintenir au même niveau le pouvoir d'achat. Et si cela est vrai dans la Fonction publique, la réalité dans le secteur privé est tout à fait autre...