AMSTERDAM (Reuters) — La figure la plus populaire de l'extrême droite néerlandaise, Geert Wilders, a comparu hier devant la justice pour des propos et un film jugés islamophobes, une affaire qui, aux dires de certains, met à rude épreuve la tradition de liberté d'expression des Pays-Bas. Le député et chef du Parti de la liberté (PVV) s'est présenté devant le tribunal à Amsterdam dans une ambiance houleuse. Poursuivi pour incitation à la haine et à la discrimination contre les musulmans, il encourt une peine maximale de 15 mois de prison. Geert Wilders se voit reprocher le montage de son film Fitna, sorti en 2008, qui accuse le Coran d'inciter à la violence en mêlant images terroristes et citations du Livre Saint de l'Islam. Il comparaît aussi pour ses propos dans les médias comparant le Coran à Mein Kampf d'Adolf Hitler. «Je reste combatif et suis toujours convaincu que ce procès politique ne peut mener qu'à mon acquittement», a écrit Geert Wilders sur son site internet. Son avocat, Bram Moszkowicz, a dit au tribunal que Wilders n'avait fait qu'émettre des commentaires sur la société et qu'il avait «fait toutes ses déclarations en tant que membre du Parlement». Adversaire farouche de ce qu'il décrit comme une islamisation de l'Europe, Geert Wilders a gagné en popularité depuis quelques années, en exploitant l'inquiétude de l'électorat néerlandais en matière d'immigration. Le Parti de la liberté est arrivé deuxième aux élections européennes de juin 2009 et des sondages lui prédisent une victoire lors des élections législatives de mai 2011. Ses partisans se sont rassemblés dans la matinée devant le tribunal, derrière des barrières et des policiers, portant des banderoles sur lesquelles étaient inscrits «Oui à la liberté» ou «Le procès de Wilders est un procès politique». Des militants antifascistes ont créé un site internet où figurent 100 déclarations du député qui prouvent, selon eux, qu'il est coupable d'incitation à haine et de discrimination, et que ses propos ne sont pas qu'une critique religieuse. L'audience d'hier visait à régler des détails de procédure et le procès débutera à une date ultérieure.