• François Bayrou, Marine Le Pen et Ségolène Royal battus • Retour historique de l'extrême droite dans l'hémicycle • Taux d'abstention record avoisinant 44% PARIS (Reuters) — La gauche française a remporté hier une nette victoire au second tour des élections législatives, assurant à François Hollande les marges de manœuvre nécessaires pour mettre en œuvre un programme économique à l'épreuve de la crise. Le Parti socialiste, détenteur de la majorité absolue à lui seul à l'Assemblée nationale, et ses alliés détiennent désormais tous les leviers institutionnels, une situation jugée «dangereuse» par la droite qui met en garde contre la «catastrophe» économique déjà à l'œuvre selon elle. L'UMP sauve la face en recueillant 213 à 221 sièges. L'ex-ministre Nadine Morano, qui en a appelé sans succès aux électeurs du Front national, a été battue à Toul (Meurthe-et-Moselle), ainsi que les anciens ministres Hervé Novelli et Michèle Alliot-Marie. Le scrutin est marqué par le retour historique de députés d'extrême droite dans l'hémicycle, 26 ans après le tournant des législatives de 1986 qui avait vu l'élection de trois députés du Front national. Le FN compterait au moins deux élus, Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse et l'avocat Gilbert Collard dans le Gard. Cette percée est toutefois ternie par la défaite de la présidente du FN Marine Le Pen, qui serait battue de 116 voix, selon la préfecture, par le candidat socialiste Philippe Kemel à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). La petite-fille de Jean-Marie Le Pen et nièce de Marine Le Pen sera à 22 ans la benjamine des 577 élus du Palais-Bourbon. Le «troisième tour» de la présidentielle, marqué par un taux d'abstention record avoisinant 44%, aura été fatal à deux figures de la vie politique française : le dirigeant centriste François Bayrou, sèchement battu dans son fief des Pyrénées-Atlantiques où il était élu depuis 1986, et Ségolène Royal, en Charente-Maritime. La candidate socialiste à la présidentielle de 2007 a été battue par un dissident du PS, Olivier Falorni, qui a reçu entre les deux tours le soutien de la compagne de François Hollande, via un «tweet» détonant, alors que le chef de l'Etat avait apporté son appui à la mère de ses quatre enfants. Qualifié de «vaudeville» par l'opposition de droite, cet incident devrait laisser des traces. «Ce résultat est le résultat d'une trahison politique», a-t-elle déclaré lors d'une allocution à La Rochelle avant même la publication des premiers résultats à 20h00. Selon l'analyse du vote, des voix UMP se seraient portées sur son rival. La défaite de Ségolène Royal ouvre le jeu pour l'élection du président de l'Assemblée nationale briguée désormais par Claude Bartolone, Jean Glavany ou Marylise Lebranchu. Jack Lang, qui avait manifesté aussi son intérêt, est battu. Ségolène Royal avait affiché de longue date ses ambitions pour «le perchoir». Selon CSA, le PS et ses alliés divers gauche obtiendraient 320 sièges, l'UMP et ses alliés 221 sièges, Europe Ecologie-Les Verts (Eelv) 20 sièges, le Front de gauche 10, le Front national deux et le MoDem deux. L'institut TNS Sofres Sopragroupe prévoit pour le PS et ses alliés 313 sièges, l'UMP et ses alliés 214, le Nouveau Centre 14, le Front national trois et le MoDem 2 chacun, Eelv 19 et le Front de gauche 10. Selon Ipsos, la gauche parlementaire s'adjugerait 341 sièges, dont 291 pour le Parti socialiste et ses alliés divers gauche, 20 pour les Verts, 13 pour le Front de gauche. La droite parlementaire est créditée de 231 sièges, dont 212 pour l'UMP et 15 sièges pour le Nouveau Centre. La majorité absolue «va nous permettre de voter les lois du changement et nous confère de grandes responsabilités en France et en Europe», a souligné Laurent Fabius. «C'est une victoire nette pour la gauche, c'est une défaite nette pour la droite», a commenté l'ancien Premier ministre Alain Juppé sur France 2. «Nous allons faire une opposition constructive pour le bien du pays mais tout à fait vigilante».