La tendance à la filière algérienne est aujourd'hui à la mode. Analyse d'un phénomène qui peut se révéler durable Après l'avant-centre du Mouloudia Club d'Oran, Youssef Belaïli qui a signé pour trois ans au profit de l'Espérance, et Abdelmoumen Djabou, le milieu offensif de l'Entente Sportive de Sétif qui a paraphé un contrat de deux ans au bénéfice du Club Africain, c'est au tour d'un autre Sétifien, Abderahmen Hachoud et du pivot de l'USMAlger, Khaled Lammouchia d'intéresser les grosses pointures du foot national, plus particulièrement le Club Africain. Il y a, par conséquent, un intérêt de plus en plus croissant pour le marché du voisin de l'Est. Qui sont les clients? Prioritairement, le Club Africain et l'Espérance de Tunis. Le premier trouve auprès de son ancien entraîneur Abdelhak Ben Chikha toutes les informations utiles à propos d'un réseau dont il maîtrise toutes les ficelles. D'ailleurs, depuis l'arrière central Fadhil Magharia, le club de Bab Jedid garde les meilleurs souvenirs de ce foot un peu plus «familiarisé» par les années de gestion technique assurées par Ben Chikha et sanctionnées par un titre de ce championnat 2008 qui s'était fait longtemps attendre. Quant au club de Bab Souika, en plus de l'amitié remarquable qui lie son patron, Hamdi Meddeb à celui de Wifak Sétif, Abdelhakim Serrar —amitié dont on a pu, du reste, mesurer la solidité à l'occasion du bras de fer engagé dernièrement entre l'EST et le CA pour le recrutement de Djabou— il y a également les nombreuses campagnes des coupes nord-africaines et de la Ligue des champions d'Afrique. Celles-ci ont fini par aiguiser son intérêt pour les joueurs de Sétif, Béjaia, Mouloudia d'Alger et Oran... Qui sont les joueurs ciblés ? Djabou et Lamouchia sont des joueurs expérimentés confirmés et appartenant à la sélection «A» du Bosniaque Vahid Halilhodzic. L'un et l'autre ont intéressé des clubs européens. Belaïli illustre les promesses d'un jeune olympique. Hachoud tient également le haut du pavé à Sétif. On ne peut, par conséquent, pas dire que les frères ennemis tunisois aient jeté leur dévolu sur le premier venu, ou sur des seconds couteaux. Loin s'en faut ! Reste à savoir si les deux joueurs déjà signataires, Belaïli et Djabou, vont pouvoir vite s'adapter et dépasser les difficultés posées par la succession d'Eneramo et de N'djeng (vaste programme !) pour le premier, et par la prise en main d'une manœuvre offensive clubiste indolente pour le second. Quelle fourchette de prix ? L'EST et le CA ont dû casser leur tirelire pour s'aligner sur les prix exigés par les clubs algériens. Alors que le Tchadien Ezechiel N'douassel avait été recruté il y a deux ans auprès de l'USMBlida contre un montant de 400 mille euros, on passe cette fois du simple au double. La surenchère entre les présidents «sang et or» et «rouge et blanc», dont on connaît la puissance financière, a fait grimper les prix. Aujourd'hui autour de deux millions de dinars et plus, ils risquent de connaître une envolée difficile à maîtriser. Au grand bonheur des clubs d'élite algérienne, constitués en SPA et dont les budgets s'appuient à raison de 40 à 50% sur le chapitre de la vente des joueurs. Comme toute mode, le marché algérien peut s'avérer une tendance éphémère d'une saison. D'autant que le vivier n'est guère inépuisable et que les prix demeurent inaccessibles pour la majorité écrasante des clubs du pays : les deux milliards déboursés pour Djabou peuvent facilement constituer le budget d'un club de la deuxième moitié du tableau. Sans doute, du point de vue économique, la filière africaine a de beaux jours devant elle !