L'environnement de développement de l'entrepreneuriat est aujourd'hui caractérisé par une multitude d'institutions, d'organismes et de structures. Aux acteurs déjà actifs auprès des porteurs de projets, s'ajoutent les établissements de l'enseignement supérieur. Ces derniers sont de plus en plus engagés dans la diffusion de la culture entrepreneuriale auprès de leurs étudiants. Dans ce sens, et pour mieux coordonner les efforts déjà mis en place, une conférence a récemment eu lieu à l'IHEC autour du thème de l'entrepreneuriat. Trois temps ont rythmé cette rencontre : L'entrepreneuriat en Tunisie, les formes de financement et les témoignages de certaines entreprises. Des changements attendus Concernant l'entrepreneuriat chez les jeunes et d'après M.Férid Ben Tanfous, président de l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers, le changement de culture chez les jeunes qui sont de plus en plus entrepreneurs est palpable. Cela implique plus de disponibilités en termes de critères de création d'entreprise, à savoir des idées réalisables, le marché et les outils nécessaires, les compétences et le financement. Il a dans ce cadre rappelé l'importance des organismes d'aide (Bfpme, Sicar, Fcpr, Essaimage, Foprodi, Sotugar) et de la charte des PME qui constitue une garantie sur le patrimoine de l'entreprise. Il a par ailleurs préconisé l'amélioration de la communication, entre autres, à travers ce type de conférence, le recours aux pépinières d'entreprises rappelant l'importance de la gestion des ressources humaines, du marketing et de la gestion financière, notant que 90% des faillites surviennent d'une mauvaise gestion de la trésorerie. Un économiste de la Banque Mondiale a, en outre, évoqué le contexte économique tunisien. Ce dernier est-il favorable à l'entrepreneuriat vu sous l'angle des opportunités ? Pour y répondre, il s'est basé sur 15 études pour savoir quel serait le contexte économique tunisien de demain. Les résultats révèlent tout simplement des performances remarquables dans le monde et spécialement dans la région du Mena. Cela, grâce à une croissance du PIB de l'ordre de 5% en terme réel durant les quatre dernières décennies, la diversification de l'économie et l'intégration dans l'économie internationale. Comment s'est déroulée l'intégration de la Tunisie? L'intervenant souligne qu'elle s'est faite par les biens beaucoup plus que par les services, qu'elle a été orientée vers l'UE, sur le modèle off shore et faiblement sur le modèle on shore avec un changement de l'économie. Cette intégration a permis l'augmentation de la contribution de la productivité à la croissance depuis l'ouverture, une très bonne performance en matière d'attraction des IDE et l'expansion des exportations vers de «nouveaux» marchés. Cependant, l'intégration commerciale avec les pays non-européens en deça du potentiel a conduit à la pénétration de nouveaux marchés mais pas de façon durable. La question qui se pose est dès lors, quelle solution durable faut-il adopter? La réponse de l'économiste est claire : mise sur la qualité, l'augmentation des entreprises en gamme, l'accélération de l'émergence de nouveaux secteurs intensifs en main-d'œuvre innovants et à haute valeur ajoutée et l'instauration d'une culture entrepreneuriale. Les effets attendus seront la baisse du chômage, un palier de croissance supérieur via une hausse de la productivité et une plus grande compétitivité avec à la clé de l'innovation une accumulation du capital et une valorisation du capital humain. L'importance du réseau Pour M.Sami Zaoui, président de l'Atuge, «il faut s'avoir s'entourer». Le réseau devient donc une nécessité au niveau de l'entrepreneuriat. Dans ce cadre, les Clusters impliquant recherche, université et incubation d'entreprise permettent d'être proches d'un réseau qui crée une certaine alchimie pour favoriser l'entreprise. Plusieurs initiatives vont dans ce sens, à commencer par le réseau Entreprendre et le Programme « Welcome in Tunisia» qui vise les projets de retour pour donner des points d'entrée aux compétences tunisiennes à l'étranger en leur facilitant la tâche de nouer des contacts, trouver des relais pour créer leurs projets et les connecter avec l'économie tunisienne. L'intervenant a, par ailleurs, mis l'accent sur la force de l'exemple, et ce, en se focalisant sur les success stories. Le tout est de lier la capacité de faire visualiser un projet aux capacités qu'on a. De l'innovation Le Programme d'appui à l'entrepreneuriat et à l'innovation visant le renforcement des capacités de service des structures d'appui à la création d'entreprises a été, par ailleurs, au centre de l'intervention de la représentante de GTZ. Ce programme s'articule autour de trois axes. Primo, le développement de l'entrepreneuriat à travers notamment l'élargissement de la base d'informations. Cela vise la mise en réseau des structures et programmes d'appui permettant la centralisation et la gestion de l'ensemble des informations sur l'activité entrepreneuriale, tend à assurer un suivi progressif et méthodologique des promoteurs et garantit une coordination efficiente et un flux d'informations fiable et régulier. Secundo, le soutien de la participation de la Tunisie au Global Entrepreneurship Monitor (GEM) via le renforcement des capacités de service au niveau des structures d'appui à la création et l'amélioration de l'éducation entrepreneuriale. Tertio, le renforcement des capacités de service au niveau des structures d'appui à la création. Pour la représentante du programme de développement de la propriété intellectuelle, la culture entrepreneuriale combinée à l'innovation offre un avantage compétitif considérable. Il faut cependant protéger l'innovation, ce qui engage le respect de la propriété intellectuelle. Cette dernière implique le secret professionnel, le brevet, le Copyright ou droit d'auteur et le Trade Mark. Selon l'intervenante qui s'est basée sur des résultats de recherches, il y a un intérêt important développé par les entreprises et les universités pour la propriété intellectuelle. Par ailleurs, les universités, pour valoriser la propriété intellectuelle, doivent développer des partenariats avec les industriels via le «Market Trading Research», bien que plusieurs entreprises n'aient pas les moyens pour les R&D. Un exemple de réussite dans ce domaine a été pourtant fourni. Celui d'Intel qui a créé un programme d'éducation avec les universités, qui encourage l'entrepreneuriat et l'innovation. M.Wahid Ben Tanfous de l'UGFS a, quant à lui, évoqué les Fonds communs de placement à risque (FCPR). Ces derniers ont pour objectifs de développer le capital risque, d'encourager l'investissement et la prise de risque, d'offrir de nouvelles alternatives au financement des nouveaux projets, de promouvoir de jeunes promoteurs et la création d'emplois, de participer à la création de la richesse économique et de contribuer au développement économique des régions dites prioritaires. Sans personnalité morale, flexibles et régulés par le CMF, les 6 FCPR créés depuis 2008 en Tunisie arborent un champ d'intervention assez large couvrant les PME, les promoteurs, les technologies, la transmission de l'entreprise, les zones de développement… Les avantage fiscaux ne sont, par ailleurs, pas des moindres-: dégrèvement fiscal de 100% en cas d'allocation de 75% des fonds dans les zones de développement régional avec des dividendes exonérés d'impôts.