Toujours imité, jamais égalé. Hédi Habbouba que les sorciers apprentis de la chanson populaire envient à raison, a donné un spectacle de grande classe samedi dernier sur la mythique scène de Carthage. Un éblouissant festival de musique populaire à lui tout seul, donné par un sexagénaire en grande forme. Avec ce concert «Mtaregs», Habbouba signe, de l'avis des critiques, un retour tonitruant sur la scène avec une tournée qui le mènera sur les plus prestigieuses scènes tunisiennes et peut-être même européennes. Après un morceau de chauffe où alternent les percussions, avec les instruments à cordes, où Habbouba démontre que le mariage des genres apporte une touche de finesse à la musique populaire, on découvre avec la première chanson Kif jitek nejri un artiste au faîte de sa carrière. D'emblée, une impression de densité et de richesse d'un long voyage inoubliable, pour revisiter l'histoire sociale et musicale de notre pays, s'empare des spectateurs. Le groupe composé d'un chœur, de huit darboukas, cinq tablas, cinq bendirs, une batterie, un clavier, cinq violons, une guitare basse, un qanoun et un mezoued donne le ton de la soirée. Place au fezzani dans toute sa splendeur. Et l'artiste, léger comme un papillon, sur scène, a essayé de présenter au public un best-of superbement revisité. L'accélération des rythmes, la prolifération des performances sur scène ont vite installé une atmosphère de joie et de fête auprès d'un public assoiffé des airs des années 80. Avec son sourire enjôleur, ses coups de gosier, sa main tendue vers le public, Habbouba ne dédaigne pas non plus partager son micro lorsqu'il s'agit de reprendre les refrains ou les chœurs de tous ces grands class et Bjah Allah ont vite fait de remonter la sauce auprès d'un public endiablé. Accompagné de Noura, Hédi Habbouba chantera en duo Asser wel kammoun. L'artiste libère une énergie contenue mais prête à exploser à la moindre sollicitation. Après presque deux heures de show magistral mené de main de maître par ce fantastique artiste qui a clôturé son concert par Hak Dellali et Zomiati, le public repart léger comme si le spectacle était une séance d'exorcisme où l'on s'est débarrassé des énergies négatives grâce au souffle du légendaire artiste populaire, Habbouba.