• En glissement annuel, l'indice des prix à la consommation a diminué, en juin 2012, de 0,2 point pour se situer à 5,4%, après des accroissements de 5,6% et 5,7 % respectivement en mai et avril 2012 Après des épisodes d'inflation galopante, depuis janvier 2011, on assiste à un premier repli de cet agrégat. D'après les chiffres de l'Institut national de la statistique, en glissement annuel, l'indice des prix à la consommation a diminué, en juin 2012, de 0,2 point pour se situer à 5,4%, après des accroissements de 5,6% et 5,7% respectivement en mai et avril 2012. S'agit-il d'une aubaine pour les consommateurs ? Pourvu que ça dure, la réponse n'est qu'affirmative. Car cette baisse est due, principalement, au fléchissement de la hausse des prix du groupe alimentation et boissons, principales composantes du couffin de la ménagère pendant ce mois Saint, de 7,7% en mai 2012 à 7,2% au mois de juin. Toutefois, se rapportant à des données anciennes, il faut que cette tendance persiste pour que le pouvoir d'achat affiche une réelle amélioration. Monétaire ou conjoncturelle ? Après la révolution, la relance de l'économie nationale a contraint la BCT à réviser à la baisse le taux directeur à maintes reprises. L'objectif est double: venir en aide aux banques à court de liquidités et booster la consommation. En effet, une telle démarche est un vrai régal pour les consommateurs. Désormais, les crédits coûteront moins chers, et les conditions d'octroi de crédits seront plus souples, notamment les crédits à la consommation. Ainsi, les revenus des ménages seront dopés, et de facto, les plans d'achat seront d'autant plus accessibles que réalisables à court terme. Et cette affluence de la demande sera, rapidement, ressentie sur le marché. A vrai dire, ces nouvelles ressources financières permettent de compenser vraisemblablement la baisse de la demande étrangère des produits nationaux, ce qui est bénéfique en période de crise. Toutefois, les liquidités supplémentaires dont disposent les demandeurs engendrent une hausse des prix de l'offre. En effet, les producteurs régleront leurs prix proportionnellement à la quantité de monnaie sur le marché, d'où l'inflation. Et ces tendances inflationnistes sont habituellement renforcées par des facteurs conjoncturels qui bouleversent les équilibres de tous les marchés. Les exportations vers la Libye, la contrebande, les spéculations ou encore les grèves dans certaines usines provoquent des envolées substantielles des prix. Donc, pour relativiser, l'inflation trouve ses racines dans ces dysfonctionnements conjoncturels des marchés plutôt que dans des politiques monétaires inappropriées. Les efforts des institutions et la rationalité des consommateurs Certes, la maîtrise de l'inflation à des niveaux acceptables est la mission première de la BCT, mais garder cet équilibre nécessite une concertation des efforts de tous les opérateurs économiques. Pour contenir la tendance d'octroi des crédits par les banquiers, la BCT pourrait réviser à la hausse le taux des réserves obligatoires (TRE). Avec moins de marge dans la gestion de leurs dépôts, le volume des crédits aux particuliers accordés par ces institutions décroît. Les banquiers pour leur part contribueront à la maîtrise de la masse monétaire. Leur pouvoir de création monétaire par les crédits devra être utilisé avec modération. En effet, les chargés de clientèle de ces structures doivent développer leur connaissance du demandeur du prêt afin de garantir le remboursement de la dette. Ce mouvement, antagoniste à la création, aura pour effet la destruction de la monnaie et le rétablissement de la masse à son niveau de départ. Transparence des circuits de distribution oblige, les équipes de contrôle du ministère du Commerce sont appelées à renforcer leurs efforts de surveillance sur les marchés. D'ailleurs, l'opportunisme de certains acteurs économiques peut induire à la création de situation de pénurie artificielle. Le surcroît des prix conséquent est aggravé par le comportement des consommateurs. Soucieux de garantir leurs provisions, la course à ces produits est de nature à exercer une pression sur les prix. L'histoire a montré à maintes reprises que les équilibres économiques sont tributaires de la psychologie des acteurs. A cet égard, c'est la rationalité du citoyen, qui consomme à concurrence de son budget et qui apprécie l'utilité procurée par le produit avant la profitabilité des pratiques commerciales de promotion et de facilités de paiement, qui est la garantie de tout équilibre. Forcément, cette baisse de demande à court terme empêchera les prix de flamber et donc un retardement des tendances inflationnistes. Mieux encore, en consommant tunisien, le citoyen favorise le développement de la richesse économique nationale.