L'amélioration des revenus des ménages et la préservation de leur pouvoir d'achat ont toujours constitué un élément fondamental de notre politique économique. Ces deux objectifs ont été régulièrement placés au cœur même de tous les débats et de tous les programmes nationaux. Un tel intérêt s'est traduit au concret, par des réalisations remarquables. Toutefois, malgré cette situation, plutôt rassurante, certains se demandent encore si le revenu d'un ménage tunisien couvre la quasi-totalité de ses besoins en consommation. Il faut dire que cette problématique est accentuée davantage par la volatilité des divers marchés. D'ailleurs, le panier des ménages est composé de produits importés et d'autres domestiques, de produits de première nécessité et d'autres de luxe, moyennant des prix réglementés et d'autres libres... D'où, tant de variables à surveiller de près pour préserver la bourse familiale. Bien que la stabilité des prix soit une mission de la Banque centrale de Tunisie (BCT), le citoyen est très attentif à tous les faits d'actualité nationale et internationale et accommode sa consommation relativement à leurs évolutions. En effet, les spectacles en continu des marchés de devises, les prévisions et les décisions qui découlent des différentes institutions nationales et internationales suscitent ces derniers temps l'intérêt de tous les citoyens. Les alarmistes comme les optimistes tendent à expliquer l'évolution des cours des produits de base et des devises et leurs répercussions sur les prix à la consommation. Les sources de l'inflation(monétaire et conjoncturelle) L'avènement de la crise financière depuis quelques années déjà a incité la BCT à réviser à la baisse le taux directeur de 0.75 point. Une telle démarche est un vrai régal pour les consommateurs. Désormais, les crédits coûteront moins chers, et les conditions d'octroi de crédits seront plus souples, notamment les crédits à la consommation. Ainsi, les revenus des ménages seront dopés, d'où les plans d'achat seront d'autant plus accessibles que réalisables à court terme. Décidément, cette affluence de demandes sera ressentie sur le marché. Ces nouvelles ressources financières permettent de compenser vraisemblablement la baisse de la demande étrangère des produits nationaux, ce qui est favorable en période de crise. Toutefois, les liquidités supplémentaires dont disposent les demandeurs engendrent une hausse unilatérale des prix de l'offre. Ainsi, les producteurs régleront leurs prix proportionnellement à la quantité de monnaie sur le marché, d'où l'inflation. Ces tendances inflationnistes ont été renforcées par des facteurs conjoncturels qui ont bouleversé les équilibres de tous les marchés. En effet, les prix des produits alimentaires ont affiché une progression sensible (8.3% fin mars 2010 contre 1.8% en mars 2009), à l'instar du sucre et des confiseries (27.3% contre 4.5%), les fruits (14.9% contre -5.7%), les viandes et les volailles (10.3% contre 3.3%), les légumes (7.6% contre 1.6%) et les huiles (7.5% contre -9.8%). En dehors de l'alimentation, les prix ont augmenté à un rythme moins rapide qu'une année auparavant (3.3% contre 3.9%). Comme résultante, l'indice de prix à la consommation familiale a atteint 5.5% en mars 2010 contre 3.2% en mars 2009. S'agissant d'une hausse ressentie sur le marché, cette évolution des prix ne peut être assimilée à une inflation que si elle demeure dans le temps. Maîtrise de l'inflation (institutionnelle et comportementale) Une telle grandeur économique sert à mesurer la stabilité de tout pays. D'ailleurs, l'inflation est le souci de tous les agents économiques. Certes la maîtrise de cette variable à des niveaux acceptables est la mission première de la BCT, mais garder cet équilibre nécessite une concertation des efforts de tous les opérateurs économiques. Pour contenir la tendance d'octroi des crédits par les banquiers, la BCT a révisé à la hausse le taux des réserves obligatoires (TRE), le portant de 7,5% à 10% à compter du premier mars 2010. Disposé de moins de marge dans la gestion de leurs dépôts, le volume des crédits aux particuliers accordés par ces institutions décroît. Les banquiers pour leur part contribueront à la maîtrise de la masse monétaire. Leur pouvoir de création monétaire par les crédits devra être utilisé avec modération. En effet, les chargés de clientèle de ces structures doivent développer leur connaissance du demandeur du prêt afin de garantir le remboursement de la dette. Ce mouvement, antagoniste à la création, aura pour effet la destruction de la monnaie et le rétablissement de la masse à son niveau de départ. Une surveillance accrue sur les marchés incombe au ministère du commerce et de l'artisanat. Dans ce cadre de volatilité de l'offre (prix et quantité), la transparence des circuits de distribution est plus que nécessaire. D'ailleurs, l'opportunisme de certains acteurs économiques peut induire à la création de situation de pénurie artificielle. Ces spéculateurs conjuguent leurs efforts en adoptant des stratégies monopolistiques. Le surcroît des prix conséquent est aggravé par le comportement des consommateurs. Soucieux de garantir leurs provisions, la course à ces produits est de nature à flamber les prix. L'histoire nous a montré à maintes reprises que les équilibres économiques sont tributaires de la psychologie des acteurs. A cet égard, c'est la rationalité du citoyen, qui consomme à concurrence de son budget et qui apprécie l'utilité procurée par le produit avant la profitabilité des pratiques commerciales de promotion et de facilités de paiement, qui est la garantie de tout équilibre. Forcément, cette baisse de demande à court terme empêchera les prix de flamber et donc un retardement des tendances inflationnistes. Mieux encore, en consommant tunisien, le citoyen favorise le développement de la richesse économique nationale.