La fête de l'Humanité est une manifestation annuelle essentiellement politique, organisée par le journal français L'Humanité. Dans le cadre de ses activités culturelles, ce rendez-vous vient célébrer cette année du 14 au 16 septembre 2012, le 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie et le «Printemps arabe», à travers une exposition centrale intitulée «Comme un souffle de liberté !». Organisée en partenariat avec l'Institut du monde arabe, la galerie Talmart, la mairie de Saint-Ouen et C-Art Project, cette exposition présentera les travaux d'une vingtaine d'artistes, en grande majorité issus du monde arabe (Algérie, Maroc, Egypte, Palestine, Liban, Tunisie). «Plasticiens, peintres ou photographes inscrivent tous leurs projets artistiques dans cet élan de liberté d'expression, d'émancipation humaine qui marque le «Printemps arabe»», lit-on dans le texte de présentation de l'événement qui vient rendre un double hommage, comme le précisent les organisateurs, «à ceux qui se sont engagés, il y a maintenant 50 ans pour la libération de leur pays et à ceux qui, plus récemment et dans un espace géographique assez proche, continuent de penser que la liberté est un bien précieux à conquérir.» Cinq artistes tunisiens prendront part à cette exposition. On cite le jeune photographe Wassim Ghozlani, Nidhal Chamekh, qui exposera deux grands tableaux, Mourad Salem, Nabil Saouabi et Ismael, l'un des protagonistes du film documentaire «Babylon», détenteur du Grand prix international de la 23e édition du Festival international de cinéma FIDMarseille. Il présentera une vidéo expérimentale inédite, intitulée «Là-bas Babylone», qu'il a tournée en parallèle au documentaire. Et la «révolution», thème majeur de l'expo, c'est ainsi que ce dernier en parle dans un texte qui figura sur le catalogue de l'exposition: «La révolution n'est pas l'avènement d'un «nouveau». Elle est l'avènement d'un «autre». En politique, elle est ce qu'il y a de plus proche de l'amour entre deux individus. Elle est un monde «autre» qui rend invivable le monde «premier» comme l'absence de la personne aimée rend la vie caduque. La révolution aussi est convulsive ou n'est pas. Comme la poésie, elle est un théorème possible de l'utopie (qui contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas annihilée par la dictature, mais plutôt par la démocratie). Cette altérité en devenir qu'est un processus révolutionnaire, est transformée en mythe par le pouvoir. Un mythe fabriqué et imposé pour hériter de la terre du mythe. La révolution n'est plus vécue sur le mode de l'action, la déconstruction et la création, mais sur celui de la célébration, la commémoration et la perpétuation. Les pouvoirs en place aujourd'hui en Tunisie ou en Egypte par exemple, issus non pas du processus révolutionnaire mais de sa confiscation contre-insurrectionnelle, ont lénifié puis rigidifié les révolutions respectives de leur pays dont ils auraient, «in fine», le copyright.