Lotfi Touati entendu par la police et laissé en liberté sur ordre du ministère public Nouvel épisode, hier, dans le conflit opposant les journalistes de Dar Assabah à Lotfi Touati, nommé récemment directeur général du journal. Un incident douloureux est survenu, hier matin, devant le siège du quotidien : le jeune journaliste Khalil Hannachi a été victime d'un accident provoqué, semble-t-il, «par la voiture de Lotfi Touati qui l'aurait renversé et traîné sur plusieurs mètres avant qu'il ne perde connaissance et soit transporté à l'hôpital Charles-Nicolle à Tunis». Les versions produites par les journalistes et les techniciens de Dar Assabah sont, le moins qu'on puisse dire, contradictoires sur les circonstances de cet accident et sur ses mobiles. Contacté par La Presse pour y voir plus clair, Khaled Tarrouche, chargé de la communication au sein du ministère de l'Intérieur, a apporté les précisions suivantes : «Lotfi Touati, directeur général d'Assabah, s'est livré, hier, à la suite de l'accident de la circulation, au poste de police d'El Menzah où il a été interrogé et a été laissé en liberté sur ordre du ministère public». Tarrouche ajoute : «La police de la circulation territorialement compétente a fait part, hier matin, d'un accident de la circulation qui s'est produit devant le siège de Dar Assabah. Les premières investigations ont montré qu'il s'agit, plutôt, d'une affaire juridique qui a été confiée au poste de police d'El Menzah. Nous sommes pour le moment devant deux versions. La première est celle avancée par Lotfi Touati, directeur général du quotidien Assabah, qui assure que le journaliste Khalil Hannachi s'est intentionnellement jeté sur sa voiture l'empêchant de démarrer. La deuxième version est produite par le journaliste qui souligne que Lotfi Touati l'a intentionnellement renversé. Après audition des deux protagonistes de l'affaire, au poste de police d'El Menzah I, les investigations se poursuivent afin de tirer au clair les circonstances réelles dans lesquelles cet accident a eu lieu». A chacun sa version Pour en savoir davantage, La Presse a donné la parole à certains journalistes, techniciens et syndicalistes qui ont été témoins de l'incident. Hayet Saïeb, journaliste à Assabah, précise que son collègue Khalil Hannachi ne «s'est pas jeté sur la voiture de Lotfi Touati. Il a eu la malchance de se trouver, aux côtés d'autres journalistes, devant la voiture de Lotfi Touati et il voulait engager une discussion avec lui sur les résultats de la réunion tenue, hier, par le Conseil d'administration de l'entreprise. Malheureusement, il n'a pas été entendu par Touati qui roulait à une vitesse vertigineuse. Notre collègue s'est accroché à l'essuie-glaces de la voiture et a été traîné, sur plusieurs mètres, avant d'être éjecté sur l'autoroute menant à l'aéroport Tunis-Carthage». De son côté, Farhat Tounsi, technicien à Dar Assabah, assure avoir vu «Khalil Hannachi se jeter sur le capot de la voiture de Lotfi Touati lui criant “Dégage" et lui faisant des signes de contestation pour sa nomination à la direction générale du journal. Lotfi Touati n'a pas cherché à le renverser ou à l'écraser. Mais, il a pris le risque de faire démarrer sa voiture en dépit du fait que Hannachi était encore accroché au capot de la voiture. Pour la suite des événements, je ne peux pas m'exprimer puisque je n'ai pas poursuivi la voiture de Lotfi quand elle s'est engagée sur la route menant à l'aéroport Tunis-Carthage». Pour sa part, Montassar Ayari, membre du syndicat de base de Dar Assabah (relevant de l'Ugtt) qui suivait à l'hôpital Charles Nicolle l'évolution de l'état de santé de Khalil Hannachi, précise : «Lotfi Touati n'a pas hésité à démarrer en trombe alors que notre collègue était accroché à la partie avant de sa voiture. Et malgré nos appels pour qu'il s'arrête, il a poursuivi sa route jusqu'à ce qu'une voiture de taxi lui coupe le passage et l'oblige à éjecter Khalil Hannachi sur l'asphalte». Affaire à suivre