Dès les premières heures du jour, les rues de Kairouan étaient très animées en cette journée de rentrée des classes : une circulation dense, des bus bondés, des commerces ouverts et des avenues envahies par des écoliers et des lycéens bien en avance sur l'horaire des classes. Beaucoup de parents, des mères surtout, tentaient de réconforter les nouveaux, ceux qui, pour la première fois, allaient rejoindre leurs aînés. Devant l'école primaire Sahabi 2, les images se déroulent comme dans un film, belles et vivantes. Les élèves les plus âgés se montrent à leurs nouveaux instituteurs. Ils cherchent à lire dans leurs yeux s'ils sont indulgents ou sévères. Madame Selmi, qui accompagnait son fils âgé de 7 ans, pense que les parents ont tendance à trop gâter leurs enfants, à les assister à tout moment de la journée et à les couver : «Or, cette attitude est préjudiciable, car l'enfant veut une vie qui le mette à l'épreuve et qui lui redonne le goût de l'effort. Quand on frustre l'enfant, il n'a plus de désir et il n'a plus confiance en lui-même. Néanmoins, je comprends les parents qui aident leurs enfants à tenir un cartable qui pèse jusqu'à 9 kilos. Et même les cartables à roulettes ne sont pas toujours pratiques. Il serait préférable d'installer dans les écoles des casiers qui soulageraient les élèves dont beaucoup ont des problèmes de dos...» Beaucoup plus loin, au lycée Okba, c'est l'ordre et le calme absolus. Le proviseur, M. Abdellaoui, bien au milieu de la cour, est là pour conseiller, informer, et rappeler à tout le monde le respect des règlements. Garçons en jeans et adolescentes qui resplendissaient de fraîcheur, célèbrent leurs retrouvailles : «Personnellement, si je prends tant de plaisir à reprendre le chemin du lycée, c'est que ma vie quotidienne pendant les vacances ne me satisfaisait plus. Désormais, ma semaine et mes journées se découperaient selon mon emploi du temps scolaire. C'est très motivant et ça me permet de sortir de la routine», nous confie le jeune Wajdi Mtiri. Notons que 63.750 écoliers et 48.000 collégiens et lycéens ont repris le chemin des écoles, des collèges et des lycées. Si tout s'est passé presque normalement, c'est que tout a été préparé à l'avance par la direction régionale de l'éducation et le gouvernorat pour assurer une rentrée sans problèmes. Néanmoins, beaucoup de projets de constructions prévus, à l'instar de l'école El Asswar, ont connu beaucoup de retard, ce qui a obligé les responsables à répartir les élèves sur les locaux du Crefoc et de l'école Tarak Ibn Zied. En outre, beaucoup d'élèves n'ont pas d'enseignants puisqu'on dénombre 40 postes vacants pour ce qui est des professeurs et 110 pour ce qui est des instituteurs. Enfin, des enseignants d'une école primaire dans la délégation de Chébika ont fait grève car ils refusent la nomination du nouveau directeur, ce qui a porté préjudice aux élèves et à leurs parents.