Durant une semaine (15 - 20 octobre), de jeunes artistes de Tunisie, d'Egypte, de Palestine, du Liban, de Syrie et d'Irak vont se réunir en conclave, confronter leurs expériences et leurs différences et se rassembler dans un espace qui a les mêmes contours pour tous : le Théâtre arabe aujourd'hui. Baptisée «Minassa» (Scène), la rencontre sur la création théâtrale contemporaine dans le monde arabe se déroule au Liban, à l'initiative de l'association Shams, du théâtre Monnot et de l'Institut français du Liban. Cette rencontre est une occasion pour découvrir les pratiques théâtrales du monde arabe contemporain en présence de dramaturges, de metteurs en scène, de comédiens et d'opérateurs culturels invités à partager un moment d'échange et de réflexion sur le théâtre arabe aujourd'hui. La participation tunisienne est marquée par la présentation demain, mercredi 17 octobre, de la pièce de Meriem Bousselmi «Alzheimer» ou «Mémoire en retraite». Créée à la veille de la révolution, «Mémoire en retraite» est une pièce de théâtre écrite et mise en scène par une jeune artiste, avocate à la base, et qui n'a cessé de s'interroger sur la société dans laquelle elle vit, amenant ses réflexions du plan individuel au plan collectif. Prenant pour prétexte la maladie d'Alzheimer dont souffre le père dans la pièce, Meriam Bousselmi raconte une histoire dans laquelle elle décortique les rapports père/fils, mais s'interroge également sur les rapports entre un peuple et un dictateur qui le gouverne, sur la situation d'un intellectuel marginalisé (le fils) face à l'autorité malade incarnée par le père en perte de mémoire. En introduisant le projet «Minassa», le metteur en scène et acteur de théâtre libanais Roger Assaf, premier dramaturge et acteur du monde arabe décoré à la Biennale de Théâtre de Venise (2008) par un Lion d'Or pour sa carrière et son œuvre théâtrale, écrit : «Le concept trop galvaudé de participation du public à l'acte théâtral a besoin d'être inversé. Que les artistes participent à l'acte du spectateur, qu'ils questionnent le théâtre en se mettant dans la salle et deviennent, à leur tour, des citoyens en face de l'image que leur renvoie la scène, c'est l'invitation et le défi que «Minassa» propose à ceux et celles qui en seront les actants».