Dans le cadre de la 15è édition des Journées Théâtrales de Carthage, La pièce « Alzheimer » du Théâtre National a été présentée le samedi 07 janvier à 18h au Théâtre Municipal de Tunis. La pièce est écrite et mise en scène par Myriam Bousselmi et réunit les comédiens Slah Msadek et Kabil Essayari. La scénographie revient à Mohamed Driss et le décor est réalisé par Moncef Ben Hamouda et Ferjani Dridi. Une pièce tragi-comique qui fait passer du rire aux larmes. La pièce raconte les tourments d'un fils (un poète) auprès d'un père (avocat) ayant la maladie d'Alzheimer. Le fils, tellement préoccupé par l'état de mémoire de son père qui se détériore chaque jour davantage,est contraint à l'accompagner jusqu'à son dernier souffle. Le jeu est poussé à l'extrême : le voici qui lutte contre l'idée d'être atteint à son tour de cette maladie. En effet, il est tellement au quotidien dans cette maladie qu'il va penser l'avoir lui aussi. C'est ainsi qu'il finit par créer un personnage fictif jouant inconsciemment le rôle du père qui perd progressivement ses facultés mentales… La pièce n'est pas une description de la maladie d'Alzheimer ni de ses séquelles sur le patient, loin s'en faut, ce n'est qu'un simple support, quoique les comédiens aient formidablement traduit en paroles et en gestes les comportements de la personne atteinte de cette maladie. Mais le message semble plus profond : c'est le vacillement entre l'oubli et la mémoire. La perte de mémoire, qui mène le père jusqu'à confondre entre les choses, les êtres et les mots, est contrebalancé par les souvenirs que le fils essaie en vain de rappeler à son père qui a en fait tout oublié. « Méfie-toi de la parole, même l'ordinateur parle », voilà ce que tu me chantais à l'oreille tous les jours papa, et maintenant tu ne t'en souviens plus. Tu ne sais même plus dire une phrase correcte ni nommer les choses ni s'exprimer », peut-on relever dans le dialogue des personnages. De cette dichotomie entre l'oubli et la mémoire naît ce conflit des générations autour du spirituel et du matériel, de l'imaginaire et du réel. Au niveau des prestations des artistes, on peut dire que Slah Msadek a pu convaincre dans le rôle d'un avocat toujours avide d'argent et dont le seul souci dans la vie est d'en gagner davantage. Kabil Essayari a également réussi son rôle du fils qui se plaisait dans la poésie malgré la désapprobation du père. Les deux comédiens ont témoigné d'un grand talent et d'une maîtrise émérite de leur art. N'empêche qu'il y a, à certains moments, une certaine lourdeur au niveau du texte et du jeu. Sur le plan technique, une bonne appréciation est accordée à l'équipe chargée des effets sonores, des costumes et des lumières. Disons enfin qu'il s'agit d'une approche artistique de la maladie d'Alzheimer qui souhaite attirer l'attention des associations et des responsables de la santé pour apporter davantage d'écoute, de soutien et de compréhension aux personnes atteintes de cette maladie et à leurs familles. Une telle pièce, traitant d'un sujet aussi douloureux que sensible, pourrait être jouée au sein des milieux scolaires et universitaires pour mieux informer et sensibiliser les jeunes à ce sujet.