Ils étaient, tous, hier, au rendez-vous, au Palais des congrès à Tunis, répondant à l'invitation de l'Ugtt pour prendre part aux travaux de la conférence de dialogue national. Les trois présidents étaient là aussi. Le Dr Marzouki, bien que son porte-parole ait annoncé, lundi soir, qu'il ne serait pas de la partie, mais qu'il devait adresser un message aux participants. Hamadi Jebali, chef du gouvernement et secrétaire général d'Ennahdha, était également de la partie (personne n'a réussi à savoir s'il représentait aussi le mouvement nahdhaoui). Dans son sillage, son conseiller, chargé des dossiers politiques, Lotfi Zitoune, a cherché à éviter les journalistes refusant poliment les sollicitations. Enfin, le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC et président d'Ettakatol, le parti qui au risque de faire faux bond à ses deux compagnons de la Troïka, Ennahdha et le CPR, a accepté de rejoindre la table de dialogue à laquelle l'Ugtt l'a convié, tout comme d'ailleurs, le Mouvement Ennahdha et le Congrès pour la République avec lesquels les négociations se sont poursuivies jusqu'à une heure avancée de la nuit du dimanche 14 au lundi 15 octobre. Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'Ugtt et porte-parole de la conférence, a révélé que les représentants de ces deux partis exprimaient «jusqu'à la dernière minute leurs réserves quant à la participation de Nida Tounès. Seulement, l'Ugtt ne pouvait pas répondre aux conditions de quiconque et pour nous, l'absence d'Ennahdha et du CPR n'influera pas, en aucun cas, négativement, sur les travaux de notre conférence et sur le contenu du rapport final qui les couronnera. Toutefois, nous aurions aimé qu'ils soient aujourd'hui parmi nous et qu'ils nous soumettent leurs propositions». Seulement la Troïka a choisi d'anticiper et a annoncé sa feuille de route, samedi 14 octobre , soit deux jours avant le démarrage de la conférence de dialogue national. Et le chef du gouvernement Hamadi Jebali suivi par le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC et d'Ettakatol de revenir dans leurs interventions sur les grandes composantes de la feuille de route de la Troïka tout en insistant sur la «nécessité du respect strict de la légitimité que représente exclusivement l'Assemblée nationale constituante à laquelle revient la dernière décision et en dehors de laquelle rien ne peut être décidé». Une idée centrale qui a dominé les propos de Jebali et de Ben Jaâfar qui n'ont pas manqué de saluer l'initiative de l'Ugtt et de rappeler qu'ils l'ont soutenue dès son lancement début juin dernier. Le président de la République provisoire a, de son côté, abondé dans le même sens sans oublier de préciser qu'il préfère que le nouvel agenda politique national (qui pourrait se fonder sur la synthèse tirée des propositions couronnant les assises du palais des congrès d'une part et de celles contenues dans la feuille de route annoncée par la Troïka, d'autre part) soit dévoilé le 18 octobre une date qui renferme une certaine symbolique pour ceux qui ont levé la voix et crié, avec force et vigueur, lors des années de braise, leur refus de l'injustice et de l'oppression. En tout état de cause, le dialogue se poursuivra dans les jours à venir. Outre les questions urgentes à l'instar de la finalisation de la Constitution, de la fixation de la date des prochaines élections et la création de l'Instance des élections (qui devrait démarrer ses travaux au maximum le 1er décembre prochain, les questions du développement économique et social bénéficieront de l'attention des partenaires du dialogue national. Les participants n'ont pas manqué, d'ailleurs, d'appeler à la création d'un conseil national de dialogue qui tiendra ses assises sur la base d'un calendrier fixé à l'avance pour examiner les questions qui demeurent encore en suspens. Articles liés : - Les trois présidents plaident pour des retrouvailles politiques le 23 octobre - Conférence de presse du porte-parole de l'Ugtt : «Nous sommes à équidistance de toutes les parties» - Déclaration finale : Le calendrier officiel des élections doit revenir à l'Isie - Témoignages - Panneau désenchanté de la révolution tunisienne : «On cherche un honnête homme»