C'est à partir de demain, et jusqu'au 2 novembre, que se tiendra à Tunis le 1er Salon de la Bourse et des services financiers. C'est sous le signe d'un message-slogan fort percutant et «accrocheur» que les organisateurs ont choisi de placer cette première édition. «Investir aujourd'hui, c'est investir l'avenir» ne manquera assurément pas d'avoir de l'effet sur l'ensemble des acteurs économiques tunisiens et bien au-delà. Avec ce genre de message, il n'est pas interdit d'espérer qu'à l'avenir l'on ne cherchera plus désespérément la Bourse. La Bourse et plus généralement le marché financier ont la couleur de leur environnement; ils peuvent en pâtir ou, au contraire, y trouver les ressorts de leurs dynamismes. On ne va pas s'attarder ici sur les années de plomb qui ont étouffé toute dynamique boursière, la Bourse et la finance directe étant avant tout une affaire de transparence et de crédibilité des performances que peut afficher une entreprise. Disons seulement que si la Bourse de Tunis était restée si longtemps inerte, c'est aussi à cause de l'inexistence d'une véritable culture boursière en Tunisie. Personne à cet égard n'a cherché à développer la Bourse: l'Etat par paresse, le secteur bancaire par intérêt et le secteur privé de l'investissement par une peur presque innée de la transparence. A ce triple niveau, les choses sont-elles en train de changer? Rien n'est moins sûr, tout au plus peut-on avancer que le profond et radical changement politique en Tunisie qui est en principe porteur de liberté et d'une promesse de transparence est pour la Bourse et le marché financier tunisien une occasion historique pour opérer leur mue. La balle est aujourd'hui au centre, les principaux acteurs au jeu sont l'Etat en sa qualité de régulateur du marché, d'investisseur de référence et de représentant de la demande institutionnelle, le secteur bancaire qui a tout à gagner à développer une réelle synergie avec les acteurs de la finance directe et, bien sûr, tout ce tissu d' entreprises soucieuses de leur compétitivité et de leur pérennité. Jusqu'ici, le développement de la Bourse et de la finance directe n'a guère été considéré comme une priorité..., l'engouement était, et l'est hélas encore, pour l'économie de l'endettement. Sur les cinq dernières années, 4% du financement de l'économie nationale passe par le marché financier contre 96% pour les banques. La capitalisation boursière tunisienne, soit 14 milliards de dinars, ne représente que 24% du PIB, alors que ce taux frôle et dépasse parfois même les 60% du PIB dans des pays comme l'Egypte et le Maroc. Avec seulement 57 sociétés cotées, la Bourse de Tunis n'est représentative ni de la diversité du tissu économique ni de la structure du PIB. En perpétuant l'économie de l'endettement, les banques ont peu diversifié leurs services. Leur produit net bancaire est encore substantiellement composé à hauteur de 60% à 65% de marge d'intérêt et le reste des commissions n'est pas lié à des opérations de restructuration de bilan. De plus, la demande institutionnelle est quasi absente et certains grands noms de l'industrie tunisienne boudent encore la Bourse et le marché financier... Il y a fort à parier que ces considérations, sans doute quelque peu sommaires, seront bien plus profondément traitées à l'occasion du 1er Salon de la Bourse et des services financiers.