Des lettres manuscrites de Farhat Hached restituées par la centrale française Vers une restructuration de l'Ugtt La conférence de presse organisée hier par l'Unions générale tunisienne du travail (Ugtt) et la Confédération française démocratique du travail (Cfdt) vient au bout d'un travail initié depuis le mois d'août lors de la visite du secrétaire général de l'Ugtt, Hassine Abbassi, en France. Après deux jours de travail entre les différentes confédérations des deux centrales syndicales, un protocole de coopération a finalement été signé par Hassine Abbassi, d'une part, et François Chéréque (secrétaire général de la Cfdt), d'autre part. Un protocole qui s'étend sur deux années (peut-être plus, selon François Chérèque) et qui prévoit une coopération technique en ce qui concerne le dialogue social, le système des retraites, la protection sociale, l'assurance chômage, la révision du Code du travail, le statut général de la Fonction publique et la responsabilité sociale des entreprises. Le plus grand syndicat français en termes d'adhérents (833.000 en 2009) compte également aider l'Ugtt à se réformer sur le plan de l'organisation interne en apportant son expertise pour la refonte du système de gestion administrative et financière, pour la création d'un système d'archivage syndical mais également en formant les cadres syndicaux tunisiens à la communication interne et externe. «Il faut inévitablement penser à restructurer l'Ugtt, il n'est pas concevable que dans l'Ugtt post-révolutionnaire, nous ayons le même statut qui n'a pas changé depuis le congrès de Djerba en 2001» insiste Hassine Abbassi. «Nous n'avons rien à apprendre à l'Ugtt» François Chérèque explique que le protocole de coopération comprend exclusivement le volet technique. «Nous n'avons rien à apprendre à l'Ugtt en ce qui concerne le travail syndical de base, notre expertise portera uniquement sur les aspects techniques», assure François Chérèque qui rappelle les relations historiques qui lient l'Ugtt et la Cfdt. «Selon les archives, les relations entre l'Ugtt et la Cfdt remontent à 70 ans, c'est-à-dire bien avant les guerres d'indépendance puisque nous avions soutenu, dès le départ, la création d'un syndicat tunisien et c'est tout naturellement que dans cette période particulière que vit la Tunisie, nous sommes venus proposer notre expertise dans divers domaines», explique-t-il. Cette coopération qui sera très certainement riche en événements sera financée par la Cfdt pour les déplacements de ces cadres et formateurs en Tunisie et par la Cfdt dans le cas des déplacements effectués par les cadres de l'Ugtt. Un trésor inestimable offert à l'Ugtt En échange d'un tableau représentant un olivier en argent, c'est un véritable trésor qu'a offert le secrétaire de la Cfdt à son homologue de l'Ugtt. Il s'agit d'archives de l'Ugtt dont ce syndicat français était en possession, notamment des lettres manuscrites signées de la main même de Farhat Hached. Hassine Abbassi admet que la centrale syndicale a du mal à réunir ses archives éparpillées un peu partout et que ce cadeau de la Cfdt est une occasion pour rappeler à tout le monde que les documents relatifs à l'organisation syndicale sont la propriété exclusive de l'Ugtt. «Les crises successives qu'a connues l'Ugtt entre 1957 et 1986 ont appauvri nos archives car à chaque crise, nous perdons des documents d'une importance historique», dit-il. Le secrétaire général de l'Ugtt n'a pas manqué de lancer un appel aux syndicalistes disposant de documents de l'Ugtt pour qu'ils restituent ce qui ne leur appartient pas, tout en rappelant qu'il a déjà fait savoir au ministre de l'Intérieur Ali Larayedh, la volonté de la centrale syndicale d'entrer en possession des archives dont dispose son ministère. Hassine Abbassi s'est par ailleurs engagé à défendre la constitutionnalisation du travail syndical.