JUBA, Soudan (Reuters) — L'ancien dirigeant rebelle, Salva Kiir, a prêté serment hier en qualité de premier président élu du Sud-Soudan, région qu'il pourrait conduire vers l'indépendance après un référendum prévu en janvier prochain. Kiir a remporté l'élection organisée en avril face à son ancien allié et seul rival, Lam Akol, avec près de 93% des voix. Akol conteste ce résultat en justice et accuse le Mouvement de libération du peuple du Sud-Soudan (Splm, parti de Kiir) de fraudes et manœuvres d'intimidation lors du scrutin. Le Splm a mis fin à 22 ans de guerre civile en 2005 avec un accord de paix conférant au Sud son premier gouvernement et un partage de ressources. Le document prévoit aussi un renforcement de la démocratie et permet aux Sudistes de tenir un référendum sur leur éventuelle sécession qui est fixé au 9 janvier 2011. "L'ensemble du système qui soutient l'Etat soudanais depuis l'aube de l'indépendance demeure en place et se trouve actuellement à un stade de décomposition avancé", a déclaré Kiir lors d'une cérémonie à laquelle assistaient environ 3.000 personnes, dont le Président ougandais, Yoweri Museveni, et son ancien homologue kényan, Daniel Arap Moi. Des désaccords répétés sur l'application de l'accord de paix ont créé un vif mécontentement dans le Sud, où la corruption ternit en outre la réputation du gouvernement régional. Sur le plan national, Kiir deviendra aussi premier vice-président, autrement dit l'adjoint du Président Omar Hassan Al Bachir, et les deux hommes formeront un nouveau gouvernement qui devrait être présenté début juin. Les anciens ennemis devront s'employer à délimiter la frontière contestée entre le Nord et le Sud, le long de laquelle se trouve une grande partie des gisements de pétrole soudanais, et à définir une citoyenneté avant le référendum, que la plupart des analystes s'attendent à voir déboucher sur une sécession. Al Bachir compte militer pour l'unité nationale, mais si la position officielle du Splm va dans le même sens, Kiir et d'autres responsables du parti tiennent des propos séparatistes de plus en plus marqués depuis un an.