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Signes cliniques d'un mouvement hospitalier
Internes et résidents en médecine
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 11 - 2012

C'est la grogne chez les internes et résidents en médecine. Cela dure depuis l'été : grèves et menaces de grève dans tout le pays.
Malgré un accord conclu avec le ministère de la Santé, les jeunes praticiens hospitaliers restent mobilisés. Pour s'en sortir, ils préconisent un traitement de fond et un traitement de crise. Reportage à la centrale de réanimation de l'hôpital Charles-Nicolle, à Tunis.
«Entrée interdite sans tenue grise» : à l'unité de réanimation de l'hôpital Charles Nicolle, sise au premier étage, les consignes sont strictes. L'application aussi. Le service, nouvellement bâti, est un modèle dans la ruche des établissements hospitaliers en Tunisie.
Ici, tout est parfait...ou presque : à 15h30, les internes et les résidents doivent rejoindre la faculté de médecine où se tiendra une assemblée générale à l'appel de leur syndicat. On en parle furtivement. La matinée ne fait que commencer. Priorité aux malades intubés. Après un tour effectué dans les chambres en compagnie des «seniors», les résidents et les internes de la «Réa» enchaînent sur un rythme de travail, habituel et soutenu. Entre la chambre du malade et la salle de soins, Najla Essafi, résidente en deuxième année, rappelle avec insistance : «Nous sommes mobilisés pour nos droits». Rien de plus, rien de moins.
Le roulement pour faire baisser la tension
L'accord qui vient d'être conclu entre le ministère de la Santé et le Syndicat des internes et résidents en médecine de Tunis n'a pas fait baisser la tension. Certes, le ministère s'est engagé à respecter les accords signés au mois de juillet dernier. Cependant, la loi 2010-17 sur le service civil reste en vigueur. Telle une sentence : «Cette loi est injuste...Pourquoi s'applique-t-elle aux médecins ? Devrions-nous payer cher nos années de spécialisation ?», s'étonne la résidente en réanimation.
Cinq ans d'externat, deux ans d'internat, un concours de résidanat avant d'accéder au grade de médecin spécialiste. Près de 90 heures de travail par semaine, des gardes d'affilée, un smic horaire «peu respectable mais respecté» ... Et cette loi qui fait polémique: «Ça concerne aussi bien les hommes que les femmes qui ont plus de 28 ans», précise Erij Werghemi, 24 ans. En première année d'internat, le jeune homme remplit ce matin les dossiers d'admission des patients. Il renchérit : «Quand je pense qu'un jour je pourrais être poursuivi en justice ....»
Plus de 170 médecins ont déjà été convoqués par le tribunal militaire pour ne pas s'être pas présentés au service national. A la surprise des praticiens. Car, faut-il rappeler que la loi promulguée en 2010 n'a pas été appliquée du temps de l'ancien régime. Elle a refait surface sous le gouvernement de transition avant d'être abandonnée face à la colère des spécialistes. Elle sera de nouveau réactivée par l'actuel gouvernement qui, à son tour, confronté à la menace de grève, va donner son accord au mois de juillet dernier pour abroger la loi...Trois mois après, volte-face. «Les promesses non pas été tenues. Cela nous a fait mal».
Najla Essafi reprend: «Nous ne sommes pas contre le service national, encore moins contre le fait de soigner les Tunisiens dans les zones les plus éloignées.... Sauf qu'au bout d'une année, dit-elle, «on risque de perdre une opportunité de travail stable et rester au chômage. On n'a pas de garanties». La résidente est convaincue que des solutions existent, autres que cette loi pour remédier à la pénurie de médecins à l'intérieur du pays. «Nous pouvons établir un système de convention entre les hôpitaux régionaux et les CHU en y affectant périodiquement un résident et un titulaire d'un service donné ; grâce à ce roulement, on améliore d'abord la formation des résidents, on assure la présence sur place d'un titulaire qui sera d'un grand secours pour le médecin résident, ensuite, les cas compliqués y seront mieux traités, enfin je pense que le médecin titulaire et le résident sont les plus à même d'évaluer les besoins réels de chaque zone, de chaque région».
Un traumatisme pour les praticiens
A la centrale de réanimation de Charles Nicolle, internes et résidents ne cachent pas leur satisfaction quand ils parlent du matériel, de l'hygiène et de l'organisation. Et évoquent avec désarroi leur passage dans les urgences : «Un cauchemar», lance Chaïma Habouria, interne. Elle raconte qu'un soir, pendant sa garde, un malade diabétique l'a insultée parce que «je n'avais pas, dit-elle, à ma disposition les bandelettes pour mesurer sa glycémie. Il s'est mis à crier en proférant des injures». L'interne remarque que «plus le cas d'urgence est grave, moins le patient et ses proches sont agressifs». Paradoxal mais justifié : «Il y a des gens qui viennent juste pour semer la zizanie...Notre devoir est de les écouter avant de les prendre en charge».
La sécurité dans les hôpitaux est aussi l'une des principales revendications du mouvement des internes et résidents, qui affirment être les premières victimes des agressions. Un vrai traumatisme pour les praticiens encore en formation. «Au service d'urgence, c'est l'interne qui accueille généralement le malade», lance Abir Medini, en première année d'internat. «Ce n'est pas de ma faute, s'il y a un manque de matériel, s'il n'y a qu'un seul brassard à tension, si je suis encore en formation et que je suis dans l'incapacité de prescrire les médicaments». Abir explique comment elle doit réviser ses fiches avant de consulter le malade, comment elle doit assumer une responsabilité qui n'est pas la sienne. «Je ne maîtrise pas encore le corps humain, les patients ont du mal à l'admettre d'où leur colère parfois et la crise de confiance entre médecins et citoyens». L'interne exige davantage d'encadrement et d'assistance de la part des supérieurs et une meilleure formation pratique. «La théorie n'a aucun sens dans un bloc opératoire si on ne maîtrise pas la technique».
Alors qu'ils doivent effectuer environ huit gardes par mois, (celles-ci commencent à 8h du matin pour finir à 13h30 le lendemain), les futurs médecins rappellent l'importance du repos de sécurité, de la récupération et insistent pour que leur droit au repos soit mentionné dans leur statut en gestation. «Comment éviter les erreurs médicales quand on est fatigué ? Etre en forme, c'est pour le bien du malade...», estime la résidente Nejla Essafi.
Des commissions devraient être mises en place pour donner vie justement au futur statut des internes et résidents. «Il est temps de préciser nos droits, nos devoirs. Nous avons une responsabilité médico-légale qui doit être définie par la loi». Ahmed Ghattas, médecin résident en troisième année, se prépare à passer les examens de fin de spécialité et s'interroge à peine sur son poste d'avenir «Dans le privé? Dans la fonction publique ? Je sais simplement que je dois me débrouiller tout seul... ».
Une sonnerie retentit pour rappeler les médecins de garde en réanimation. Avant de filer, le résident Ahmed Ghattas, ajoute : «Les régions à l'intérieur du pays ont besoin d'une totale restructuration en matière de santé» ...Pour lui, la loi en vigueur est une solution temporaire aux effets désastreux sur sa vie privée. «Ma femme et moi, nous y sommes soumis...Aucun d'entre nous n'y échappera. Nous avons un bébé d'un an et demi que je risque de ne pas voir grandir. Déjà avec mon rythme quotidien, je suis rarement avec lui. Mon fils quand vous lui montrez un téléphone, il se met à crier «papa »...Il m'identifie au portable... Il m'entend au bout du fil plus qu'il ne me voit» Délire d'un père ou «délire de réanimation» ? Le médecin est déjà parti pour une énième consultation...


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