En dépit de l'interdiction par le ministère de l'Intérieur de toute forme de rassemblement et de manifestation sur l'avenue Habib-Bourguiba durant la journée d'hier, ainsi que l'appel du mouvement Ennahdha, hier même à travers un communiqué, à éviter de descendre sur ladite avenue, une quarantaine de personnes se sont regroupées, vers midi, devant le Théâtre national pour manifester. Sachant que l'appel d'Ennahdha, qui a mis en garde contre «le risque de voir la situation sur le terrain dégénérer-», vient suite à l'autorisation qu'elle a obtenue pour organiser une marche sur l'avenue Bourguiba. Ennahdha a également appelé, dans son communiqué, «les forces de la révolution» à maintenir la vigilance, à faire montre de détermination pour la réalisation des objectifs de la révolution et à «accomplir leur mission de sensibilisation et de pression». Constatant que le groupe initial a commencé à prendre de l'ampleur, quelques éléments parmi ce groupe, reconnus comme étant des encadreurs des manifestations des nahdhaouis, ont incité les manifestants, quelque temps après, à aller vers l'avenue Mohamed-V, ce qui a été fait dans le calme et avec un important déploiement des forces de l'ordre. Lors de son passage à travers l'avenue Bourguiba, la foule de citoyens, brandissant le drapeau national et des banderoles, à laquelle se sont joints quelques centaines d'autres manifestants brandissant à leur tour des drapeaux distinctifs des groupes salafistes, s'est arrêtée devant le ministère de l'Intérieur. «Pas de retour, pas de liberté pour la bande destourienne», «Ô jeunesse, révolte-toi contre les restes du dictateur», ont été parmi d'autres slogans outre une banderole signée «conseil de la protection de la révolution» sur laquelle on pouvait lire «Ô système de la corruption, notre révolution est celle de la dignité pour tout le peuple. Lâchez le salafiste et arrêtez le Rcdiste corrompu». Après avoir émis quelques slogans dénonciateurs du silence du ministère de l'Intérieur face à «la violence de l'Ugtt», la foule est allée s'installer devant l'ancien siège du RCD sur l'avenue Mohamed-V, vers 13h00, où elle a été rejointe par un groupe de salafistes de «Ansar Achariaâ» venus de la place des Droits de l'Homme et réclamant la libération des salafistes arrêtés. Plusieurs slogans et chants ont été entonnés appelant à la ratification du processus syndical au sein de l'Ugtt et à «l'assainissement» de cette organisation «des corrompus et des malfaiteurs». «Le peuple veut criminaliser la grève», «Ô Hached, l'Union a brûlé le pays», «Nida Tounès ne passera pas», «Fidèles, fidèles, ni RCD, ni Nida», «RCD, dégage.», «Jugez les corrompus ou laissez-nous les juger», étaient d'autres slogans des manifestants, qui étaient encadrés par des membres des ligues de protection de la révolution, portant des dossards distinctifs. Ils ont invectivé l'Ugtt et son secrétaire général, outre l'incitation du gouvernement à respecter les objectifs de la révolution.