Les Béjaois en ont rêvé, les Cigognes l'ont fait... Armés de bravoure, les hommes de Belhout ont su finalement contrecarrer les plans du détenteur du trophée et achever la saison de la plus belle des manières. Cette équipe de Béja est surprenante. Elle confirme l'adage qui veut que la Coupe ne réponde à aucune logique. Certes, jouer les trouble-fête et se présenter en outsider, sied à cette étonnante formation. Toutefois, l'ambition aidant, l'OB a su allier rigueur et détermination pour se hisser au niveau de l'événement et venir à bout du grand favori de la rencontre. Une ambiance des plus conviviales, une affluence record pour un classique de ce genre, un public surchauffé, tout était réuni pour que cette apothéose reste gravée dans les annales. En dépit d'une différence de style et d'approche de jeu, les deux techniciens-adverses, ont préconisé une orientation de jeu identique. Un 4-2-3-1 qui se transforme en 4-4-2 ou encore en 4-3-3 en phase offensive. Rachid Belhout a opéré avec une pointe, Soltani, un inter-gauche, Garbouj, un inter-droit, Derbali, alors que Mhamedi à la manœuvre et le duo Harb-Camara au quadrillage, sont venus apporter ce soutien offensif en situation de construction. Dans le même temps, sur les côtés, les consignes étaient claires pour Nidhal Nefzi et Rodrigue, soit créer le surnombre et combiner avec les médians. On y associe un axe défensif assez hermétique, composé de la paire Hammami-Matar Bacha et nous voilà en présence d'un onze assez compact et difficile à manier. L'apport du gardien Nefzi aidant, l'OB s'est avéré être un candidat venu pour séduire, convaincre et s'imposer. Cela dit, et quoi que l'on dise, le CSS est passé à côté du match et n'a, à aucun moment, laissé libre court à cette créativité et à ce jeu fluide et léché, cher aux sfaxiens. Ce sentiment de puissance entrevu face au CA et à l'EST ne fut pas au rendez-vous, alors que vraisemblablement, les Clubistes sfaxiens n'ont pas pris la pleine mesure d'un adversaire décidé à monter sur la plus haute marche du podium. Sur 90, voire 120' de jeu, tout est de l'ordre du possible. Les Béjaois y ont mis du cœur, et la passion a fait le reste. Pour revenir au schéma du détenteur, Luka, dont c'était la dernière sortie avec le CSS, a lui aussi opéré avec une seul électron libre offensif, deux animateurs de couloir, soit Maâloul et Touré, deux pivots que sont Chady et Bergaoui, le tout sur fond de reconversions rapides des excentrés ou Maman Youssufu et Fateh Gharbi ont déboulé à maintes reprises, en vain toutefois. Pour revenir à la rencontre, sans atteindre des sommets, elle a valu par son intensité, sa correction aussi, alors que l'attaque a été à l'honneur des deux côtés. Les premières alertes de la rencontre sont à l'actif du détenteur. Coup sur coups, Fateh Gharbi et Youssufu emballent les couloirs et se distinguent par leur vivacité et leur jeu en déviation. En face, Camara fait preuve d'abattage, Mhamdi pose le jeu alors que Soltani et Derbali pressent et ratissent large. A peine 23' de jeu, alors que les débats semblaient équilibrés, une transversale de Saber Mhamdi (un véritable théorème de Pythagore) surprend Youssufu dont le démarrage de Garbouj, dans son dos, le pousse à la faute...La sentence est exécutée par Mehdi Harb, avec beaucoup de sang froid. Il n'en fallait pas plus pour voir les béjaois se libérer, oser et insister pour venir titiller un adversaire encore déboussolé par la tournure des événements. Soltani et Derbali eurent d'ailleurs le K.-O au bout des crampons mais la vista de Ben Salah et un Khalouffi bien sur ses appuis, ont quelque peu retardé l'échéance. Discipline tactique d'ensemble Scénario identique de retour des vestiaires. Le CSS pousse d'entrée, l'OB résiste pour ensuite remonter méthodiquement le terrain. Jeu court à une touche de balle, mobilité, rigueur et variation du rythme, la touche du duo Belhout-Mokrani a été plus que visible alors que le coaching payant du coach algérien a fait le reste. Sentant le match lui échapper, Luka incorpore Guemamdia puis Uché, sans valeur ajoutée sur le jeu des siens toutefois... En face, Nidhal Nefzi, épuisé, laisse sa place à l'ex-Usémiste, Kaïs Makhlouf, pour apporter plus de profondeur sur le couloir gauche. Les minutes défilent mais ni Zaïem, quelque peu maladroit, ni encore Rouid qui finit la rencontre au poste d'avant-centre, n'ont pu rétablir l'équilibre. Ali Hammami était aux anges en fin de rencontres, fier du travail accompli : «Le scénario face au ST s'est reproduit de nouveau. Nous avons mené dès le premier-half pour ensuite gérer le chronomètre et l'adversaire». En dépit d'un ratage monstre et d'une petite forme, Soltani était lui aussi en transe au coup de sifflet final : «Quelle consécration. La communion avec nos supporters est totale».Et au capitaine Saber Mhamdi, à qui revient l'honneur de brandir le trophée des mains du Président de la République, de rétorquer : «A l'exception de deux éléments, tous les joueurs en sont à leur première finale de coupe. Notre inexpérience a été compensée par note enthousiasme et beaucoup de cœur à l'ouvrage. C'est le titre de l'humilité. A titre personnel, je tiens là ma revanche sur l'édition de 1995». Auteur de l'un des buts les plus précieux de l'histoire de l'OB, Mehdi Harb était ému : «C'est le couronnement de toute une saison. A l'exécution du coup de pied de réparation, je me suis appliqué et je n'ai pas eu froid au yeux. J'ai respiré un bon coup et j'ai tiré le penalty le plus important de ma carrière. Pour revenir au match, notre solidarité et notre application ont été payantes. La discipline tactique d'ensemble a été la clé du match». Dans le camp adverse, la déception n'a pas empêché les joueurs de se comporter en véritables professionnels. Le «silenzio stampa» n'a pas été décrété et les déclarations ont été empreintes de respect envers l'adversaire : «L'OB mérite amplement sa victoire. On n'a pas joué sur notre vraie valeur et l'opportunisme adverse a fait le reste. Nous étions dans un jour sans. Certes, le penalty est précédé d'une légère charge sur Youssufu mais l'OB a su provoquer sa chance pour, par la suite, se frayer un chemin vers la plus haute marche du podium». Fair-play à souhait, Riadh Charfi admet que la coupe a souri aux plus audacieux. C'est aussi ça le football. Indépendamment de toute exigence de résultats, ce sport roi véhicule des valeurs telles que l'esprit sportif. Au final, nous avons eu droit à un beau vainqueur et un beau vaincu.