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Déclins et émergences
17 décembre 2010 — 17 décembre 2012

17 décembre 2010, 17 décembre 2012. Un mois de révolte, une saison de transition, des élections et un an d'exercice et d'effervescence politiques... Le temps de redéployer bien des cartes dans le paysage politique national et dans ce microcosme qu'est Sidi Bouzid... Le temps est aux divorces, aux déceptions, aux déclins mais aussi aux émergences et aux nouvelles alliances...
Al Aridha : dissoute dans la nature
La plus grande surprise du scrutin du 23 octobre réside dans le phénomène Hachemi Hamdi, le candidat «parabolique», qui a mené sa campagne, tambour battant, via les ondes de sa chaîne Al Mustakella émettant à partir de Londres. Ses adeptes-candidats, d'illustres inconnus à Sidi Bouzid, quasi absents pendant la campagne électorale, ont pourtant devancé Ennahdha et raflé le plus de sièges ici. Trois sur les huit représentants bouzidiens de l'ANC appartiennent à la Pétition populaire (Al Aridha Achaâbiya). Ses électeurs ? Beaucoup d'hommes et de femmes de bonne foi, vivant dans les vastes campagnes, qui assiègent la ville. Ils ont passé avec le fringuant «Docteur Hamedi» des soirées entières, bercés par ses discours populistes. Ils ont cru à ses folles promesses : gratuité du système de santé pour tous et du transport pour les plus âgés, prime de 200 dinars octroyée aux 500.000 chômeurs tunisiens...
Mais Al Aridha a mobilisé un autre public, celui-là souterrain, encore bien implanté que maîtrisent les omdas, cheikhs et anciens cadres du RCD partout dans les zones rurales (2.000 cellules destouriennes quadrillaient jusqu'à la révolution la ville de Bouazizi et ses environs). Trois jours avant les élections, ils ont appelé à voter dans le secret de la clandestinité pour Hachemi Hamdi, ancien propagandiste de Ben Ali. Pari gagné.
Toutefois, l'épreuve du pouvoir n'a pas été favorable à la Pétition populaire à Sidi Bouzid. A l'image de leur président, un sérial «retourneur» de veste, les représentants de la Aridha ont écouté le chant des sirènes provenant de l'Union patriotique libre ou de Nida Tounès.
Al Aridha s'est dissoute dans la nature complexe et opaque de la géopolitique bouzidienne...
Ennahdha : en perte de vitesse
A Sidi Bouzid, seul gouvernorat où Ennahdha a perdu le premier rang dans les scores des élections, le parti serait, aujourd'hui, en perte de vitesse, de l'avis même de ses électeurs. Dans les cafés, les rues et la campagne de Sidi Bouzid, on parle de «promesses non tenues» et de «crise de confiance» qui amène ces mêmes électeurs à regretter leur choix et à jurer de ne plus donner leurs voix.
Mohamed Ettahar Chokri, secrétaire général du bureau régional d'Ennahdha à Sidi Bouzid, est loin de partager ce constat. Pour lui, «El Aridha n'étant qu'une supercherie électorale nourrie au discours populiste et aux restes des pulsions tribales, les prochaines élections rendront à Ennahdha son dû : une première place avec 40% des voix».
Le mécontentement populaire n'a, de son avis de fondement que dans la récupération et l'amplification dont usent quelques partis minoritaires; «les blessés des élections», les anciens sympathisants du régime de Ben Ali et les médias. «Le reste de la population est une majorité silencieuse constituée de bons petits paysans qui appellent de tous leurs vœux à la continuité de l'Etat, à la stabilité et à la légitimité. Et c'est sur ce terrain qu'Ennahdha répond à leurs attentes».
Le parti serait même, selon lui, en train de remporter l'épreuve du pouvoir, en dépit de toutes les apparences. «Ce qui le bloque encore quelque peu, c'est la persistance du système de corruption qui ralentit ses programmes et ses réalisations. Celles-ci seront d'ici peu visibles à l'œil nu».
Au constat qui montre que les jeunes nahdhaouis quittent massivement le parti pour trouver repères dans le salafisme, le militant d'Ennahdha répond : «Les dirigeants du courant salafiste ne sont autres que les enfants de nos militants et de nos dirigeants. Il y aura toujours dialogue entre nous et ils finiront par rentrer au bercail».
Nida Tounès : en construction discrète
Le 2 septembre dernier, une cinquantaine d'hommes barbus, bardés d'armes blanches, envahissent l'hôtel Horchani au centre de Sidi Bouzid, saccageant et brûlant son bar. Ils détruisaient ainsi le dernier point de vente d'alcool de la ville. Etait-ce leur seul objectif? Probablement non. Surtout lorsqu'on fouille dans les réseaux du propriétaire : Jamil Horchani, 62 ans, homme d'affaires et ancien destourien est aussi le coordinateur général de Nida Tounès à Sidi Bouzid.
Et même si le siège local du parti de Béji Caïd Essebssi n'a pas encore pignon sur rue, en janvier 2013, douze bureaux ouvriront leurs portes dans les délégations. «Nous sommes en phase de construction», souligne Jamil Horchani. Une préparation discrète, sans grand bruit, presqu'en catimini évitant les confrontations avec les autres forces politiques, destinée essentiellement à recruter les bases du parti et ses dirigeants futurs. Notamment parmi les jeunes diplômés. Le travail de prospection et d'échange se poursuit plus loin, dans les campagnes, avec les agriculteurs. C'est cette proximité qui permettra au parti, selon son coordinateur, de concevoir un projet de développement de la région à partir de ses spécificités et des attentes de sa population.
Pour Attia Athmouni, ancien dirigeant local du PDP et président d'un nouveau parti, Nida Tounès a beaucoup de chances de rafler les voix de la Pétition populaire lors d'un prochain scrutin «à condition, insiste-t-il, qu'il renonce à recruter les figures «grillées», trop impliquées avec le régime de Ben Ali».
Face à la machine d'Ennahda, les prochaines élections risquent une fois encore de faire réagir dans les campagnes de Sidi Bouzid, qui occupent 75% du territoire, toutes les cellules dormantes destouriennes. Mais au bénéfice de qui ? Plusieurs voix chuchotent déjà le nom de Nida Tounès...
Le Front populaire : en accord avec l'esprit révolutionnaire
Toujours en avance d'une guerre, avant même la création du Front populaire en août dernier, Sidi Bouzid, avait réuni dans le Front des forces du 17 décembre plusieurs partis de gauche, de l'opposition et de la mouvance nationaliste : le POT, le Watad, Al Baath, le PDP... Le Front populaire, qui a trouvé dans ce berceau de la révolution un terrain favorable à ses valeurs d'obédience socialiste d'équité, de justice et de protection des couches sociales les plus fragiles a ouvert le bureau de sa coordination locale en octobre 2012. Le Front de Hama Hammami rallie très vite beaucoup de leaders du soulèvement du 17 décembre, dont Nejib Bayawi, désigné coordinateur régional de la coalition. Et lorsqu'en octobre dernier, la population de Sidi Bouzid, après la grève générale du mois d'août, qui intervenait dans un contexte économique difficile, des coupures d'eau et d'électricité en plein mois de ramadan ajoutées à une paralysie de l'administration, décidait de «dégager» un gouverneur à l'écoute uniquement, selon plusieurs témoignages, des directives de son parti, le Mouvement Ennahdha, c'est le Front, qui a mené les manifestations.
Seule faiblesse : une absence de ses structures dans les campagnes. Mais Nejib Bayawi est confiant : «le discours clair, vrai et accessible de Hamma Hammami atteindra un jour ou l'autre les coins les plus reculés de la Tunisie».
Mouvance salafiste : dans l'ombre du saint patron...
Présentée bien avant la révolution, la mouvance salafiste est celle qui semble rallier le plus massivement les jeunes de Sidi Bouzid. Aucun chiffre n'est avancé. Mais la mosquée Habib Bourguiba est témoin de ces ralliements. Fief et lieu de rencontre privilégiés avant la prière d'Al Icha, la mosquée sert aussi de lieu de recrutement. Il y vient des jeunes déçus d'Ennahdha, comme des repris de justice à la recherche de repentance, ou simplement de reconnaissance, de sécurité et surtout d'un statut valorisant dans le quartier. Et le milieu s'ouvre à eux comme un nid protecteur et douillet. Ils y sont certes contrôlés, surveillés pour leur fidélité et leur assiduité aux prières, mais ils y gagnent surtout d'une sécurité financière, sociale et psychologique introuvable ailleurs. Pour l'équilibre sentimental, une sœur à marier est présentée en offrande et des noces sont conclues. De la caisse spéciale de solidarité, une somme de deux cents dinars est versée au novice qui est aussitôt propulsé dans le monde prospère des commerces salafistes. Trafic de pétrole, de fuel, et de fer sur la frontière avec l'Algérie ou, selon les saisons, exportation de légumes vers la Libye. Les réseaux salafistes ne s'en cachent pas ; la loi positive ne les contraint même pas. Quand ils ne font pas de jihadisme pur et dur, c'est à une sévère application des lois de la chariaâ qu'ils s'adonnent à corps défendant. Au quotidien, ils partent à la chasse des commerces du vin. A leur actif, l'attaque spectaculaire d'un hôtel au moins et l'annulation «prodigieuse» d'un festival international. Le festival de Sidi Ali Ben Aoun qui faisait partie du patrimoine immatériel de la région et drainait 650.000 Tunisiens et étrangers dut à jamais fermer ses portes après une dernière édition conclue en août 2010. Sidi Ali Ben Aoun n'a désormais qu'un saint patron unique et sans concurrent : son enfant Al Khatib Al Idrissi, le jihadiste qui pèse de tout son poids sur la région et rayonne bien au-delà...


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