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Les outsiders d'Ennahdha
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 11 - 2011


Par Hatem M'RAD
En Tunisie, d'après les élections du 23 octobre, les deux partis laïques importants qui, désormais dans la vie politique, feront face aux islamistes d'Ennahdha seront l'un de centre-gauche(CPR), l'autre social-démocrate (Ettakatol). On a donc un duopole entre, d'un côté, les islamistes, qui promettent d'être modérés et démocratiques sur le modèle turc (on verra), et de l'autre, la gauche modérée.
Le basculement à gauche s'explique pour les non-islamistes, tout comme le vote vers les déshérités pour les islamistes. Socialement, ce vote est beaucoup plus le vote du pauvre et du chômeur, déterminés par des considérations économiques et sociales, comme au premier temps de la révolution à Sidi Bouzid, Kasserine et Thala, que le vote politique pur ou le vote du croyant ou de l'islamiste en quête d'un Dieu réconfortant. C'est ce qui explique, entres autres, l'apparition de la liste d'Al Aridha, dont le discours électoral a été franchement populiste, dans le sens économico-social, tout comme celui d'Ennahdha. Le vote islamique reste dans le monde arabe le vote des quartiers populaires et des zones démunies. Le vote du 23 octobre ne semble pas être un vote pour la démocratie politique, ni pour la Constituante, un luxe inaccessible au pauvre et à une masse dotée de très peu de savoir et d'expérience politique. Il a été plutôt perçu comme un vote d'appel au secours économique. C'est un vote non pas politique, mais un vote assurant la revanche sociale des déshérités du Sud, du Nord Ouest et du Centre-Ouest contre la corruption du pouvoir et de ses proches et contre les bourgeoisies du Grand Sahel et du Grand Tunis. C'est pourquoi on trouve derrière les islamistes, le CPR, Ettakatol, et même Al Aridha : gauche modérée et «gauche» révoltée, aux contours confus pour cette dernière. Les libéraux existent certes, mais sont loin du compte.
Ce type de vote atteste que la classe moyenne n'est plus le pilier ou le soutien du régime politique, garante de sa stabilité, comme le voulait Bourguiba. Les partis représentant la classe moyenne, traditionnels ou nouveaux, ont engrangé peu de suffrages par rapport à Ennahdha : Ettakatol et CPR, malgré leur progression, PDP, Al Moubadra, Afek Tounes ou le MDS. Alors que, d'une part, deux partis populaires et populistes sont en hausse, Ennahdha, Al Aridha, et d'autre part, un autre parti, le CPR, a réussi aussi à attirer les suffrages populaires dans l'ensemble du pays et dans les zones déshéritées. Une bonne partie du peuple a pu sans doute se reconnaître dans le discours de ce dernier, volontairement ou stratégiquement proche des humiliés et des humbles. On peut ainsi sans conteste dire que les outsiders d'Ennahdha sont en grande partie de gauche, du centre-gauche, avec l'adjonction d'un soupçon de populisme, comme la tendance générale du vote lui-même. Quelles sont ces tendances ?
I) La percée du Congrès pour la République (CPR)
Le CPR est le plus important parti laïque qui émerge de cette élection. Il s'agit d'un parti de centre-gauche, créé en 2001 et dirigé par Moncef Marzouki, un militant intransigeant contre la dictature de Ben Ali. Il obtient exactement le tiers des sièges d'Ennahdha (30 contre 90), mais beaucoup moins que le tiers en nombre de voix par rapport à lui (345.043 contre 1.501.418 pour Ennahdha) et 13,82% par rapport à l'ensemble des suffrages exprimés (3.702.627). Le CPR est bien implanté, il vient en 2e position dans 14 circonscriptions, tout en obtenant des sièges dans 29 circonscriptions sur 33. L'ensemble de ses scores font de lui le 2e parti tunisien, qui aura son mot à dire dans l'alliance gouvernementale, dans la répartition des portefeuilles gouvernementaux, ainsi que dans la définition de la feuille de route du gouvernement, à laquelle il compte déjà participer activement. Ce parti semble le plus lié à Ennahdha, en ce qu'il est intransigeant avec les membres et la pratique de l'ancien régime, et défend la vocation arabo-musulmane. Mais ce parti, qui n'est pas près de se défaire de sa philosophie laïque de base, reste viscéralement attaché aux droits de l'homme et aux libertés publiques et individuelles. Et en cela, il se démarque d'Ennahdha. Il reste à savoir jusqu'où va sa concession aux islamistes sur la vocation arabo-musulmane et le prix qu'il est prêt à mettre pour cette concession. Par ailleurs, dans un gouvernement d'alliance avec les islamistes, et dans les affres du pouvoir en général, Moncef Marzouki ne pourra plus se permettre le luxe d'être aussi intransigeant et aussi tranchant sur les principes, comme il l'a été avec Ben Ali, ou du moins jusque-là. On n'assume pas des responsabilités avec une mentalité d'éternel opposant, surtout dans un gouvernement d'alliance.
II) Positionnement attendu d'Ettakatol
Ettakatol , fondé en 2002, est un parti social-démocrate (tout comme le MDS, l'ancien parti de Ahmed Mestiri, duquel se sont détachés certains de ses membres, ainsi que son leader Mustapha Ben Jaâfar), proche des classes moyennes et de certaines branches de la bourgeoisie du Grand Tunis. C'est un des rares partis dont les résultats électoraux ont plus ou moins confirmé les tendances des sondages d'opinion. Il était donc au rendez-vous. Toutefois, les résultats font apparaître qu'il n'est pas bien implanté dans le pays. C'est un parti électoralement localisé, qui gagne à s'étendre s'il espère jouer un jour les premiers rôles. Il a fait d'ailleurs le plein de ses voix dans le Grand Tunis (Tunis 1, Tunis 2, Ariana, Ben Arous) où vont un peu plus de la moitié de ses voix (138 142 sur 254 232). Il est important de signaler que dans ces circonscriptions, il a réussi à se positionner juste derrière Ennahdha. Seul à La Manouba, il arrive en 3e position après le CPR. Ettakatol arrive encore en 2e position à Jendouba.
L'avancée de ce parti doit sans doute beaucoup à la personnalité de son fondateur Mustapha Ben Jaâfar. Autant Moncef Marzouki (CPR) paraît inflexible, cassant, s'agitant dans tous les sens et bourré de certitudes, autant Nejib Chebbi (PDP) a du mal à dissimuler son ambition et son empressement, autant Ben Jaâfar donne l'image d'un homme mûr, patient, mesuré, qui rassure. Ben Jaâfar s'est révélé un véritable homme politique, un homme d'expérience et de synthèse, qui sait allier la fermeté et le compromis politique. C'est un peu «la force tranquille».
III) Le déclin du Parti démocratique progressiste (PDP)
Le PDP du charismatique orateur et fils de bonne famille Nejib Chebbi, un vieux nationaliste récemment acquis aux vertus du libéralisme, était quasi certain de se placer en 2e position derrière Ennahdha. Il était en tout cas un de ces anciens chefs de l'opposition qui considéraient qu'après l'écroulement du dictateur et après la révolution populaire, les portes du pouvoir leur sont grandes ouvertes. Mais l'équation opposant résolu - succès politique n'a pas donné les effets escomptés. Soutenu par de richissimes hommes d'affaires, il a d'ailleurs dépensé beaucoup d'argent en spots publicitaires pour sa campagne en vue de parvenir à ses objectifs. Mais, ce parti solide et farouche opposant à Ben Ali a subi un désaveu cinglant de la part des électeurs. C'est une des grandes surprises de ce scrutin. Depuis la révolution, Chebbi, pourtant un vieux loup de la politique, ne cessait curieusement de donner l'image d'un homme politique décalé. Alors que presque tout le monde voulait l'élection d'une assemblée constituante après la révolution, lui, il appelait curieusement à la modification partielle de la Constitution (à laquelle plus personne n'y croyait) et à l'élection présidentielle (même si le peuple était encore préoccupé par la démolition de la dictature). Alors que tout le monde appelait à écarter les ministres RCD de Ben Ali dans le gouvernement de Mohamed Ghannouchi, lui, il a accepté une charge ministérielle dans un gouvernement composé de plusieurs ministres RCD. Il voulait associer les Rcédistes et les destouriens propres à sa reconquête du pouvoir, alors que le retour des Rcédistes, fussent-ils propres, qui viendra certainement à son heure, une fois passé l'agitation collective, était encore prématuré dans l'esprit des Tunisiens, quoique la stratégie ne soit pas illégitime. Un jour, qu'on l'accepte ou qu'on s'en offusque, on aura peut-être besoin des destouriens convenables pour faire face aux islamistes. C'est la politique. Ce sera une sorte de «compromis historique», comme celui qu'était tentée de faire la Démocratie Chrétienne italienne avec le parti communiste quand ce dernier, en pleine gloire dans les années 1970, était dirigé par Enrico Berlinguer. Chebbi a mal digéré sa «mise à l'écart du gouvernement» par l'audacieux Premier ministre Béji Caïd Essebsi, qui a appelé honnêtement ses ministres à choisir entre la candidature légitime à la Constituante et la nécessaire neutralité d'un membre de gouvernement de transition. Contrarié, Chebbi n'a pas manqué de le montrer, en organisant notamment une conférence de presse pour la circonstance. Alors que tout le monde voulait une campagne propre, réglée, pour une fois, non par le ministère de l'Intérieur, mais par une Instance supérieure indépendante, il n'a pas voulu respecter la règle du jeu relative au seuil de financement de sa campagne électorale. Mauvais joueur. Au surplus, le leader du parti montrait une grande avidité pour le pouvoir dans toutes ses démarches. Ce n'est pas un hasard s'il a fini par lasser les électeurs par son jeu stérile et par des certitudes mal perçues, surtout par les électeurs des zones déshéritées. Pour un takaddoumi ( progressiste), il donnait l'image d'un conservateur ou d'un aristocrate, image certainement mal perçue dans le difficile contexte économique et social du pays. Même s'il n'a jamais, lui, versé dans la facilité du populisme. En comparaison, les électeurs laïques ont préféré aussi bien le CPR de Moncef Marzouki, plus tranchant dans ses positions électorales, sur la dictature, sur les valeurs démocratiques, sur l'argent politique, que le rassurant Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar. D'où la double surprise : la montée spectaculaire des uns (CPR et Ettakatol) et le non moins spectaculaire déclin de l'autre (PDP). Ce dernier comptait ainsi obtenir au moins une quarantaine de sièges, il n'en a eu que 17, c'est-à-dire 7,83% des sièges. Et il n'a obtenu que 116 849 voix. Pire encore, les listes d'Al Aridha ont fait mieux que lui en obtenant 19 sièges. Humiliant.
IV) Al Aridha ou la Pétition «populiste»
Al Aridha n'est pas un parti politique, mais un ensemble de listes représentant un mouvement de protestation tribale, une série de listes quasi anarchiques, sorties de nulle part, propulsées par Hachemi Al Hamdi, originaire de Sidi Bouzid, propriétaire d'une chaîne satellitaire, Al Mostakilla, qui émet à partir de Londres, une chaîne destinée à servir les ambitions politiques de ce riche homme d'affaires. Cet homme a versé dans tous les extrêmes. Il a été tout autant un islamiste dissident d'Ennahdha, avec laquelle il a beaucoup d'inimitié, qu'un instrument d'embellissement de l'image de Ben Ali. Al Aridha a obtenu dans les premiers résultats 27 sièges au total, avec un plafond à Sidi Bouzid : 48 022 voix ( Ennahdha : 19 698). Un score qui l'a classée première, devant Ennahdha, dans la circonscription avec 3 sièges. Aucun parti n'est arrivé à l'emporter sur Ennahdha dans aucune circonscription. Si la Haute instance pour l'élection n'a pas invalidé 6 de ses listes en vertu du décret-loi électoral portant sur les financements privés et étrangers de la campagne électorale ou en vertu de l'interdiction posée aux responsables de l'ancien parti au pouvoir, du RCD dissous, de se porter candidat, son mouvement aurait fait un raz de marée, et il l'a presque fait. Le nombre de ses sièges est ramené à 19 après cette invalidation. En fait, il semble que ces listes ont bénéficié des réseaux de l'ancien parti au pouvoir, désireux de revenir aux premières loges à travers des listes indépendantes méconnues (stratégie collective du RCD dissous ou stratégie individuelle de certains de ses membres ?).
«Pétition Populaire» illustre la naissance d'un populisme, habituellement hors des traditions politiques tunisiennes (sauf à considérer que Ben Ali a été populiste à sa manière, un populisme ne représentant certes pas un mouvement populaire, comme c'est le cas ici, mais un populisme de discours). On peut penser que le terreau fertile du populisme s'enracine à la fois dans la pauvreté de masse du Sud et du Centre-Ouest tunisien et dans l'humiliation. Cela nous rappelle l'humiliation vécue par l'Allemagne entre- les- deux guerres dans un contexte de défaite militaire nationale, de crise économique et de diktat étranger, choses qui l'ont jetée dans les bras du fascisme brun. En Tunisie, cette humiliation est entretenue par des années de corruption, d'arrogance de riches parvenus, sans autre mérite que la proximité du pouvoir, et par l'abandon d'un grand nombre de régions déshéritées du pays, dont les populations n'arrivaient plus à se sentir tunisiens au même titre que leurs «compatriotes» des grandes villes et des régions du Nord et des côtes du Sahel. Ce n'est pas un hasard si le thème de la dignité est apparu dans les discours et programmes de beaucoup de partis, associations et mouvements de la société civile. Voilà l'arrière-plan du succès de ce mouvement populiste dans cette élection. En un mot, les listes d'Al Aridha sont un concentré de déceptions : de la dictature, d'Ennahdha, de la pauvreté, du chômage, du déséquilibre régional. Un richissime sans moralité politique a fini par donner un sens à cette déception, en manipulant des déçus réels à des fins politiques qui les dépassent, dans un contexte de crise économique et de troubles politiques. On est là dans le style du fascisme.
V) Les outsiders des partis outsiders
Pour les nouveaux partis nés après la Révolution, ceux qui ont réussi à se faire vite un nom et à obtenir des sièges à l'Assemblée constituante sont incontestablement le parti Al Moubadra (L'Initiative) qui a récolté 5 sièges et Afek Tounes (Perspectives Tunisie), un parti libéral créé par Mohamed Louzir, et qui a obtenu, lui, 4 sièges. Ceci est d'autant plus remarquable que d'autres vieux partis d'opposition, réputés pour leur militantisme, comme Ettajdid, qui s'est présenté dans le cadre d'un pôle composé de cinq partis, de mouvements citoyens et d'indépendants, le PDM (5 sièges) et le MDS (2 sièges) ou le Pcot de Hamma Hammami (3 sièges) ont eu très peu d'attrait électoral.
Hezb Al Moubadra est un parti centriste de tendance destourienne, créé par Kamel Morjane, le dernier ministre des Affaires étrangères de Ben Ali, ayant la vocation de rebâtir le mouvement destourien, et il n'est pas le seul, sur de nouvelles bases, qui accepte de faire une lecture critique de l'héritage destourien et rcédiste. Ce parti n'a pas voulu rejoindre, avant les élections, l'Alliance Républicaine, qui réunit un grand nombre de partis de la famille destourienne et rcédiste ( une cinquantaine). Al Moubadra a obtenu, tout comme le PDM, 5 sièges. Mais, en obtenant 97 489 voix, il obtient en nombre de voix le double du PDM, qui a obtenu juste 45 338 voix. Al Moubadra a en effet une forte présence à Sousse et à Monastir, fiefs traditionnels des destouriens, dans lesquels il a obtenu la quasi-totalité de ses voix (il a obtenu peu de voix à Mahdia).
Afek Tounes est, quant à lui, un parti BCBG, libéral, petit bourgeois, élitiste et francophone, qui compte un grand nombre de binationaux en son sein, et qui joue un peu trop sur le marketing politique et la séduction médiatique. Son mérite, c'est qu'il représente un nouveau courant auquel semblent se reconnaître beaucoup de Tunisiens. Il a obtenu 4 sièges dans les circonscriptions de Nabeul 1, Mahdia, Sfax 2 (où pourtant le PDP n'a obtenu aucun siège), et Médenine où, curieusement, il vient en 3e position après Ennahdha et le CPR. Mais, pour un parti qui compte plusieurs binationaux, il n'a obtenu aucun siège à l'étranger, en Europe.


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