La ville envahie par les rongeurs et a épuisé ses moyens de lutte La ville de Zarzis a été envahie depuis 2003 par des rongeurs qui auraient débarqué, probablement, d'outre-mer, à travers le port commercial, juste à côté du parc d'activités économiques. Des gerboises qui sont parmi les espèces les plus nuisibles à l'homme, en tant que destructrices des denrées alimentaires et agents transporteurs de maladies, avons-nous appris. Omnivores, ces animaux ravagent tout sur leur passage. Ils se déplacent en hordes, ne sortent que la nuit, prolifèrent d'une façon vertigineuse et leur ouïe est très développée. Après le port commercial, le port de pêche, le centre-ville et les quartiers ouest, ces rats noirs ont envahi la zone touristique, malgré les efforts accomplis pour éradiquer ce fléau. Maintenant, la situation n'est plus maîtrisable, aux yeux de tous. Elle est très critique. Même les prédateurs naturels comme les hiboux et les chouettes qui existent actuellement, à Zarzis, en grand nombre, ont du mal à traquer ces gerboises. Les campagnes de dératisation auxquelles avaient participé les ministères de l'Environnement, de l'Agriculture, de la Santé, de l'Equipement ainsi que la municipalité de la place n'avaient servi à rien et n'avaient pas pu endiguer le mal. Bien au contraire, les raticides servis en appât ont exterminé les chats. «On a beau multiplier les campagnes de propreté, diversifier les techniques de traque de ces rongeurs, engager des sociétés spécialisées dans la dératisation, rien à faire. On est complètement débordé. A mon avis, seul un conseil ministériel restreint (CMR) serait en mesure de résoudre le problème», nous dit le secrétaire général de la municipalité. Lotfi J., infirmier qui travaille au service de nuit à l'hôpital régional de Zarzis, nous confie «le phénomène est devenu habituel puisque quatre personnes en moyenne sont mordues par des gerboises, chaque semaine, se font vacciner au service des urgences, ici même». De son côté, Mabrouk T. souligne «avant, j'élevais des animaux domestiques chez moi, comme les poules, les lapins et les moutons, mais depuis l'envahissement du quartier par ces gerboises, j'ai tout perdu. Maintenant, les seuls gagnants sont les pharmaciens parce que les raticides sont très demandés». Quant aux causes de la prolifération de ces rongeurs, elles sont multiples. Les canalisations qui ne sont ni épurées ni désinfectées, les maisons inhabitées, les cimetières , les no man's land, les anciennes bâtisses, les terrains vagues... sont des endroits où ces gerboises prennent refuge pour échapper aux campagnes de dératisation. Et qu'on se le dise franchement et sans gêne: le phénomène est devenu une sorte de miroir qui renvoie une image peu flatteuse du manque d'hygiène et du laxisme du citoyen, dans la mesure où les ordures ménagères sont éparpillées partout et le spectacle n'est pas beau à voir; n'est-ce pas là un vrai régal pour ces rats noirs ?