Le meeting de Nida Tounès, hier, à Djerba a été interrompu suite à une grande agitation de la part d'un groupe d'assaillants pris pour des partisans du youssefisme. Selon notre correspondant au gouvernorat de Médenine, présent sur place, la situation a dégénéré vers 14 heures, juste après le discours de Ridha Belhaj et au cours du mot de Néjib Chebbi, lorsqu'une assistance de près de 500 personnes a été surprise par un groupe de 200 à 250 manifestants brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : «Sebsi assassin de nos enfants, dégage», «Fidèles, fidèles, ni RCD ni Nida». Il a également fait remarquer que la déclaration de Chebbi louant les succès de Béji Caïd Essebsi quand il était ministre de l'Intérieur à l'ère du président Bourguiba a attisé la situation. «Ça a dégénéré malgré une présence massive des forces de l'ordre», a-t-il précisé. D'après l'agence TAP, les contestataires ont coupé le courant dans la salle et encerclé les entrées de l'hôtel, provoquant la panique parmi les participants au meeting. Les assaillants ont réussi également à briser une porte vitrée de l'hôtel abritant le meeting pour ainsi essayer de s'introduire dans la salle de conférences. Notre interlocuteur coincé, tout comme le reste de l'assistance, dans l'hôtel en question jusqu'à l'écriture de ces lignes (18h30) a, en outre, laissé entendre que le scénario monté et la présence majoritaire des cavaliers issus d'autres villes et régions parmi les manifestants laissent planer le doute sur les vrais dessous de cet incident. En réaction à cet incident et dans une déclaration à l'agence TAP, Ridha Belhaj, directeur exécutif de Nida Tounès, a accusé les autorités de complicité avec les contestataires et imputé au ministère de l'Intérieur la responsabilité de ces incidents. Celui-ci n'a pas mis en place les mesures de sécurité nécessaires pour protéger la réunion, d'autant plus que le parti avait demandé d'intensifier la présence policière après la circulation sur les réseaux sociaux d'appels au sabotage de la réunion, a-t-il fait remarquer. Pour sa part, Khemaies Ksila, membre du bureau exécutif de Nida Tounès, a accusé les ligues de protection de la révolution d'empêcher la tenue de la réunion avec la complicité, selon lui, du bureau du mouvement Ennahdha à Djerba qui avait lancé une campagne hostile à Nida Tounès en prévision de son meeting. Ksila a qualifié le ministère de l'Intérieur d'incapable de préserver la sécurité, soulignant que de tels débordements menacent la quiétude dans le pays. Il a exprimé ses doutes quant à l'organisation d'élections dans de telles conditions. Ce meeting a démarré, pour un court laps de temps, sans la présence de Caïed Essebsi, avec au menu de la musique et de la poésie. Le président du haut comité politique du Parti républicain, Ahmed Nejib Chebbi, a prononcé une allocution dans laquelle il a fait part de la volonté de son parti de former avec Nida Tounès une vaste coalition nationale qui œuvrera, d'abord, en faveur de la fixation de la date des prochaines élections. Il a ajouté que des concertations seront menées avec le Front populaire pour son adhésion à cette coalition, soulignant la nécessité d'unifier les rangs des partis démocratiques afin qu'ils puissent contribuer efficacement aux élections. Ben Jaâfar réagit Dans la soirée, le président de l'Assemblée nationale constituante a réagi à travers son porte-parole. «Il n'est pas question d'interdire la liberté d'organisation et de rassemblement», a-t-il déclaré à La Presse. Il a également mis en garde contre la violence politique, appelant à l'apaisement et à la protection des lieux de meeting. Dans le même contexte, M. Mohamed Bennour a condamné, au nom du parti Ettakatol, «la violence qui est en train de s'installer» et précisé que la démocratie ne peut pas s'accommoder de ces pratiques. «Aujourd'hui, c'est Djerba. Hier c'était Sidi Bouzid. Certains partis avaient appuyé des actes de violence et nous n'avons enregistré aucune condamnation», a-t-il noté. «Au parti Ettakatol, nous avons toujours condamné la violence contre les partis politiques», rappelant la position de son parti en faveur de M. Néjib Chebbi suite à son agression à Ghardimaou, en faveur de Saïd Aïdi et en faveur de l'Ugtt lorsqu'elle a été attaquée par les LPR. M. Bennour a précisé à cette occasion que tous les partis doivent aujourd'hui réviser leurs méthodes, rappelant la position de son parti de dissoudre les LPR, qui «ne peuvent agir à la place des autorités»... M.H.A./TAP Ndlr : Nous avons appris à la dernière minute que la salle a été progressivement évacuée.