Un grand dégât, d'une très grande gravité, des conséquences tellement graves qu'elles peuvent entraîner le pays dans le cercle vicieux de la violence, premier décès faisant suite à une violence politique barbare, après la Révolution de la Liberté et de la Dignité, un acte dramatique s'est déroulé à Tataouine le 18 courant, date symbolique qui remonte à une époque où les islamistes et certains laïcs militaient ensemble, il y a sept ans contre une tyrannie celle de Ben Ali. Le défunt Lotfi Naguedh est secrétaire général de l'Union régionale de l'Agriculture et de la Pêche de la région et coordinateur de Nida Tounès. Ce drame est venu couronner une marche organisée pour « la purification » de la ville par le Comité de Protection de la Révolution que plus d'un qualifie de bras armé d'Ennahdha. Pour un large front contre la violence Appel à démettre Ali Lâarayedh Des obsèques nationales pour Lotfi Naguedh Journée nationale contre la violence «La mort de Lotfi Naguedh est la conséquence du discours d'exclusion préconisé par certains responsables politiques. Ce crime n'est pas le premier. Il a été précédé de plusieurs agressions contre des locaux de partis politiques, et des personnalités politiques. La violence a atteint un niveau très alarmant mettant en danger la transition démocratique et la paix civile », affirme Issam Chebbi, porte-parole du Parti Républicain. C'était hier, à l'occasion d'une conférence commune organisée par le Parti Républicain, Al-Massar et Nida Tounès, à Tunis. La salle était archicomble et un contrôle de sécurité était nécessaire avant le démarrage de la conférence de presse très suivie. Le jour du drame la tension était à son paroxysme, on sentait l'électricité dans l'air. Les forces de sécurité avaient été prévenues. Les assaillants s'étaient dirigés vers les locaux de l'Union des Agriculteurs et ont attaqué tous ceux qui y étaient. « Nous nous étonnons comment le porte-parole officiel du ministère de l'Intérieur avait parlé de mort naturelle alors le premier rapport parlait de violences subies par la victime. La famille du martyr demande une deuxième autopsie dans la capitale par un professeur connu pour sa compétence », déclare Issam Chebbi. Les trois partis demandent au chef du Gouvernement de dissoudre les Comités de protection de la Révolution. Pour garantir une sécurité républicaine les trois partis demandent le remplacement d'Ali Lâarayedh par une personnalité indépendante à la tête du ministère de l'Intérieur. Des funérailles nationales devront être organisées pour le défunt. Une journée nationale contre la violence politique devra être organisée dans tout le territoire national. Ridha Belhaj, Directeur exécutif de Nida Tounès, rappelle que le martyr avait pris l'initiative de créer des coordinations de Nida Tounès à Tataouine. Il affirme qu'il avait reçu des menaces du bureau d'Ennahdha à Tataouine. La veille de la manifestation, des appels ont été lancés par 3 partis : Ennahdha, le CPR et Ettakatol. Ettakatol s'est retiré par la suite. « Avec les comités de protection de la Révolution, ils ont décidé de purifier la ville des symboles de l'ancien régime. Le martyre n'a jamais appartenu au RCD. Les assaillants se sont rassemblés devant le siège de l'UTAP. Après une première tentative d'entrée au local de l'organisation agricole, qui a échoué grâce à l'intervention des forces de l'ordre, les assaillants sont revenus par la suite, ils ont obligé la victime à quitter les lieux. Ils l'ont tabassé. La victime a rendu l'âme en route vers l'hôpital de Gabès, l'hôpital de Tataouine n'était pas équipé pour le secourir », précise Ridha Belhaj. Il ajoute : « C'est un assassinat politique parce que l'Etat et les pouvoirs publics manquaient à leur devoir. C'est un crime d'Etat dû à l'attitude négative des pouvoirs publics. Il est nécessaire que les forces civiles et démocratiques coordonnent leurs forces pour faire échec à la vague de violence ». Ahmed Ben Brahim, président d'Al-Massar, précise que l'appel à la dissolution des Comité de protection de la Révolution s'explique par leur caractère associatif qui les empêche de faire des appels à la haine et à la violence. La loi n'autorise pas ce genre d'appels. « Le ministère de l'Intérieur assume son entière responsabilité. Ce ministère doit être en dehors des partis politiques », dit-il. Ahmed Brahim rappelle qu'en Italie « les milices volontaires de protection nationale de Mussolinie avaient commencé leurs actes comme ça. Si on les laisse faire le pays entrera dans une période très grave. Le danger de guerre civile faute de réaction rigoureuse contre la violence». Meya Jéribi, secrétaire générale du Parti Républicain abondera dans le même sens. Elle rappelle que la société civile tient à l'application de la loi et au respect des règles du jeu démocratique. « Ce sont des criminels, ces comités de protection de la Révolution. Il faut les dissoudre. Ce qui s'est passé à Tataouine est le résultat d'accumulation de méfaits qui avait commencé par un appel au meurtre au sein de la Constituante. Le ministère de l'Intérieur sapplique la politique des deux poids deux mesures». Issam Chebbi, accuse directement ceux qui refusent le dialogue. Khémaies Ksila, un des dirigeants de Nida Tounès, étalera des détails précieux sur les agissements des milices dites de « protection de la Révolution ». Il rappelle la Une d'El Fejr qui est loin d'être innocente. Il informe les présents que des maisons de militants d'Appel Tounès à La Skhira et à la Sbikha ont été brûlées. Samir Taïeb, porte-parole d'Al Massar, précise que la violence concerne tout le pays. « Elle ne vise pas seulement Nida Tounès. Elle est exercée contre les femmes, les membres actifs des associations, les artistes, les intellectuels...C'est une violence qui est exercée par une seule partie contre les mêmes forces. Les discours d'Ennahdha et de Rached Ghannouchi, appellent à la violence. Il faut créer un large front national contre la violence. Si la violence se persiste c'est qu'on ne veut pas des élections ».