Et le spectacle commence... Voilà un couple qui se retrouve dans un hôtel. Une femme trimbale une valise pleine de robes, de chagrins et de douleurs, un homme tenant un bouquet de fleurs rouges de passion. La cabine téléphonique est en face d'eux, la connexion est lente, parfois inexistante, traduisant l'incommunicabilité qui existe entre cette femme et cet homme. Ce dernier est un universitaire, professeur d'histoire, un coureur de jupons, attiré particulièrement par les jeunes et belles étudiantes. Sa propre histoire est souillée par son passé impur, un passé plein de trahisons et de mensonges. La femme est une gynécologue, une féministe combattante, complètement dévouée à son mari qui n'a pu assurer ni l'éducation de ses enfants ni le bien-être de sa famille, puisqu'il était toujours absent, absorbé par les colloques, les congrès et les aventures donjuanesques. Elle fixe leur dernier rendez-vous et décide de faire avorter leur histoire, de procéder à l'ablation de leur relation et d'enterrer tout souvenir qui la lie à ce mari infidèle. Plein de paradoxes, cet historien est non seulement un homme cynique, mais aussi un faux dévot. Il expose constamment ses théories inutiles et croit au manichéisme : le bien est incarné par sa femme, quant au mal mâle, c'est lui. Il tente ainsi de convaincre sa femme de son amour pour elle, il veut qu'elle lui pardonne et fait explicitement son mea-culpa. Il désire qu'elle tourne la page pour pouvoir construire, ensemble, une nouvelle vie sur une page plus propre. Peine perdue... Il ne la reconnaît point. Pour lui, elle est, désormais, comme un fantôme qui sort de ses anciennes langes et qui cherchant un corps neuf. Déterminée et ferme, l'ombre de cette femme choisit l'indépendance, le départ et l'insouciance. «Je sens que je m'envole comme une plume dans le vent», dit-elle avec fierté. Ainsi, dans sa Fanfare, donnée en première, mardi dernier à la maison de la culture Ibn Khaldoun, Hamadi Mezzi a voulu mettre en scène les conflits et la frustration qui détruisent les couples. Et c'est à travers le contraste lumière — ombre qu'on voit les paradoxes de ces deux protagonistes, des paradoxes qui traduisent la nature de la relation entre l'homme et la femme dans son humanité et dans sa fragilité. (*)La Fanfare» : - Texte et mise en scène : Hamadi Mezzi - Interprétation : Hamadi Mezzi, Yousr Aïchaouia, Faten Chouaibi et Darine Boughzala.