En se présentant à l'AFI, les investisseurs qui ont repéré des lots non exploités dans les zones industrielles, buttent sur une surprenante réponse: «Pas de terrain disponible» Où implanter l'entreprise? C'est bien la question que se pose tout investisseur mais dont la réponse intéresse plusieurs personnes. Des citoyens aux économistes en passant par les politiciens, le développement du tissu économique est de nature à répondre à certaines attentes, notamment le niveau du bien-être. Toutefois, les éléments de réponse à la question tournent, évidemment, autour de la compétitivité de leurs entreprises, notamment la fluidité des approvisionnements et la facilité d'écoulement des produits finis. Plus généralement, il s'agit de la disponibilité et de la qualité des infrastructures. Dans cette perspective, la Confédération des entreprises citoyennes (Conect) a organisé, hier, à Tunis, une journée sur le thème «Défis logistiques pour une meilleure compétitivité de l'entreprise». Avec le ministère de l'Industrie, l'Agence foncière industrielle (AFI), l'Agence de promotion de l'investissement (API) et la GIZ ainsi que plusieurs partenaires financiers, les travaux ont été axés principalement sur les zones d'activités industrielles. Le président de la confédération, M. Tarak Cherif, a relevé : «La mise à disposition des investisseurs potentiels de terrains industriels viabilisés répondant aux normes internationales à des conditions avantageuses et la création de technopoles et de zones franches constituent des facteurs primordiaux d'incitations aux investissements». En effet, la concentration du tissu industriel dans les zones côtière s'explique, selon M. Cherif, par le manque d'infrastructure routière et l'absence de zones industrielles répondant aux normes requises. Et c'est la principale raison, avance-t-il, puisque la proximité géographique est largement compensée par les nombreux atouts des régions, notamment la disponibilité de compétences à un meilleur coût. Mais, des stratégies et des plans se sont succédé, quatre décennies durant, pour favoriser l'implantation des entreprises dans les régions sans vraiment apporter de réelles performances. Pis, le manque de disponibilité des terrains aménagés pour les industriels a limité le développement du tissu économique dans les régions. Le ministre de l'Industrie, M. Mohamed Lamine Chakhari, a précisé pour sa part que les zones industrielles sont un vecteur de compétitivité des entreprises et d'attrait des investissements. Dans cette mesure, la décision des investisseurs est tributaire de la qualité et de l'étendu de l'infrastructure, notamment les zones industrielles. Il explique: «Quelles que soient les motivations des industriels, si le site n'est pas compétitif, ils ne s'implantent pas». Ainsi l'aménagement des zones industrielles et des infrastructures qui les desserrent, se positionnent comme un levier de toute politique de développement régional. Durant l'année dernière, plusieurs zones ont été programmées, dont 14 zones sont déjà achevées, «non seulement dans les gouvernorats mais aussi dans les délégations», précise-t-il. Et d'ajouter : «En 2013, le gouvernement table sur la réalisation de 60 zones». Faute de procédures En se présentant à l'AFI, les investisseurs qui ont repéré des lots non exploités dans les zones industrielles, buttent sur une surprenante réponse: «Pas de terrain disponible». Ce qui alimente plusieurs interprétions et scénarios, notamment de spéculation, selon M. Mohamed Gharsallah, directeur technique à l'AFI. Il explique : «Pour déchoir le droit d'exploitation, il nous faut 3 ans pour aviser l'investisseur défaillant. Puis les procédures pourraient aller de 5 à 7 ans». En somme, un terrain pourrait rester inexploité sur une période de plus de cinq ans. A Sidi Bouzid, illustre-t-il, «bien que les dix hectares aménagés soient réservés depuis mars dernier, le taux de vente est nul». Par ailleurs, les Plan d'aménagement des villes (PAV), précise le directeur, ne prévoient pas de zones dédiées à l'industrie. Ainsi, l'aménagement de nouvelles zones est tributaire de la reconversion des terres, notamment agricoles. «Cette procédure pourrait durer plus de quatre ans», estime-t-il.