Les "taxistes" pensent que cet engin va leur faire de la concurrence alors qu'il servira uniquement au transport des marchandises Près de 20.000 tricycles circuleront bientôt sur tout le territoire tunisien. Ces derniers représenteront provisoirement une solution au problème du chômage dans les régions dans la mesure où des jeunes sans emploi et sans ressources pourront bénéficier d'un microcrédit auprès de la BTS pour faire l'acquistion de ce moyen de transport peu coûteux afin d'offrir aux détaillants et aux commerçants leurs services en contrepartie d'une rémunération. Car ce « tuk tuk » inspiré des tricycles qui sillonnent les rues et les avenues de pays comme l'Inde, la Chine ou l'Egypte ne serviront pas comme on le pense au transport des personnes mais uniquement au transport des marchandises. Dans ces contrées, ces moyens de locomotion légers et rapides ont rapidement rencontré du succès auprès des touristes car ces taxis se faufilent partout sans aucune difficulté et transportent les passagers où ils le désirent à moindre coût. En Tunisie, ce véhicule à trois roues, qui sera soit importé, soit construit sur place, sera détourné de sa fonction initiale. En effet, alors que le tuk tuk utilisé dans les pays de l'Asie du Sud-Est est un engin ressemblant à un scooter qui est prolongé d'une carriole sur deux roues, recouverte d'une capote et servant à transporter les passagers, le tricycle qui circulera en Tunisie sera semblable à celui utilisé par les municipalités ainsi que certains petits distributeurs, servant à transporter soit des marchandises, soit des déchets et qui est un engin constitué uniquement d'une place pour le conducteur et d'une boîte de cargaison appropriée, répondant à certaines normes et pouvant transporter une quantité précise de marchandises. «Les tricycles qui seront utilisés en Tunisie sont des petites cylindrées de 125 cm3 à trois roues dont le poids à vide n'excède pas 400 kg et qui peuvent transporter une faible quantité de marchandises. Ce sont des engins destinés exclusivement au transport des marchandises et non au transport des personnes. Ils sont constitués d'une cabine de conduite, d'un siège pour conducteur et d'une caisse destinée au transport des marchandises», a tenu à préciser M. Fethi Toui, sous-directeur des immatriculations au sein de la direction générale des transports terrestres. Le transport des personnes non autorisé Cela n'exclut pas le fait que certaines personnes désirant faire l'acquisition de ces engins soient tentées de les transformer en taxis afin de transporter des personnes plutôt que des marchandises. L'entreprise sera loin d'être facile selon M. Toui car ces personnes devront obtenir l'autorisation des services de la douane pour réaménager leur engin. Or même s'ils l'obtiennent, ils essuyeront le refus automatique du ministère du Transport car ces engins conçus à l'origine pour le transport des marchandises ne présentent pas les caractéristiques nécessaires pour transporter des personnes. Pour l'heure, on ne sait pas combien ce projet coûtera au gouvernement, ni si ces tricycles seront importés ou fabriqués sur place. En effet, le cahier des charges fixant les clauses et les conditions d'exploitation des tuk tuk n'a toujours pas été élaboré et l'appel d'offres n'a pas, encore, été lancé. Par ailleurs, aucune information n'a filtré du Premier ministère. Créée en 2012 au sein du premier ministère, la commission chargée du programme pilote relatif aux tricycles et composée des représentants des ministères du Transport, de l'Emploi, de l'Intérieur, des Finances, des Affaires sociales ainsi que de la BTS est en train, actuellement, d'étudier le projet. Le tuk tuk n'a pas encore débarqué qu'il connaît déjà ses premiers détracteurs. En effet, les chauffeurs de taxi refusent la présence de cet engin sur le marché qui risque de leur faire de l'ombre et de grignoter de grandes parts du transport privé. «Même si le tricycle est destiné exclusivement pour le transport des marchandises, certains l'aménageront et s'en serviront pour le transport des personnes, note ce chauffeur de taxi circulant dans la capitale. Etant donné que contrairement à nous, ils n'ont pas de charges , ils pratiqueront des tarifs moins chers que les nôtres comme le font actuellement les taxis collectifs. Nous peinons déjà de cette concurrence sauvage, il nous faudra également supporter celle des trois roues. C'en est trop pour nous et c'est notre gagne-pain qui risque d'être sérieusement menacé!». Si ces tuk tuk seront d'un précieux apport pour les régions, où ils permettront de créer une dynamique économique, ils ne feraient que compliquer davantage le problème du trafic routier dans la capitale, déjà asphyxiée par le nombre incalculable d'automobiles qui circulent sur les routes. De ce fait, il serait préférable de réaliser une étude afin de déterminer les besoins et les priorités de chaque région, et ce, afin de ne pas distribuer à tort et à travers ces tuk tuk.