Pour la troisième journée consécutive, les îles Kerkennah sont complètement isolées. Le port de Sidi Youssef, seul accès maritime, est bloqué par un grand nombre de bateaux de pêche dont les propriétaires observent un sit-in pour obliger les autorités publiques, notamment les structures régissant le secteur de la pêche, à donner une suite positive à leurs demandes. Selon le président de l'Union régionale de l'agriculture et de la pêche, les demandes des marins-pêcheurs qui bloquent actuellement tout accès à Kerkennah se résument en trois points. Ils demandent en premier lieu l'annulation des sanctions «injustes» qui leur ont été imposées avant la révolution du 14 janvier. Ces sanctions sous formes d'amendes à l'encontre des marins-pêcheurs de Kerkennah ont atteint un seuil de 70.000 dinars. Ensuite, les protestataires exigent le rééchelonnement de leurs dettes auprès de la BNA. Ils précisent qu'ils sont incapables d'honorer leurs engagements financiers à cause notamment des difficultés conjoncturelles. Enfin, ces mêmes marins-pêcheurs appellent les autorités compétentes à régulariser, au cas par cas, les documents administratifs de certains bateaux et embarcations de pêche. De son côté, le gouverneur de Sfax voit les choses autrement. Il considère, dans un communiqué paru récemment, que l'occupation par la force du port de Sidi Youssef est un acte illégal. Après avoir appelé les marins-pêcheurs à évacuer le port, le communiqué a averti ces derniers que les autorités locales procèderont à l'application stricte de la loi. Toutefois, le gouverneur de Sfax n'a pas encore pris les décisions qui s'imposent en attendant «un issue pacifique à la crise». Par ailleurs, les autorités régionales voient que ce sit-in est illégal car il vise à imposer la volonté de ces marins-pêcheurs qui sont impliqués dans la pêche au chalut, interdite par la loi. Leur mouvement de protestation n'est autre qu'une tentative vaine visant à empêcher les autorités à appliquer strictement la loi en matière de lutte contre la pêche au chalut. Ainsi, les seuls perdants de ce bras de fer entre marins-pêcheurs et autorités publiques sont les habitants de Kerkennah qui se sentent pris en otage. Ils n'ont pas la possibilité de quitter ou d'accéder à l'île tant que le port est bloqué.