M.Tahar Khouaja, nouveau PDG du Groupe chimique tunisien (GCT ) et de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) s'est dit hier, «disposé au dialogue pour calmer la tension et stabiliser la situation au sein de ces deux grandes entreprises du pays, théâtre depuis la révolution de plusieurs mouvements de protestation sociale et de blocage de site de production à Gafsa et Gabès». M. Khouaja, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse au siège du GCT à Tunis, a reconnu que le groupe fait face actuellement à de «grandes difficultés, notamment, pour respecter ses engagements avec ses clients étrangers», évoquant le paiement de 500 millions de dollars de pénalité de retard en raison du blocage récemment, de six bateaux de transport des phosphates destinés à l'exportation dans le port de Gabès. Il s'est montré, cependant, confiant en ce qui concerne la capacité des deux compagnies à honorer leurs engagements en matière de recrutement dans leurs diverses usines assurant qu'il «œuvrera à accélérer la concrétisation des décisions déjà prises concernant certains projets et recrutements prévus». En 2012, le nombre des employés du GCT a atteint, selon son nouveau PDG, 6943 personnes contre 5033 personnes pour la CPG. Les recrutements «en cours» sont estimés, d'après ce responsable, à 1453 pour la première compagnie et à 2984 pour la seconde. «Les deux groupes ont dépassé, de loin, leurs capacité d'emploi depuis la révolution», a déclaré M. Khouaja notant qu'il faut tout d'abord, «créer la richesse pour pouvoir la répartir et investir dans le développement pour créer des opportunités additionnelles d'emploi». Sur le plan environnemental, M.Khouaja a affirmé que le Groupe chimique, souvent accusé d'être un grand pollueur, lancera «un programme colossal de mise à niveau dans ce domaine auquel seront alloués des centaines de milliards». et d'ajouter que des grands projets sont prévus dans ce domaine sans donner de précisions sur la nature de ces projets et la date de leur démarrage. Par ailleurs, l'Usine tuniso-indienne de fertilisants (Tifert) implantée dans la localité de Skhira à Sfax entrera en production le mois prochain, a-t-il annoncé. Le chiffre d'affaires réduit de 66% Selon les données avancées par M.Khouaja, le chiffre d'affaires du secteur des phosphates a été réduit de 66% par rapport à 2010, passant de 2714 millions de dollars (1 dollar =1,5 dinar)en 2010 à 901 millions de dollars, en 2012. «Nous avons perdu les 2/3 de notre potentiel à l'exportation en raison des mouvements de protestation», a-t-il regretté. Le secteur, qui contribue à hauteur de 10% au budget de l'Etat a été très touché, depuis la révolution, par les mouvements de protestation sociale, notamment, dans le bassin minier de Gafsa. Les protestataires pour la plupart des habitants des régions de Gafsa (extraction) et Gabès (transformation) réclament des parts de bénéfices des deux entreprises ou bien sous forme d'emplois ou de projets de développement au profit de leurs régions respectives. Ils revendiquent, également, des stratégies en matière de lutte contre la pollution engendrées par les industries de phosphates. A cet égard, le PDG des deux compagnies a promis un surcroît d'efforts afin de contribuer efficacement au développement dans les deux gouvernorats. Pour M.Khouaja, la réalisation d'un tel objectif demeure tributaire d'une politique commerciale très claire». «Si nous ne pouvons pas concurrencer le secteur privé,il faut au moins changer et développer les méthodes de travail et les mécanismes de production», a-t-il dit, estimant qu'il faut œuvrer à maintenir la position de la Tunisie sur le marché mondial, conquérir de nouveaux marchés et préserver les parts de marché à l'exportation. La Tunisie est le 5e producteur de phosphates dans le monde. Interrogé sur une éventuelle stratégie de lutte contre la corruption au sein des deux compagnies, le responsable a indiqué qu'il «ne dispose pas, pour le moment, de dossiers de corruption et que si des cas se présentent, la justice s'en chargera». Il a pourtant plaidé pour de courts mandats de 5 ans pour les postes de responsabilités au sein des deux entreprises (directeurs commerciaux) appelant à donner la chance aux jeunes générations afin de lutter contre les tentatives de malversation. M.Khouaja a été nommé PDG de la CPG et du GCT le 15 janvier 2013. Selon certains médias, sa nomination est contestée par les employés.