Du 23 au 24 janvier dernier se sont réunis à Hammamet une soixantaine de journalistes et de patrons de presse venus des cinq pays du Maghreb. Objectif: mettre en place un code de déontologie pour les journalistes tunisiens, algériens, marocains, libyens et mauritaniens. La rencontre, organisée par le service extérieur de l'Union européenne et l'Association tunisienne des directeurs de journaux, cherche également à renforcer les bases d'un métier qui se défend mieux lorsqu'il s'exerce bien, dans un cadre d'autorégulation. Et lorsque ceux qui le pratiquent adhérent à des repères, à une éthique, à des valeurs, ils donnent toute sa noblesse à la profession de journaliste. En Europe, la question de la déontologie est apparue avec la professionnalisation du métier intervenue au début du XXe siècle. En 1971, une «Déclaration des droits et des devoirs des journalistes» a été adoptée par les syndicats de journalistes de la Commission européenne de Suisse, d'Autriche et de plusieurs organisations internationales de journalistes. Ce texte a depuis constitué le document de référence des déontologies des différents pays et syndicats. Même si les différences restent de taille entre les contextes maghrébin et européen, discuter d'un code au niveau de l'espace maghrébin est déjà un signe que le spectre de la liberté d'informer s'est beaucoup élargi dans la région. Un débat très riche a accompagné l'élaboration de ce texte en partage : quel impact juridique pourrait avoir le code? comment concilier entre des réalités très particulières à chaque pays? un code est-il l'aboutissement d'un processus ancrant la liberté d'expression ou son déclenchement? Au bout de deux jours, les participants ont adopté un texte consensuel qui évoque plusieurs principes dont le libre accès aux sources, le respect des faits, le rapport aux sources d'information, la séparation entre l'information et le commentaire et entre l'information et la publicité, le droit de réponse, la clause de conscience, la protection des journalistes et leurs droits à une sécurité matérielle et à des conditions de travail décentes. Trois initiatives ont émergé de la rencontre d'Hammamet: d'abord un projet d'Observatoire maghrébin des médias, outil de partenariat, de solidarité et de coordination entre les pays, qui décernera son prix aux journalistes s'étant distingués par leur respect de la déontologie, ensuite une journée maghrébine de la liberté d'expression organisée le 10 décembre de chaque année et le projet d'une fédération maghrébine des directeurs de journaux. Nous regrettons toutefois que les journalistes aient été plutôt minoritaires lors de discussions à propos d'une charte de déontologie qui les concernent en premier lieu.