Grand favori pour le sacre final, le onze ivoirien n'est pas au top à l'heure de retrouver la Tunisie. Son entrée en matière, mardi dernier, face au Togo, nourrit le scepticisme, la victoire (2-1) grâce à un but de Gervinho à deux minutes de la fin constituant la seule note positive. Les carences actuelles font d'ailleurs dire au sélectionneur des Eléphants, le Franco-Tunisien Sabri Lamouchi, que «la prestation est loin d'être la meilleure, sinon elle est la pire depuis mon arrivée. La victoire, je ne suis pas certain qu'on la mérite. Ça nous sourit puisqu'on engrange les trois points, mais il faut que ce match nous serve de leçon, qu'on évite de partir avec un handicap et de se mettre une balle dans la jambe». Une analyse sans concession. Mis à part un Gervinho déchaîné, qui aura tout essayé afin de secouer un team au rythme empesé et au jeu très laborieux, le reste des «Orange et Vert» a déçu. A l'image de la star Didier Drogba, meilleur buteur de tous les temps en sélection (59 réalisations) sur le compte duquel les observateurs se posent des questions. Car, à 35 ans, les jambes se font un peu plus lourdes et usées. Sans oublier l'effet démobilisateur de la trêve marquée par le championnat chinois où évolue le champion d'Europe avec Chelsea, passé l'été dernier au Shanghai Shenhua. Auteur d'une prestation anonyme, l'attaquant révélé par le modeste club français de Guingamp et par un certain Bertrand Marchand a été remplacé à un quart d'heure de la fin du premier match de la «Séléfanto» devant le Togo. Pourtant, ce n'est ni l'envie ni la motivation qui manquent d'autant que, de l'aveu général, c'est la dernière chance de toute une génération. Le dilemme de Lamouchi Le 14e mondial et premier africain au dernier classement Fifa dispose de tous ses atouts, le coach Lamouchi ne pouvant se dérober derrière l'alibi de telle ou telle absence : «Mon objectif est de gagner la CAN, observait-il avant les trois coups de la 29e édition. C'est pourquoi je m'attelle à constituer un bon collectif avec une bonne maîtrise. Je mettrai sur le terrain la meilleure équipe ivoirienne qui remportera le trophée», promettait-il au début du stage précompétitif, le 6 janvier, à Abu Dhabi. Vingt et un ans après son unique sacre continental en 1992 (aux penalties face au Ghana, en finale) du temps d'Alain Gouaméné, Serge Maguy, Joël Tiéhi, Abdoulaye Traoré et consorts, la Côte d'Ivoire entend se racheter de sa défaite d'il y a un an, aux penalties également, en finale devant la Zambie. Ce jour-là, Drogba avait raté son tir au but. Tout un symbole. Depuis, l'icône du foot ivoirien est habité par une seule idée : une revanche sur le sort. Laquelle, si elle venait à se réaliser au pays des Bafana, ferait de son entraîneur Sabri Lamouchi un héros national. Quand bien même l'ancien Auxerrois, couvé par un certain Guy Roux, avoue ressentir tout à l'heure un grand dilemme. Même s'il n'a jamais déclaré sa flamme à son pays.